Je suis né en 1972 au Cameroun. Très tôt dans les conversations amicales de mon père, très féru de politique internationale et de culture g...
Je suis né en 1972 au Cameroun. Très tôt dans les conversations amicales de mon père, très féru de politique internationale et de culture générale, j’ai entendu parler du conflit israélo-palestinien. Aujourd’hui, j’ai déjà passé les 42 ans. Mais le conflit israélo-palestinien me pend encore au nez. A peine ouvré-je mon téléviseur, mon téléphone portable, mon ordinateur, où le moindre journal d’Afrique comme d’Occident, que déjà, le conflit israélo-palestinien m’aspire des énergies psychiques. D’où vient cette tragédie ?
L’éthique, d’abord. C’est un regard humain sur les affaires humaines, où rien d’humain ne doit nous demeurer étranger, par quelque précaution insidieuse d’asepsie morale. L’éthique, c’est une optique dans laquelle la souffrance d’autrui, comme sa joie, participent de notre appartenance commune à l’espèce humaine, où le sens se réverbère comme juste partage de la vie dans ce monde. N’est-ce pas cette haute exigence du vivre-ensemble qui fait toute l’humanité de l’homme ? C’est précisément elle que ce siècle infernal israélo-palestinien nie.
Pris en otage entre les fanatiques du Hamas et de l’extrême droite israélienne, les peuples du Moyen-Orient sont en réalité maintenus par la surenchère de la violence dans une seule et même fascination perverse : le mépris du malheur d’autrui, par la neutralisation froide en soi-même des sentiments empathiques. L’incapacité inculquée de comprendre que l’Autre, bien qu’étant Autre, est aussi comme moi, un Moi. Lorsqu’on planque des lance-missiles près des maisons d’habitation, comme le fait le Hamas, on appelle l’ennemi israélien au meurtre aveugle, puisqu’on lui offre la chair à canon des civils en guise d’appât pervers.
De même, lorsqu’on tire froidement sur des quartiers d’habitation de Gaza, avec la certitude absolue de tuer massivement des civils innocents, on joue au jeu des forces de mort sollicitées par l’ennemi palestinien, comme dans une entente fratricide et suicidaire pour ce qui fait l’humanité de l’homme : la responsabilité de l’Un-pour-l’Autre. Dans ces conditions, qui niera que s’impose, dans les sociétés civiles du Moyen-Orient, comme dans la société civile internationale en général, un véritable consensus éthique qui se traduise par une volonté politique décisive de l’ONU de s’interposer dans la tragédie israélo-palestinienne pour mettre fin au triomphe des forces de mort célébrées par les extrémistes des deux camps ?
Car l’éthique, dans l’approche du conflit israélo-palestinien, n’est rien sans la politique au sens noble, entendue précisément comme une action concertée pour la préservation de la Cité, du Bien Commun. La logique des extrémistes sionistes et arabes relèverait très clairement, dans cette approche, de l’impolitique, que nous pouvons encore nommer « la politique politicienne ». Ces extrémistes ne sont pas intéressés par la solution du conflit, mais par son exacerbation intéressée. Manifestement, Netanyahu côté Israël, comme Nasrallah côté Hamas, aiment trop le pouvoir en lui-même pour le laisser entre les mains de démocrates républicains de leurs camps respectifs.
La perpétuation de l’état de guerre est leur seule perspective de carrière politique au Moyen-Orient. De même, les lobbies internationaux de vente d’armes et de trafic de pétrole, que l’état de guerre israélo-palestinien booste en fric sanglant, ne verront que d’un mauvais œil, les initiatives pacifistes qui auront valu la mort à Ythzak Rabin comme à Anouar El Sadate. Car de mai 1948 à la création d’Israël aux plus de 100 résolutions onusiennes impuisantes qui auront accompagné l’exil de millions de palestiniens et la colonisation violente de la Palestine par de nombreux immigrés juifs, la tragédie israélo-palestinienne aura manifesté les terribles conséquences de la démission des politiques authentiques dans nos sociétés contemporaines.
Les sept principaux aspects du conflit israélo-palestinien sont pourtant connus dans toutes les facultés de sciences politiques et dans toutes les officines diplomatiques du monde :
Comment la comprendre comme une dimension de nos existences quotidiennes sans tomber dans les tentations de l’indifférence cynique ou du fanatisme partisan ? Il me paraît que nous ne pouvons accéder à la dramatique du phénomène israélo-palestinien qu’au prix d’un double geste éthique et intellectuel. Sur le plan éthique, on ne peut vivre avec cette tragédie qu’en étant intransigeant envers l’innommable : le mépris quotidien de la vie par les fanatismes sionistes et jihadiste. Sur le plan intellectuel, il conviendrait de procéder à la déconstruction des arguments politico-religieux des nationalismes palestinien et juif, véritables obstacles à un vivre-ensemble harmonieux des populations actuelles du Moyen-Orient.
Sur la première question, les Nations Unies ont en leur possession tous les éléments d’appréciation nécessaires pour reconnaître et disposer qu’il existe bel et bien un peuple d’Israël et un peuple palestinien. Sur la deuxième, le retour des deux peuples dans le cadre de la répartition territoriale d’avant 1967 est une exigence minimale de coexistence, avec en prime la proclamation de la reconnaissance obligatoire des deux Etats. Le statut international de la ville de Jérusalem, proposé dès 1947 par l’ONU, s’avère après des décennies de drames, une solution raisonnable qu’une force multinationale onusienne se doit d’imposer maintenant.
La cohabitation des religions juive, musulmane et chrétienne dans cette ville, ne saurait se faire, on l’a compris, sous l’égide d’un Etat qui se proclame une religion officielle particulière. C’est aussi un arbitrage international qui peut durablement examiner le quatrième problème de la répartition des ressources en eau dans la sous-région, dans l’intérêt bien compris de tous, mais aussi dans le cadre d’une politique économique d’intégration régionale qui transcenderaient les seuls intérêts israéliens ou palestiniens, au nom de la paix et de la sécurité pour toutes les parties.
Comment nier qu’en raison de l’exiguïté du territoire, le retour des millions de palestiniens de l’Etranger doivent être tempéré par des politiques d’intégration citoyenne hardies dans leurs Etats d’accueil respectifs ? C’est nécessairement dans une concertation décidée de l’ensemble des protagonistes du problème israélo-palestinien que la crise démographique qui s’annonce peut être anticipée. Ainsi de la question du statut des arabes d’Israël, clairement incompatible avec l’imposition d’une religion d’Etat en Israël comme dans l’Etat palestinien en gestation. Enfin, le septième problème soulevé ne revient-il pas au fond, à réhabiliter la sacralité de la vie humaine, qui se trouve être l’intuition fondamentale des trois monothéismes impliqués au Moyen-Orient ? On voit alors que c’est d’avoir renoncé à penser le réel, à agir politiquement au sens authentique du terme, que le Moyen-Orient entier agonise sous nos yeux.
La tragédie israélo-palestinienne est incontestablement une illustration parfaite de la bêtise humaine, qui se déguise justement ici dans les habits pervers du nationalisme. Qu’on me comprenne bien ici. Ce n’est pas que les Israéliens et les Palestiniens soient bêtes, ou qu’ils soient des bêtes. Ils ne sont pas plus bêtes que les Camerounais, les Ivoiriens, les Angolais ou les Congolais de leur temps. L’homme, sous tous les cieux, devient bête quand il sacrifie son Etre Essentiel à des choses fort accessoires. Une telle défaite du primordial peut défaire une civilisation entière. La bêtise, c’est alors le triomphe de l’impolitique sur la politique, à la fois dans nos sphères nationales et internationales.
C’est la prise de pouvoir des politiciens sur les politiques, des jouisseurs du pouvoir sur les serviteurs des peuples. La bêtise humaine, c’est la domination de la chose publique par les amateurs d’intérêts égoïstes et de glorioles éphémères. Or, le nationalisme, culte du veau d’or de l’appartenance exclusive à une ethnie, une terre, une idéologie exclusiviste fondant une humanité qui se croit supérieure à toutes les autres, c’est justement la source de tous les mépris de l’Homme pour sa propre humanité et pour celle d’autrui. Le sionisme d’aujourd’hui, comme la logique de mort du Hamas, c’est comme l’ivoirité de Gbagbo. C’est comme l’apartheid de Botha.
La haine démesurée et délibérée de l’Autre Homme décrété empêcheur de jouir en rond des richesses éphémères de l’instinct et de l’instant terrestres. Voilà pourquoi, je partage l’option du Président Mahmoud Abbas, Chef de l’Autorité Palestinienne, qui en appelle à l’intervention salvatrice d’une Force Armée Internationale des Nations Unies, pour désamorcer la spirale de mort entretenue par les extrémistes d’Israël comme ceux du Hamas. Et redonner une chance à ces Israéliens et ces Palestiniens qui, depuis la nuit des temps sémitiques, tels Ismaël et Isaac leurs ancêtres, veulent vivre ensemble en bons voisins, tout simplement en tant qu’êtres humains sur la même terre, habités par un désir commun de joie, de justice, de vérité et de sens.
* Une tribune internationale de Franklin Nyamsi
Agrégé de philosophie, Paris, France
© Correspondance : Prof Franklin Nyamsi
L’éthique, d’abord. C’est un regard humain sur les affaires humaines, où rien d’humain ne doit nous demeurer étranger, par quelque précaution insidieuse d’asepsie morale. L’éthique, c’est une optique dans laquelle la souffrance d’autrui, comme sa joie, participent de notre appartenance commune à l’espèce humaine, où le sens se réverbère comme juste partage de la vie dans ce monde. N’est-ce pas cette haute exigence du vivre-ensemble qui fait toute l’humanité de l’homme ? C’est précisément elle que ce siècle infernal israélo-palestinien nie.
Pris en otage entre les fanatiques du Hamas et de l’extrême droite israélienne, les peuples du Moyen-Orient sont en réalité maintenus par la surenchère de la violence dans une seule et même fascination perverse : le mépris du malheur d’autrui, par la neutralisation froide en soi-même des sentiments empathiques. L’incapacité inculquée de comprendre que l’Autre, bien qu’étant Autre, est aussi comme moi, un Moi. Lorsqu’on planque des lance-missiles près des maisons d’habitation, comme le fait le Hamas, on appelle l’ennemi israélien au meurtre aveugle, puisqu’on lui offre la chair à canon des civils en guise d’appât pervers.
De même, lorsqu’on tire froidement sur des quartiers d’habitation de Gaza, avec la certitude absolue de tuer massivement des civils innocents, on joue au jeu des forces de mort sollicitées par l’ennemi palestinien, comme dans une entente fratricide et suicidaire pour ce qui fait l’humanité de l’homme : la responsabilité de l’Un-pour-l’Autre. Dans ces conditions, qui niera que s’impose, dans les sociétés civiles du Moyen-Orient, comme dans la société civile internationale en général, un véritable consensus éthique qui se traduise par une volonté politique décisive de l’ONU de s’interposer dans la tragédie israélo-palestinienne pour mettre fin au triomphe des forces de mort célébrées par les extrémistes des deux camps ?
Car l’éthique, dans l’approche du conflit israélo-palestinien, n’est rien sans la politique au sens noble, entendue précisément comme une action concertée pour la préservation de la Cité, du Bien Commun. La logique des extrémistes sionistes et arabes relèverait très clairement, dans cette approche, de l’impolitique, que nous pouvons encore nommer « la politique politicienne ». Ces extrémistes ne sont pas intéressés par la solution du conflit, mais par son exacerbation intéressée. Manifestement, Netanyahu côté Israël, comme Nasrallah côté Hamas, aiment trop le pouvoir en lui-même pour le laisser entre les mains de démocrates républicains de leurs camps respectifs.
La perpétuation de l’état de guerre est leur seule perspective de carrière politique au Moyen-Orient. De même, les lobbies internationaux de vente d’armes et de trafic de pétrole, que l’état de guerre israélo-palestinien booste en fric sanglant, ne verront que d’un mauvais œil, les initiatives pacifistes qui auront valu la mort à Ythzak Rabin comme à Anouar El Sadate. Car de mai 1948 à la création d’Israël aux plus de 100 résolutions onusiennes impuisantes qui auront accompagné l’exil de millions de palestiniens et la colonisation violente de la Palestine par de nombreux immigrés juifs, la tragédie israélo-palestinienne aura manifesté les terribles conséquences de la démission des politiques authentiques dans nos sociétés contemporaines.
Les sept principaux aspects du conflit israélo-palestinien sont pourtant connus dans toutes les facultés de sciences politiques et dans toutes les officines diplomatiques du monde :
Comment la comprendre comme une dimension de nos existences quotidiennes sans tomber dans les tentations de l’indifférence cynique ou du fanatisme partisan ? Il me paraît que nous ne pouvons accéder à la dramatique du phénomène israélo-palestinien qu’au prix d’un double geste éthique et intellectuel. Sur le plan éthique, on ne peut vivre avec cette tragédie qu’en étant intransigeant envers l’innommable : le mépris quotidien de la vie par les fanatismes sionistes et jihadiste. Sur le plan intellectuel, il conviendrait de procéder à la déconstruction des arguments politico-religieux des nationalismes palestinien et juif, véritables obstacles à un vivre-ensemble harmonieux des populations actuelles du Moyen-Orient.
1) La question de la reconnaissance mutuelle des peuples israélien et paslestinien ; 2) La question de la création d’un Etat paslestinien aux côtés de l’Etat d’Israël ; 3) La question du statut de la ville multireligieuse de Jérusalem ; 4) La question du partage de l’Eau ; 5) La question des réfugiés palestiniens par millions à l’étranger ; 6) La question du statut des Arabes d’Israël ; 7) La question du sacré des religions juive, musulmane et chrétienne.
Sur la première question, les Nations Unies ont en leur possession tous les éléments d’appréciation nécessaires pour reconnaître et disposer qu’il existe bel et bien un peuple d’Israël et un peuple palestinien. Sur la deuxième, le retour des deux peuples dans le cadre de la répartition territoriale d’avant 1967 est une exigence minimale de coexistence, avec en prime la proclamation de la reconnaissance obligatoire des deux Etats. Le statut international de la ville de Jérusalem, proposé dès 1947 par l’ONU, s’avère après des décennies de drames, une solution raisonnable qu’une force multinationale onusienne se doit d’imposer maintenant.
La cohabitation des religions juive, musulmane et chrétienne dans cette ville, ne saurait se faire, on l’a compris, sous l’égide d’un Etat qui se proclame une religion officielle particulière. C’est aussi un arbitrage international qui peut durablement examiner le quatrième problème de la répartition des ressources en eau dans la sous-région, dans l’intérêt bien compris de tous, mais aussi dans le cadre d’une politique économique d’intégration régionale qui transcenderaient les seuls intérêts israéliens ou palestiniens, au nom de la paix et de la sécurité pour toutes les parties.
Comment nier qu’en raison de l’exiguïté du territoire, le retour des millions de palestiniens de l’Etranger doivent être tempéré par des politiques d’intégration citoyenne hardies dans leurs Etats d’accueil respectifs ? C’est nécessairement dans une concertation décidée de l’ensemble des protagonistes du problème israélo-palestinien que la crise démographique qui s’annonce peut être anticipée. Ainsi de la question du statut des arabes d’Israël, clairement incompatible avec l’imposition d’une religion d’Etat en Israël comme dans l’Etat palestinien en gestation. Enfin, le septième problème soulevé ne revient-il pas au fond, à réhabiliter la sacralité de la vie humaine, qui se trouve être l’intuition fondamentale des trois monothéismes impliqués au Moyen-Orient ? On voit alors que c’est d’avoir renoncé à penser le réel, à agir politiquement au sens authentique du terme, que le Moyen-Orient entier agonise sous nos yeux.
La tragédie israélo-palestinienne est incontestablement une illustration parfaite de la bêtise humaine, qui se déguise justement ici dans les habits pervers du nationalisme. Qu’on me comprenne bien ici. Ce n’est pas que les Israéliens et les Palestiniens soient bêtes, ou qu’ils soient des bêtes. Ils ne sont pas plus bêtes que les Camerounais, les Ivoiriens, les Angolais ou les Congolais de leur temps. L’homme, sous tous les cieux, devient bête quand il sacrifie son Etre Essentiel à des choses fort accessoires. Une telle défaite du primordial peut défaire une civilisation entière. La bêtise, c’est alors le triomphe de l’impolitique sur la politique, à la fois dans nos sphères nationales et internationales.
C’est la prise de pouvoir des politiciens sur les politiques, des jouisseurs du pouvoir sur les serviteurs des peuples. La bêtise humaine, c’est la domination de la chose publique par les amateurs d’intérêts égoïstes et de glorioles éphémères. Or, le nationalisme, culte du veau d’or de l’appartenance exclusive à une ethnie, une terre, une idéologie exclusiviste fondant une humanité qui se croit supérieure à toutes les autres, c’est justement la source de tous les mépris de l’Homme pour sa propre humanité et pour celle d’autrui. Le sionisme d’aujourd’hui, comme la logique de mort du Hamas, c’est comme l’ivoirité de Gbagbo. C’est comme l’apartheid de Botha.
La haine démesurée et délibérée de l’Autre Homme décrété empêcheur de jouir en rond des richesses éphémères de l’instinct et de l’instant terrestres. Voilà pourquoi, je partage l’option du Président Mahmoud Abbas, Chef de l’Autorité Palestinienne, qui en appelle à l’intervention salvatrice d’une Force Armée Internationale des Nations Unies, pour désamorcer la spirale de mort entretenue par les extrémistes d’Israël comme ceux du Hamas. Et redonner une chance à ces Israéliens et ces Palestiniens qui, depuis la nuit des temps sémitiques, tels Ismaël et Isaac leurs ancêtres, veulent vivre ensemble en bons voisins, tout simplement en tant qu’êtres humains sur la même terre, habités par un désir commun de joie, de justice, de vérité et de sens.
* Une tribune internationale de Franklin Nyamsi
Agrégé de philosophie, Paris, France
© Correspondance : Prof Franklin Nyamsi