Le discours du Gouverneur d’Anjouan a viré au populisme et à un appel à la mort Mardi 29 juillet 2014, les Comores célébraient l’Aïd ...
Le discours du Gouverneur d’Anjouan a viré au populisme et à un appel à la mort
Mardi 29 juillet 2014, les Comores célébraient l’Aïd El-Fitr, la fête marquant la fin du Ramadan, un mois sacré pour les Musulmans du monde entier. À cette occasion, les Comoriens ont eu droit à une suite interminable de discours décousus, de celui du Président de la République, à celui des Gouverneurs enfarinés des îles. Néanmoins, dans ce fatras de paroles oiseuses et souvent de pure circonstance, celui du Gouverneur Anissi Chamssidine retient particulièrement l’attention par son populisme endimanché et son irresponsabilité démagogique. En effet, le Gouverneur de l’île par laquelle partent les cohortes de candidats à la mort au large, au lieu de combattre le phénomène mortel, dit publiquement l’encourager et le soutenir: «On ne peut pas arrêter les kwassa. Si le nombre de passagers se limite à cinq dans une barque et que ces derniers sont munis de leurs gilets de sauvetage, je ne les empêcherai pas de prendre la mer pour Mayotte, et j’enjoins les gendarmes à en faire autant». Pour rappel, les «Kwassa-Kwassa» sont les embarcations de fortune par lesquelles sont faites les traversées entre Anjouan et Mayotte. Si on prend au pied de la lettre le discours démagogique et irresponsable du Gouverneur Anissi Chamssidine d’Anjouan, il faudra que chaque jour, la Gendarmerie fasse le pointage pour compter le nombre de «passagers» par embarcation et pour vérifier le port du gilet de sauvetage avant de laisser ces gens-là partir vers Mayotte. Ce qui pourrait relancer le commerce des gilets de sauvetage à Anjouan et créer une valeur ajoutée et des milliers d’emplois sur l’île. Quand, ce mardi 29 juillet 2014, Anissi Chamssidine dit se montrer très laxiste et complaisant envers les «migrants», son discours fut salué par des salves d’applaudissements à n’en pas finir. C’était l’effet recherché en cette période d’incertitudes politiques. De toute manière, le Gouverneur d’Anjouan ne s’occupe pas des retombées de ses propos sur des gens qui pensent que Mayotte est pour eux l’Eldorado, alors que, paradoxalement, des jeunes Mahorais voyageant en groupe et n’ayant jamais été sur les autres îles de l’Archipel ont dit leur étonnement de voir que la partie indépendante des Comores n’est pas peuplée par de sauvages qui dévorent les gens et qui vivent sur des arbres et dans des huttes de l’époque primitive. Comme quoi tout est relatif.
Estimant qu’il n’en a pas assez dit, le Gouverneur Anissi Chamssidine continua son discours dans les termes suivants: «À la compassion doit succéder non la politique politicienne et la haute diplomatie, mais la conscience humaine pour mettre fin intelligemment à ce génocide qui ne dit pas son nom. Je propose surtout qu’à l’occasion d’une commémoration de ces drames, nous autres Comoriens, prenions tous les kwassa qui existent dans le pays et qu’on y embarque par cinq en direction de Mayotte pour voir quelle sera la réaction du gouvernement français». D’accord pour cette «Traversée Verte», à l’image de la Marche Verte qui permit au Maroc, le 6 novembre 1975, de récupérer le Sahara marocain alors sous colonisation espagnole. Mais, il faudra qu’on nous explique pourquoi ce sont les Comoriens de la partie indépendante, théoriquement la plus heureuse, qui vont vers la partie encore sous administration étrangère, française en l’occurrence. Alors que l’indépendance est synonyme de bonheur infini, ce sont les Mahorais qui devaient tout faire pour se rendre dans la partie baignant dans le bonheur de l’indépendance. Où est la vérité dans tout ça? Et puis, est-ce que la France a déjà obligé les Comoriens à se rendre à Mayotte au péril de leur vie?
Dans le monde d’aujourd’hui, quand on veut accuser quelqu’un des pires vilénies, il suffit de dire de lui qu’il est un «génocidaire». Le Gouverneur Anissi Chamssidine parle de «génocide qui ne dit pas son nom». D’accord. Mais, sait-il ce que signifie le mot «génocide» en Droit international public? Bien évidemment non, sinon il aurait choisi un autre mot, plus approprié. En réalité, aux termes de l’article 2, sections a-e de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide GA RES/260 A (III) du 9 décembre 1948, «le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». Ces actes sont le «meurtre de membres du groupe» humain, l’«atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe» humain, la «soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle», les «mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe» et le «transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe» humain. Dès lors, le Gouverneur Anissi Chamssidine doit nous dire si la France a commis l’un de ces crimes horribles envers les Comores. Alors, Monsieur le Gouverneur? Est-ce que la France a commis l’un de ces crimes horribles envers les Comores? En réalité, la réponse du Gouverneur Anissi Chamssidine à la question est d’une grande utilité parce quelle permettra de clarifier les choses au lieu de mettre les problèmes de gouvernance constatés aux Comores et qui poussent les Comoriens vers la mort au large sur le compte de la France. Arrêtons la démagogie. Manipuler des concepts juridiques qu’on ne maîtrise pas est une vieux «truc» des «Comoricains» (les Comoriens qui ne brillent que par leur manie consistant à nasiller un français de café de commerce et à s’autoproclamer experts en tout) et des politiciens comoriens qui font partie de cette congrégation de vantards. Néanmoins, ce qui est le plus important aujourd’hui, c’est la responsabilité des dirigeants comoriens face à l’hécatombe dont l’origine se situe à la Grande-Comore, Mohéli et Anjouan, en raison des malheurs causés au peuple comorien par des dirigeants qui ne font rien pour soulager le peuple de la misère, mais maintiennent sa tête dans l’eau.
En tant que Gouverneur d’Anjouan, l’une des îles de la République, Anissi Chamssidine est coresponsable des malheurs du peuple comorien. Mais, là, il croit pouvoir s’en sortir à bon compte et la conscience tranquille en disant qu’il s’en lave les mains, après avoir proclamé sa solidarité avec les voyageurs de l’extrême. Il peut essayer de tromper certains d’entre nous, mais les plus éveillés ne se laisseront pas tomber dans le piège. Il ne peut pas être un chantre de la mauvaise gouvernance et dire qu’il est le défenseur de ceux qui prennent les embarcations de fortune, pour peu qu’ils ne dépassent pas le nombre de 5 par embarcation et qu’ils portent leurs gilets de sauvetage. Est-ce qu’il va pousser la gentillesse et la sympathie jusqu’à voter un budget spécial pour que chaque «migrant» puisse disposer de frais d’installation à Mayotte à hauteur de 250 euros? Notre homme fait dans la démagogie et cela est inacceptable et immoral car on ne peut pas jeter des hommes à la mer par les effets d’une gouvernance catastrophique et venir raconter des choses sans queue, ni tête aux Comoriens.
Par ARM