Nouvelle facétie du gouvernement: formation en contentieux électoral en 2 jours! De « Républiquette » bananière de fait, les Comores...
Nouvelle facétie du gouvernement: formation en contentieux électoral en 2 jours!
De «Républiquette» bananière de fait, les Comores sont devenues une «Ripoux-blique» bananière de Droit. Avec la bénédiction, les encouragements et la bise sur les deux joues de la fameuse «communauté internationale», devenue la complice d'une immense plaisanterie plus que malsaine et indécente. Qu'on s'en rende compte. Alors que partout, dans les pays sérieux, civilisés et institutionnellement développés, le contentieux électoral est l'affaire de juristes chevronnés et honnêtes, aux Comores, on se lève un matin, on parque dans un hôtel et pendant deux jours de gais lurons et de loustics à la mine patibulaire de la ridicule Commission nationale électorale «indépendante» (CÉNI) et les bambochards de la plus que risible et honnie Cour constitutionnelle, on leur dit un tas de trucs indigestes et inutiles et enfin, on leur affirme: «Mesdames et Messieurs, au bout de ces deux jours de formation, nous vous décernons un Doctorat en Droit constitutionnel, Section contentieux électoral. Maintenant, grâce à vous, les Comores ne vont plus connaître des contestations de résultats électoraux parce que, en raison de la connaissance que vous venez d'acquérir en matière de contentieux électoral, vous allez donner aux Comores la sérénité d'une démocratie scandinave». Quelle bêtise! Ce monstre fort hideux porte le nom à la fois ridicule, honteux et incroyable de «Projet d'appui à la crédibilité et la transparence du Processus électoral de 2014 aux Comores (Pacte-Comores)». Quelle «crédibilité»? Quelle «transparence du Processus électoral»? Et puis, où ces farceurs ont-ils vu des élections en 2014 aux Comores, alors que la mascarade électorale est remise en 2015, en attendant qu'elle soit ramenée à 2016, sans même que les autorités ne prononcent l'expression maudite d'«élections harmonisées»? Car, c'est de ça qu'il s'agit, même si pour l'instant, les autorités comoriennes font dans la pudeur sémantique.
Soyons des hommes! Soyons sérieux! Comment peut-on, en deux jours, et en deux jours seulement, pousser la plaisanterie jusqu'à prétendre former des gens en contentieux électoral, alors que celui-ci est un processus très complexe incluant notamment le problème du sérieux et de la crédibilité des listes électorales (notamment l'inscription des électeurs dans un pays où on fait voter les inexistants, les absents et les morts), la déclaration et l'affichage des candidatures, le déroulement de la campagne électorale, la supervision des opérations électorales proprement dites, la proclamation des résultats et l'examen des requêtes de ceux qui estiment avoir subi des fraudes? En plus, la fraude électorale s'organise en amont et en aval des élections, et si on n'a pas des juristes sérieux et honnêtes pour travailler sur le contentieux électoral, on se plante toujours. Citons un exemple: en 2010, les procès-verbaux des élections ont été établis et signés à Moroni avant même le déroulement des élections! En d'autres termes, les résultats étaient proclamés sur papier avant l'organisation du scrutin. Une belle trouvaille. Enfin… Tout le monde savait, et on n'a entendu aucune voix s'élever pour protester au sein d'une CÉNI aux ordres. Partout, il y avait eu de la mascarade. Qu'on ne vienne donc pas dire aux Comoriens qu'en deux jours, les joyeux lurons de la CÉNI et de la Cour constitutionnelle ont tout appris et sont prêts à en découdre.
Alors que cette formation de deux jours est d'une bouffonnerie totale, voilà le brave Loutfi Soulaimane, Président de la Cour constitutionnelle, qui en rajoute, comme s'il ne pouvait pas se taire et assumer dans la discrétion sa part de honte dans cette mascarade: «Vous savez que la charge est lourde». Oui, tout le monde le sait, et il n'y a que toi qui ne le sais pas, toi et tes copains de cette Cour constitutionnelle. Et il continue de plus belle: «Le juge constitutionnel rencontre beaucoup de difficultés que le juge ordinaire parce que sa tâche est à la fois juridique et politique», et «la formation doit permettre de nous approprier le cadre juridique en matière de contentieux préélectoral, électoral et postélectoral, afin d'avoir des élections libres, transparentes et démocratiques acceptées par la majorité des Comoriens». Quel «cadre juridique»? Et croit-il vraiment que la petite mascarade du mardi 28 au mercredi 29 octobre 2014 à l'Hôtel Itsandra en 2 jours va permettre d'organiser «des élections libres, transparentes et démocratiques acceptées par la majorité des Comoriens»? Qu'il le dise ouvertement aux Comoriens. D'ailleurs, tous les membres de la Commission électorale et de la Cour constitutionnelle sont «marqués» politiquement et sur le plan insulaire. Ces gens-là ne sont pas nommés à la CÉNI et à la Cour constitutionnelle pour défendre un idéal républicain et démocratique national, mais pour défendre les intérêts de leurs petites chapelles.
Ce qui est encore plus triste dans l'affaire, c'est que la formation de nos fameux spécialistes en «contentieux électoral» a été financée par l'Union européenne à hauteur de 787 millions de francs comoriens, une fortune à l'échelle des Comores. Cet argent aurait mieux servi s'il était investi dans l'équipement ou la réfection d'un hôpital, d'une école, d'un port ou d'un aéroport. Mais, souvent, les organisations internationales font des choses qu'elles-mêmes ne comprennent pas. À un moment où le prétendu indéboulonnable Blaise Compaoré se fait bousculer à Ouagadougou, les autorités comoriennes gagneraient à respecter le peuple.
ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 31 octobre 2014.
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