Interrogé par nos confrères du JIR à la veille de son départ de La Réunion, le premier président de la Cour d’appel s’exprime sur les accusa...
Interrogé par nos confrères du JIR à la veille de son départ de La Réunion, le premier président de la Cour d’appel s’exprime sur les accusations de « justice coloniale » et sur les affaires imbriquées Roukia-Karki.
C’est un argument qui fait florès lors des audiences de correctionnelle à Mayotte : l’argument de « justice coloniale » sort facilement de la bouche des avocats et les juges métropolitains sont souvent bien en peine pour y répondre.
Le président Dominique Ferrière a pu apporter son opinion ce mardi 16 septembre sous la plume de notre confrère Jérôme Talpin : « Il y a toujours une tentation de croire à une justice coloniale. (…) Qu’on me sorte un dossier qui montre que quelqu’un a été injustement défavorisé ou que la loi n’a pas été respectée parce qu’il est de telle ou telle communauté ou origine. C’est une accusation complètement fausse et mensongère ».
De conspiration, il en est aussi question dans l’affaire Hakim Karki, juge d’instruction accusé de viol en juillet dernier alors qu’il instruisait depuis janvier 2011 à Mayotte l’affaire Roukia mettant en cause des gendarmes. Il s’était souvent plaint de pressions et son arrestation avait soulevé des interrogations.
« Le complot, cela signifierait que le président de la chambre d’instruction, la présidente du TGI de Mamoudzou et moi-même, avec l’aide des policiers, aurions trouvé une jeune femme, une Mata Hari pour aller subrepticement aller surprendre le magistrat. Et ensuite déposer plainte. On n’est même pas dans le roman policier. Un bon auteur invente quelque chose de meilleur », commente Dominique Ferrière qui avait déjà reçu le juge d’instruction dans son bureau en juin à la suite de propos diffamant qu’il aurait tenus sur la justice.
Les imbroglios liés à l’instruction mouvementée de l’affaire Roukia avaient instillé une ambiance délétère au tribunal d’instance qui incite le juge à parler d’un « sentiment de gâchis personnel et institutionnel » et à revenir sur « l’idée du complot et du juge empêché d’instruire au détriment des Mahorais et pour la protection de gendarmes ripoux, laissent penser qu’il pourrait y avoir des pressions hiérarchiques, des pouvoirs occultes plus forts que les pouvoirs du juge d’instruction ».
Or, selon lui, l’instruction toujours pas bouclée* plus de trois ans après, n’a qu’une explication : « il n’est rien sorti de ces dossiers plusieurs années après les faits. Alors que si des gendarmes ont commis des fautes pénales, ils doivent être sanctionnés encore plus lourdement qu’un quidam puisqu’ils ont la responsabilité de faire respecter la loi ».
Dominique Ferrière en profite d’ailleurs pour rappeler qu’il fut en Corse le président du tribunal qui a jugé l’affaire des Paillotes et condamné le préfet Bonnet et un colonel de gendarmerie qu’il avait comparés à « des voleurs de mobylettes ou à des petits trafiquants de shit », comme le rapporte la presse de l’époque.
En conclusion, il se dit atteint par les propos l’ayant accusé d’étouffer l’affaire Roukia, qui « touchaient à mon intégrité et à ma déontologie. Cela n’a été que travestissement de la réalité, de la manipulation de l’opinion », et contre lesquels « on ne peut se défendre ».
Dominique Ferrière part pour la belle ville de Bordeaux comme premier président de la Cour d’appel.
Anne Perzo-Lafond, Le Journal de Mayotte, avec Jérôme Tapin, le JIR
*Le juge Philippe Ballu vient de reprendre l’affaire
Par le Journal De Mayotte
C’est un argument qui fait florès lors des audiences de correctionnelle à Mayotte : l’argument de « justice coloniale » sort facilement de la bouche des avocats et les juges métropolitains sont souvent bien en peine pour y répondre.
Le président Dominique Ferrière a pu apporter son opinion ce mardi 16 septembre sous la plume de notre confrère Jérôme Talpin : « Il y a toujours une tentation de croire à une justice coloniale. (…) Qu’on me sorte un dossier qui montre que quelqu’un a été injustement défavorisé ou que la loi n’a pas été respectée parce qu’il est de telle ou telle communauté ou origine. C’est une accusation complètement fausse et mensongère ».
De conspiration, il en est aussi question dans l’affaire Hakim Karki, juge d’instruction accusé de viol en juillet dernier alors qu’il instruisait depuis janvier 2011 à Mayotte l’affaire Roukia mettant en cause des gendarmes. Il s’était souvent plaint de pressions et son arrestation avait soulevé des interrogations.
« Le complot, cela signifierait que le président de la chambre d’instruction, la présidente du TGI de Mamoudzou et moi-même, avec l’aide des policiers, aurions trouvé une jeune femme, une Mata Hari pour aller subrepticement aller surprendre le magistrat. Et ensuite déposer plainte. On n’est même pas dans le roman policier. Un bon auteur invente quelque chose de meilleur », commente Dominique Ferrière qui avait déjà reçu le juge d’instruction dans son bureau en juin à la suite de propos diffamant qu’il aurait tenus sur la justice.
« Complot et pouvoirs occultes »
Les imbroglios liés à l’instruction mouvementée de l’affaire Roukia avaient instillé une ambiance délétère au tribunal d’instance qui incite le juge à parler d’un « sentiment de gâchis personnel et institutionnel » et à revenir sur « l’idée du complot et du juge empêché d’instruire au détriment des Mahorais et pour la protection de gendarmes ripoux, laissent penser qu’il pourrait y avoir des pressions hiérarchiques, des pouvoirs occultes plus forts que les pouvoirs du juge d’instruction ».
Or, selon lui, l’instruction toujours pas bouclée* plus de trois ans après, n’a qu’une explication : « il n’est rien sorti de ces dossiers plusieurs années après les faits. Alors que si des gendarmes ont commis des fautes pénales, ils doivent être sanctionnés encore plus lourdement qu’un quidam puisqu’ils ont la responsabilité de faire respecter la loi ».
Dominique Ferrière en profite d’ailleurs pour rappeler qu’il fut en Corse le président du tribunal qui a jugé l’affaire des Paillotes et condamné le préfet Bonnet et un colonel de gendarmerie qu’il avait comparés à « des voleurs de mobylettes ou à des petits trafiquants de shit », comme le rapporte la presse de l’époque.
En conclusion, il se dit atteint par les propos l’ayant accusé d’étouffer l’affaire Roukia, qui « touchaient à mon intégrité et à ma déontologie. Cela n’a été que travestissement de la réalité, de la manipulation de l’opinion », et contre lesquels « on ne peut se défendre ».
Dominique Ferrière part pour la belle ville de Bordeaux comme premier président de la Cour d’appel.
Anne Perzo-Lafond, Le Journal de Mayotte, avec Jérôme Tapin, le JIR
*Le juge Philippe Ballu vient de reprendre l’affaire
Par le Journal De Mayotte