La Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption souhaite mettre de l’ordre dans la gestion des régies financières ...
La
Commission Nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption
souhaite mettre de l’ordre dans la gestion des régies financières de
l’Etat. Elle vient d’effectuer des missions dans les iles pour contrôler
la gestion de ces régies et le constat de ses commissaires est sévère :
beaucoup d’argents disparaissent dans les comptes de ces régies, la
gestion de ces régies n’est pas conforme à la loi…
Il
est bien connu que les recettes de l’Etat ne sont pas versées en
totalité au Trésor public. Elles sont versées dans les multiples comptes
ouverts par les institutions étatiques dans des établissements
financiers publics et privés. Les gestions de ces comptes sont
individuelles et opaques. L’Etat perd une bonne
partie de ses recettes fiscales dans la gestion chaotique de ces
comptes. En juin 2011, lors de la cérémonie de passation de service au
Ministre de l’Intérieur, l’ancien Ministre de l’intérieur, Ibrahim
Mhoumadi Sidi, avait lancé un pavé dans la marre en affirmant qu’il n’a
pas pu avoir accès aux comptes de la Direction Générale de la Sûreté du
Territoire. L’ancien Directeur Général de la Sûreté du Territoire, Abou
Achirafi Ali avait réagi au quart de tour en affirmant dans une
conférence de presse tenue le
lendemain que ses services ne géraient pas de compte, ni de régie. Selon
lui, toutes les recettes de sa direction sont sous la direction du
Ministère des Finances et du Trésor public. Lors de cette conférence de
presse, cet ancien Directeur
Général qui voulait laver son honneur, était incapable de donner les
chiffres des cartes d’identité nationale et des passeports délivrés par
son service. Un scandale, d’autant plus qu’il était le principal
signataire de toutes ces pièces. Rien sur le nombre de passeports
délivrés aux Comoriens et aux « étrangers »naturalisés dans le cadre
de la fameuse « loi portant sur la citoyenneté économique ». Il n’avait
pas non plus donné le montant des fonds collectés lors l’établissement
des visas d’entrée de sortie et des cartes de séjour. En effet, en plus
des recettes issues de l’établissement des cartes d’identité et des
passeports, la Direction Générale de la Sureté du Territoire reçoit,
sans que la moindre facture soit fournie, les recettes des visas
d’entrée et de sortie, de l’établissement des cartes de séjour des
étrangers aux Comores. L'ancien Directeur ignorait tout de ces fonds
collectés par ses services. Depuis, cet ancien Directeur Général a été limogé et a fait la détention préventive à la maison d’arrêt de de Moroni pour une histoire de trafic de passeport.
Cette
affaire de gestion des régies financières du Ministère de l’intérieur,
dévoile les méandres de ces multiples régies financières de l’Etat,
mises en place pour faciliter le bon fonctionnement de certaines
administrations, mais gérées malheureusement dans la plus grande
opacité. Des fonds importants sont collectés dans les préfectures, les
ministères….En janvier 2012, dans son discours en réponse aux vœux
présentés par la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême et les
Magistrats, le Président de l’Union des Comores avait ouvertement
critiqué la gestion de la régie de recette et d’avance auprès des
juridictions judiciaires. « Alors que la régie du Ministère des
relations extérieures a versé au Trésor public près de 18 millions de
francs comoriens depuis ma prise de fonction, la régie de recette et
d’avance auprès des juridictions judiciaires n’a rien versé au Trésor
public et je sais que ces fonds vont dans les proches de certaines
personnes et je n’ai pas peur de l’affirmer » avait-t-il lancé.
Depuis, la gestion des régies n’a pas beaucoup évolué, l’argent de ces régies est
toujours dilapidé. En cette période de vache maigre et de chute des
recettes de l’Etat, n’est-il pas temps pour le Chef de l’Etat de
nettoyer les écuries d’Augias dans le secteur sensible des régies
financières pour pouvoir mieux lutter contre la dilapidation des fonds
publics. L’Etat perd beaucoup d’argent en acceptant cette multitude de
régies financières qui enrichissent une poignée d’individus.