Discours de Son Excellence Dr IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, à l’occasion de l’inauguration des bureaux annexes de la...
Discours de Son Excellence Dr IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, à l’occasion de l’inauguration des bureaux annexes de la Présidence et de la signature d’un Protocole d’Accord sur l’apurement de la dette du secteur de la vanille.
Beit-Salam, le jeudi 06 novembre 2014
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui
Beit-Salam, à l’occasion de l’inauguration des bureaux annexes de ce
Palais et de la nouvelle salle de Conseil des Ministres.
Cette inauguration marque l’aboutissement des travaux de
réhabilitation et d’extension des locaux de la présidence, commencés en
2012, en vue d’améliorer les conditions de travail de mes proches
collaborateurs et leur permettre de répondre, plus efficacement, aux
sollicitations de nos concitoyens.
Ce nouvel espace est composé de treize bureaux et d’une
grande salle de réunion et de conseil, tous équipés en matériels de
bureau.
Je voudrais ainsi saisir l’occasion de cette
inauguration, pour remercier tous ceux qui sont intervenus de près ou de
loin dans ce projet.
Je voudrais également remercier les services de la
Présidence qui n’ont pas ménagé leurs efforts et leur temps, ainsi que
l’architecte qui a su prendre en compte nos exigences et nos choix
d’aménagement pour les rendre compatibles avec les contraintes
architecturales et sécuritaires.
Je félicite l’entreprise chargée de la réalisation des travaux, qui a fait preuve de beaucoup de patience et d’abnégation
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
J’ai choisi, de saisir l’occasion de l’inauguration de
ces nouveaux bureaux pour, marquer le dénouement d’une crise qui pesait
depuis plus de 10 ans sur tous les intervenants du secteur de la
vanille : les producteurs, les préparateurs, les exportateurs et les
établissements de crédit.
Nous allons en effet, dans quelques instants, signer un
Protocole d’Accord relatif à l’apurement de la dette du secteur de la
vanille entre l’Etat, les établissements de crédit et la Banque
Centrale en tant que facilitateur.
Le désendettement des intervenants est un sujet qui me tient
particulièrement à cœur, car le niveau de leurs encours en suspens,
constituait un poids lourd pour la reprise des activités du secteur de
la vanille, une des sources de croissance de notre économie.
Je me réjouis alors de voir ici rassemblés ici, les
Autorités politiques, les chefs d’entreprise et les responsables des
établissements de crédit.
Je me réjouis également de voir parmi nous aujourd’hui,
une forte présence des éminents représentants de la communauté
internationale à qui je tiens à adresser mes sincères remerciements,
pour leur présence réconfortante et pour leur accompagnement permanent.
Mesdames et Messieurs,
L’Etat a toutes les raisons aujourd’hui de consacrer son énergie à la résolution de la crise de la filière vanille.
En effet, la vanille a représenté historiquement la
première source de recettes d’exportation des Comores, avec un pic
observé en 2001 et 2002 suite à la forte hausse des prix sur le marché
international.
Cette situation exceptionnelle a généré l’octroi par les
établissements de crédit, de financements importants, en faveur des
préparateurs et des exportateurs essentiellement.
En 2003, suite à une forte baisse de la demande, le
marché mondial de la vanille s’est brusquement effondré, conduisant à
une chute brutale des prix à l’exportation et à une forte dépréciation
des stocks constitués.
Cette crise brutale a sinistré la filière vanille avec la baisse sensible de la production et des quantités exportées.
Les acteurs du secteur ont alors subi des pertes
importantes et se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser les
crédits des campagnes vanille auprès des établissements de crédit.
Cette situation a aussi détérioré la qualité du portefeuille des
établissements de crédit, avec des taux de défaut de remboursement
extrêmement élevés, dépassant les 80%. La plupart de ces créances sont
devant les tribunaux.
Cette situation a également créé un manque à gagner pour l’Etat en termes de recettes fiscales.
C’est pourquoi, au mois de juin 2013, j’ai demandé au
Gouvernement et au Ministre de la Production d’organiser des états
généraux du secteur de la vanille, en vue de faire ressortir les mesures
à entreprendre pour relancer le secteur et soutenir la reprise de
l’activité de production et de commercialisation de la vanille.
Parallèlement, j’ai demandé au Gouverneur de la Banque
Centrale des Comores d’engager des entretiens avec les créanciers et les
débiteurs en vue de trouver une solution définitive au problème de
l’endettement, qui constitue un des obstacles majeurs à la reprise des
activités de la vanille.
Il convient de rappeler que l’encours de la dette, est
aujourd’hui de 1,3 milliard FC et concerne plus de 100 professionnels du
secteur, ce qui est colossal pour une filière qui n’a exporté que 1,4
milliard FC en 2013.
L’Accord d’aujourd’hui, qui permet de disposer d’un plan
de sortie de cette crise de la vanille, est l’aboutissement d’un
travail remarquable, que nous devons en grande partie au Gouverneur de
la Banque Centrale des Comores, à qui j’avais chargé le dossier il y a
moins de 6 mois.
Je tiens ainsi à lui présenter personnellement mes félicitations et mes
remerciements.
Je saisis également cette occasion, pour remercier
l’ensemble des intervenants sur ce dossier, notamment les Directeurs des
Etablissements de crédit, leurs collaborateurs, les associations du
secteur de la vanille et l’ensemble des équipes mobilisés autour de ce
chantier.
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Il nous faut saisir l’opportunité de ce cadre de
dialogue, pour rechercher ensemble les solutions aux problèmes de
financement de notre économie.
A ce propos, je tiens tout d’abord, au nom de l’Etat et
en mon nom personnel, à rendre hommage aux membres de notre diaspora, à
ces familles, aux revenus souvent modestes, mais qui gardent un amour
profond pour leurs pays et qui se sacrifient beaucoup pour son
développement.
C’est grâce à eux que notre économie enregistre chaque
année des ressources extérieures estimées à plus de 40 milliards FC,
soit en moyenne 25 % du Produit Intérieur Brut, 360 % de l’Aide Publique
au Développement à destination des Comores, 170 % du budget de l’Etat,
et plus de 100 % des avoirs extérieurs de la Banque Centrale.
Je voudrais ensuite, faire observer que le financement
bancaire de notre économie, notamment du secteur privé, progresse et
atteint des niveaux très encourageants.
Les chiffres du mois de septembre 2014 publiés par la
Banque centrale montrent que l’encours de crédit pour le secteur privé
atteint 58 milliards FC, contre 189 milliards FC en 2008.
Cependant, 11 milliards de ces encours sont en défaut de
paiement, somme extrêmement élevée, qui constitue en même temps un
handicap pour la consolidation du financement bancaire de notre
économie.
A cet égard, je salue les efforts de la Banque Centrale
et du Gouvernement, qui ont permis de rendre opérationnel « la centrale
des risques et des incidents de paiements », un nouvel instrument qui
permettra surtout aux établissements de crédit de réduire les risques de
défaut et de continuer à financer davantage l’économie nationale.
Les difficultés de recouvrement des créances nous
obligent à poursuivre les réformes structurelles et à corriger les
faiblesses persistantes dans l’application des décisions judiciaires.
Je vais ainsi confier au Vice-président en charge des
Finances et au Ministre de la justice la mission de me présenter
rapidement, des propositions de mesures à prendre, pour dénouer les
goulots d’étranglement qui constituent un frein au développement
économique de notre pays.
Parallèlement, les entreprises et particuliers doivent
aussi bénéficier des conditions de financement plus favorables, dans un
contexte international où les taux d’intérêt tendent à la baisse.
J’ai noté la réforme envisagée par la Banque centrale
qui permettra de renforcer la transparence en matière de fixation des
taux d’intérêt.
Le Gouvernement soutient ces réformes qui tendent à réduire le risque bancaire et à améliorer les conditions de financement.
Nous devons compter d’abord sur notre capacité à innover et à trouver les solutions à nos difficultés.
Je reste convaincu que nous avons les potentialités et l’ingéniosité nécessaires pour réussir le pari du développement.
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
On dit souvent que le secteur de la production des
produits de rente n’intéresse plus la jeune génération, les emplois
offerts dans ce domaine, qui est resté traditionnel, étant très manuels
et peu mécanisés.
De plus, nous exportons nos produits de rente de manière
brute et sans transformation, ce qui nous oblige à traiter avec un
panel restreint d’acheteurs et nous handicape face à la concurrence
internationale.
Nous devons donc créer des petites unités de
transformation et de packaging afin de créer de nouveaux emplois et de
nouveaux débouchés, et là je m’adresse au secteur privé et aux banques,
qui ont un rôle majeur à jouer dans ce domaine.
De plus, nous devons utiliser davantage les techniques
de marketing modernes, en particulier par la création d’un label et
profiter des nouveaux outils liés aux technologies de l’information et
de la communication pour distribuer nos marchandises à l’international
via le canal de l’internet, grâce aux investissements réalisés à travers
la fibre optique.
Il est important de saisir l’opportunité de la signature
de ce protocole d’accord pour impulser une nouvelle dynamique afin de
créer des unités de transformation de ces produits sur place, afin
d’être plus compétitifs, de créer de nouveaux emplois dans ce secteur
(chimie/biochimie, etc....), susceptibles d’intéresser les jeunes et de
diversifier la gamme des produits proposés.
C’est à travers la multiplication de ce genre
d’initiatives que nous parviendrons à résorber le chômage et à relancer
le développement socio-économique de notre pays.
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurais terminer mon propos sans évoquer la crise
de l’énergie qui, faut-il le rappeler, est plus ancienne que la crise de
la vanille, à laquelle nous venons aujourd’hui de trouver une piste de
sortie.
J’ai entendu la plainte de nos concitoyens et je puis
vous affirmer que mon gouvernement et moi-même ne ménageons aucun effort
pour venir à bout de ce problème.
Des mesures urgentes ont été récemment prises. Un
soutien financier conséquent vient d’être accordé à la Ma-Mwe pour
l’achat de gazole, en complément du soutien apporté dans ce domaine par
la Banque Africaine de Développement, ainsi que pour la révision des
groupes électrogènes de Voidjou.
A ma demande, des assises nationales vont prochainement
se tenir sur cette question et projet de la centrale à fuel lourd est
déjà engagé. J’ai déjà entamé par ailleurs des discussions avec nos
partenaires sur la géothermie et une équipe d’experts est déjà dans
notre pays. Concernant l’énergie solaire, nous avons mis en place des
facilités douanières pour accompagner les initiatives privées.
Mais, malgré tous les efforts du Gouvernement,
l’amélioration de la situation demeure l’affaire de nous tous : des
mesures courageuses de restructuration au sein des fournisseurs
d’électricité et de renforcement des capacités des ressources humaines,
pour intégrer ces réformes doivent être prises ; par ailleurs, la
population doit de son côté faire montre de responsabilité.
Je prie Allah, Le-Tout-Puissant pour que tous ces
projets puissent bénéficier du soutien de tous, car c’est ensemble que
nous trouverons les solutions à nos problèmes.
Je vous remercie.