Après le passage de deux émissaires successifs du sultan Syed Saïd Ben à la Cour de Ranavalona 1ère en 1833, venus pour demander l’appui de...
Après le passage de deux émissaires successifs du sultan Syed Saïd Ben à la Cour de Ranavalona 1ère en 1833, venus pour demander l’appui de 2 000 soldats merina, la reine se rend compte que l’incompréhension s’installe entre Zanzibar Mascate et Antananarivo. Elle décide alors d’envoyer à son tour une ambassade malgache qui accompagnera le dernier envoyé spécial, Ifadily. L’ambassade est formée de cinq hauts personnages de la Cour, à savoir Ramiaramanana, beau-frère de Radama 1er, officier de Palais ; Rahaingomanana, également ODP ; Ramaharo et Ramanamalako, officiers ; et Ramahasolo, civil et interprète. Le choix de ces personnes est judicieux, souligne Christian Mantaux de l’Association malgache d’archéologie. Elles connaissent la navigation pour avoir fait partie des jeunes gens envoyés par Radama 1er pour apprendre la navigation.
Le 13 septembre 1833, ils arrivent à Mahajanga où se trouve Ifadily. En effet, contrairement à Khamisi qui a été autorisé à monter à Antananarivo, il doit attendre à Mahajanga les résultats de sa démarche. Par un rapport du 21 janvier 1834, l’ambassade rend compte à Ranavalomanjaka du déroulement de sa mission. La première escale des émissaires malgaches est l’île d’Angaziza ou Grande-Comore où ils vont « faire de l’eau » comme il est alors courant. Ils saluent la terre et le sultan de l’île par cinq coups de canons, mais une certaine panique s’empare de la population qui croit « peut-être » à une attaque des hommes de Ramanetaka, prince et cousin de Radama 1er qui a fui Ranavalona 1ère. « Panique d’autant plus compréhensible que le sultan est absent de l’île et que, souvent en de telles circonstances, les princes rivaux profitent pour attaquer. » Ramahasolo débarque et parvient à faire savoir aux Comoriens qu’ils ne sont que des ambassadeurs malgaches se rendant auprès de Syed Saïd Ben et qu’ils n’abordent à Angaziza que pour faire de l’eau.
Le gouverneur de Moroni, revenu de ses craintes, met une demeure à la disposition des émissaires malgaches, où ils attendent l’arrivée du sultan prévenu de leur présence. Trois jours plus tard, le sultan Hamadi Monimoka (Achmed dit Mogne M’Kou) leur accorde une entrevue officielle. « Le cérémonial officiel pour les cérémonies de ce genre est observé. L’ambassade fait tirer par son bâtiment deux coups de canon ; la terre répond par trois coups, puis deux lorsque Ramaharo, Ramanamalako et Ramahasolo arrivent à la résidence, et enfin deux autres coups lorsqu’ils regagnent le boutre en chaloupe. » Le sultan Hamadi Monimoka leur remet une lettre pour Ranavalomanjaka, dans laquelle il signale, entre autres : « … Depuis le temps de nos ancêtres et nos pères, les souverains de Madagascar sont nos pères et mères et nous sommes leurs enfants ; ne nous oubliez pas, venez nous visiter et nous aussi, nous vous visiterons. Nous vous demandons, Madame, de nous dire s’il y a des services (fanompoana : corvées pour le souverain) que nous pouvons faire, car nous le ferons… » En réponse, la reine d’Antananarivo confirme : « Ce que vous dites est vrai, je suis Raiamandreninao (votre père et mère). Pour votre offre de fanompoana, je vous le ferai savoir par un envoyé ou une lettre. »
Selon Christian Mantaux, la lettre très respectueuse du sultan de Grande-Comore traduit sa crainte de subir le sort de Mohéli conquise par Ramanetaka qui en a chassé le sultan Thibe Ahmadi et Boina Combo Ben Amadi, fils de Mahona Ahmadi qui a épousé une parente du roi du Boina, Andriantsolivola. Ou celui de Mayotte conquise par ce dernier. Andriantsolivola est un ancien roi du Boina et de Mahajanga, connu sous le nom de Tsilevaloha, fils de Tsimialona. Ainsi, en se déclarant vassal de Ranavalona 1ère (« nous sommes vos enfants »), il peut être sûr d’être aidé en cas d’invasion. D’autant que pendant des siècles, des flottilles de barques quittent les rivages malgaches pour aller opérer des razzias dans l’archipel des Comores et même sur la côte orientale d’Afrique. Ces attaques cessent avec la signature du traité anglo-merina de 1816, bien que la dernière ait eu lieu en 1822.
Texte : Pela Ravalitera - Photo : : Gravure de Guillain
Par l'Express de Madagascar
Le 13 septembre 1833, ils arrivent à Mahajanga où se trouve Ifadily. En effet, contrairement à Khamisi qui a été autorisé à monter à Antananarivo, il doit attendre à Mahajanga les résultats de sa démarche. Par un rapport du 21 janvier 1834, l’ambassade rend compte à Ranavalomanjaka du déroulement de sa mission. La première escale des émissaires malgaches est l’île d’Angaziza ou Grande-Comore où ils vont « faire de l’eau » comme il est alors courant. Ils saluent la terre et le sultan de l’île par cinq coups de canons, mais une certaine panique s’empare de la population qui croit « peut-être » à une attaque des hommes de Ramanetaka, prince et cousin de Radama 1er qui a fui Ranavalona 1ère. « Panique d’autant plus compréhensible que le sultan est absent de l’île et que, souvent en de telles circonstances, les princes rivaux profitent pour attaquer. » Ramahasolo débarque et parvient à faire savoir aux Comoriens qu’ils ne sont que des ambassadeurs malgaches se rendant auprès de Syed Saïd Ben et qu’ils n’abordent à Angaziza que pour faire de l’eau.
Le gouverneur de Moroni, revenu de ses craintes, met une demeure à la disposition des émissaires malgaches, où ils attendent l’arrivée du sultan prévenu de leur présence. Trois jours plus tard, le sultan Hamadi Monimoka (Achmed dit Mogne M’Kou) leur accorde une entrevue officielle. « Le cérémonial officiel pour les cérémonies de ce genre est observé. L’ambassade fait tirer par son bâtiment deux coups de canon ; la terre répond par trois coups, puis deux lorsque Ramaharo, Ramanamalako et Ramahasolo arrivent à la résidence, et enfin deux autres coups lorsqu’ils regagnent le boutre en chaloupe. » Le sultan Hamadi Monimoka leur remet une lettre pour Ranavalomanjaka, dans laquelle il signale, entre autres : « … Depuis le temps de nos ancêtres et nos pères, les souverains de Madagascar sont nos pères et mères et nous sommes leurs enfants ; ne nous oubliez pas, venez nous visiter et nous aussi, nous vous visiterons. Nous vous demandons, Madame, de nous dire s’il y a des services (fanompoana : corvées pour le souverain) que nous pouvons faire, car nous le ferons… » En réponse, la reine d’Antananarivo confirme : « Ce que vous dites est vrai, je suis Raiamandreninao (votre père et mère). Pour votre offre de fanompoana, je vous le ferai savoir par un envoyé ou une lettre. »
Selon Christian Mantaux, la lettre très respectueuse du sultan de Grande-Comore traduit sa crainte de subir le sort de Mohéli conquise par Ramanetaka qui en a chassé le sultan Thibe Ahmadi et Boina Combo Ben Amadi, fils de Mahona Ahmadi qui a épousé une parente du roi du Boina, Andriantsolivola. Ou celui de Mayotte conquise par ce dernier. Andriantsolivola est un ancien roi du Boina et de Mahajanga, connu sous le nom de Tsilevaloha, fils de Tsimialona. Ainsi, en se déclarant vassal de Ranavalona 1ère (« nous sommes vos enfants »), il peut être sûr d’être aidé en cas d’invasion. D’autant que pendant des siècles, des flottilles de barques quittent les rivages malgaches pour aller opérer des razzias dans l’archipel des Comores et même sur la côte orientale d’Afrique. Ces attaques cessent avec la signature du traité anglo-merina de 1816, bien que la dernière ait eu lieu en 1822.
Texte : Pela Ravalitera - Photo : : Gravure de Guillain
Par l'Express de Madagascar