Le gouvernement français, pris dans un grand retour du refoulé colonial, prétend régenter la circulation des personnes entre Mayotte et l’U...
Le gouvernement français, pris dans un grand retour du refoulé colonial, prétend régenter la circulation des personnes entre Mayotte et l’Union des Comores. Tel est l’objet du projet d’accord que Hollande ira parapher fin juillet à Moroni, un accord qui signifierait la reconnaissance de la responsabilité de l’Union des Comores sur les conséquences désastreuses de l’infâme visa Baladur, cause de milliers de morts dans les mers intérieures.
Cet accord prévoit entre autres dispositions, la construction à Anjouan d’un centre d’enfermement des mineurs expulsés et l’utilisation de l’argent de l’Europe pour un soi-disant programme d’insertion régionale. Les arrestations suivies d’une expulsion le jour même vont continuer de plus belle sauf pour l’élite économique ou intellectuelle qui pourra obtenir un visa de court séjour à entrées multiples. Enfin une coopération judiciaire et policière serait mise en œuvre afin d’empêcher toute « immigration » illégale comme si les familles comoriennes ne pouvaient plus jouir du droit ancestral de rendre visite à leurs parents, en dehors des cas de décès.
Hollande ferait mieux de se préoccuper du sort de Mayotte lors des négociations sur les fonds alloués au titre de la politique de cohésion : pourquoi donc a-t-il accepté que l’intégration de Mayotte comme « Région Ultra Périphérique » (RUP) se fasse sur un montant forfaitaire (la moitié seulement de ce qui lui était dû) et non pas selon les règles habituelles ? Cette négligence coupable n’est que le reflet de la façon dont Mayotte est gérée dans le cadre de la République française sans aucun souci de l’économie locale abandonnée aux effets désastreux des politiques européennes, ce qui favorise le départ d’une population qui préférerait vivre et travailler au pays.
Le Parti de gauche dénonce ces abandons et s’insurge contre les dispositifs dérogatoires et discriminatoires qui seraient mis en œuvre à l’encontre d’une libre circulation entre les quatre îles.
Pierre Boutry - Commission Afrique du Parti de Gauche