Il va renvoyer dos à dos ses amis Houmed Msaïdié et le Colonel Azali Assoumani. Il ne l'a dit à aucun membre de son entourage. Pourt...
Il va renvoyer dos à dos ses amis Houmed Msaïdié et le Colonel Azali Assoumani.
Il ne l'a dit à aucun membre de son entourage. Pourtant, les initiés le savent. En effet, ils sont quelques initiés triés sur le volet qui savent que celui que le Grand Docteur Ali Abdou Mdahoma appelle «le Grand Stratège» sera candidat à la vice-présidence lors de l'élection présidentielle comorienne de 2016. Et le Grand Stratège n'est autre que Hamada Madi Boléro. Sa stratégie personnelle rend ringards tous les scénarii de salon élaborés par les augures de la vie politique nationale comorienne. Et, Hamada Madi Boléro n'aurait jamais eu le qualificatif de «Grand Stratège» s'il laissait le premier venu découvrir son jeu politique. L'homme de Beït-Salam sait cacher son jeu, sinon il aurait été un politicien ordinaire et sans relief, comme il y en a tant et tant aux Comores.
Le Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense est un homme qui a de la ressource. Pendant qu'il a tout fait pour faire croire au monde entier qu'il prépare en sous-main le retour au pouvoir du Colonel Azali Assoumani, en l'introduisant dans le sérail du chef de l'État, c'est à son propre avenir politique à lui qu'il pense. Et cet avenir, il se le représente avec le titre de Vice-président de la République de 2016 à 2021.
Ceci est d'autant plus vrai qu'il a déjà son camp. Il sait avec qui il va travailler. Seulement, la concurrence est rude car les prétentions ne manquent pas, et les langues de vipère ne chôment pas. Ne s'agit-il pas de Hamada Madi Boléro, l'homme qu'on aime le plus détester, dénigrer et maudire sur la scène politique comorienne? En effet, dans les cénacles du candidat présidentiel dont «l'éternel Premier de la Classe» veut être le colistier à Mohéli, il n'y a pas que des gens qui meurent d'amour pour Hamada Madi Boléro. Il y a aussi les grincheux, les haineux, les jaloux, les glisseurs de peaux de banane sous les pieds et les inévitables faux frères. Surtout, qu'on n'aille pas demander à Hamada Madi Boléro s'il sera vraiment candidat à la vice-présidence de la République en 2016. Quand on lui pose cette question, sa réponse tient en un seul mot: «Pathétique!».
D'accord, c'est «pathétique!». Mais, il ne faut pas qu'il pousse le bouchon trop loin car les Comoriens ne sont pas de grands bébés à qui on peut dire n'importe quoi, eux qui vivent dans un pays où la notion de «secret» n'a aucune espèce de signification…
En réalité, «le meilleur d'entre nous» a une idée derrière la tête: il veut envoyer à ses impitoyables détracteurs un message très clair, qu'il a déjà transmis à la crème de ses proches pour leur faire comprendre qu'il n'est pas un «looser» que l'électorat n'aime pas, un «éternel perdant d'élections»: «Combien de fois me suis-je présenté à une élection? Deux fois seulement. En 2005, j'étais candidat à la députation sur l'île de Mohéli. Au premier tour, Mohamed Saïd Fazul s'arrangea pour rogner sur mon score de plus de 50% pour le ramener à 49,7%, juste pour qu'on organise un deuxième tour perdant.
Au deuxième tour, il accorda 53,85% à Mohamed Larif Oucacha et à moi 46,17%. Il ne s'était pas gêné pour mettre dans la balance les 12 millions de francs comoriens destinés au paiement du salaire des fonctionnaires mohéliens, pour me barrer la route, après avoir fait courir le bruit selon lequel j'étais un Grand-Comorien désireux de faire coloniser Mohéli par la Grande-Comore. Je me mis à dos tous mes proches quand j'ai refusé de contester cette mascarade électorale. À Moroni, où une formidable campagne était organisée contre moi comme si le scrutin y avait lieu, on célébra "la victoire contre Hamada Madi Boléro". C'était aberrant et pitoyable. En 2010, lors de l'élection présidentielle, mes alliés politiques m'ont planté un poignard sur le dos les uns après les autres. J'avais honte à leur place et ne leur tiens même pas rigueur.
Mon colistier à Mohéli attendit à la dernière minute pour fuir. J'ai préparé une campagne électorale avec seulement 2 millions de francs comoriens, et je n'avais même pas de quoi faire préparer de la bouillie de riz à mes partisans, alors qu'on prétendait que j'étais assis sur des millions de francs détournés sous la présidence du Colonel Azali Assoumani. Où était donc cette fortune? Les gens mentaient par simple haine. Je suis pourtant arrivé au 5ème rang sur 10 candidats, battant même Mohamed Larif Oucacha, qui arriva 7ème, qui disposait pourtant d'un formidable trésor de guerre grâce au soutien financier de son colistier à la Grande-Comore, le riche Vice-président Idi Nadhoim. Je n'ai pas de revanche à prendre, mais j'aurais tout de même voulu que les Comoriens sachent et comprennent objectivement ce qui s'est passé en 2010».
Pourtant, Hamada Madi Boléro sursaute comme sous l'effet de la morsure d'un rat en plein sommeil quand on lui demande s'il sera candidat à la vice-présidence en 2016. De même, quand lors d'une conférence à Paris en juillet 2014, on lui demanda s'il allait soutenir la candidature du Colonel Azali Assoumani en 2016, il lança dans un sourire amusé et gourmand: «Je ne répondrai pas à cette question». Il refuse toujours d'en dire plus. Très amusant et instructif de la part de l'acteur politique qu'on aime le plus détester aux Comores. Il est très instructif de poser de questions au carré des plus fidèles de ses fidèles. Ce Djoiezien, bolériste de la première heure, dit: «Hamada est un frère. Nous connaissons la haine et la détestation que lui vouent ses ennemis.
Mais, nous avons pris la décision de le soutenir même s'il ne nous dit et ne nous demande rien. Je ne peux pas oublier son coup d'éclat le jour où nous lui avons demandé d'aller parler à des gens qui l'attendaient à la grande mosquée de Boingoma. Il nous a dit que la mosquée n'est pas faite pour ce genre de cinéma et il est parti. Quand un partisan lui demanda d'aller parler à ses électeurs de Ziroudani, il lui lança à la figure: "À Ziroudani, chez toi, je n'ai eu que 12 voix, et je dois me déplacer pour ça, pour 12 personnes? Non, je n'y vais pas".Pourtant, cette fois, nous allons l'obliger à nous écouter et à nous suivre car nous voulons le suivre. Que de fois nous lui avons demandé de se positionner en leader, comme d'autres à Anjouan et à la Grande-Comore, et que de fois il a refusé de nous suivre! Pour autant, cette fois, il est obligé d'écouter le son de notre voix. Par quelle fatalité faudra-t-il que nous fassions le lit de politiciens sans vision, ni envergure alors que nous avons avec lui le meilleur des leaders s'il acceptait de nous écouter?».
Ce partisan de Chouani, Grande-Comore, est exaspéré quand il dit: «Il y a quelques années, je suis allé le voir et lui dire que nous pourrions lui créer de bonnes relations au sein de la grande communauté comorienne de France. Il approuva l'idée, mais ne m'a jamais passé le moindre coup de téléphone depuis. Je suis effondré et indigné parce que je n'ai jamais pu donner suite à un projet qui lui aurait ouvert bien de portes sur le plan politique et électoral». En attendant, il travaille en sous-main son dessein national de Vice-président de la République. Pour ne pas alerter ses ennemis tapis dans l'ombre, il fait tout pour ne pas dévoiler ses intentions. Mais, son secret est tellement bien gardé qu'il deviendra bientôt un secret de Polichinelle. En tout état de cause, il n'aura pas à se prononcer sur Azali Assoumani et Houmed Msaïdié, et gardera de bonnes relations avec l'un et l'autre. Ça aussi, c'est de la stratégie politique: «Comme je vous aime bien tous les deux du même amour, je préfère ne pas choisir entre l'un et l'autre».
Par ARM