Le Directeur de Cabinet du Président Ikililou Dhoinine, chargé de la Défense, Hamada Madi Boléro était jeudi soir invité par l’Institut de ...
Le Directeur de Cabinet du Président Ikililou Dhoinine, chargé de la Défense, Hamada Madi Boléro était jeudi soir invité par l’Institut de Prospective et Sécurité en Europe, en séminaire restreint à l’Assemblée nationale française. Le ministre de la Défense des Comores est à Paris depuis quelques jours, à l’occasion de la fête du 14-Juillet, à l’invitation de l’État français. Après une présentation succincte de la carrière du Directeur de Cabinet, les questions ont fusé dans tous les sens, sans véritable ordre. Mais, avec son flegme habituel, Hamada Madi Boléro y a répondu le plus précisément possible, en évitant de compromettre son rôle et sa loyauté envers le président de l’Union des Comores.
La crise ukrainienne. Pour donner une idée sur la crise qui sévit en Ukraine, Hamada Madi Boléro a raconté qu’il a vécu pendant sept ans à Kiev (Ukraine) et qu’il ne sait parler que russe. Il a commencé par émettre des doutes quant à la possibilité pour l’Ukraine d’intégrer l’Union européenne dans les conditions actuelles. Sur les similitudes évoquées, notamment par le ministre russe des Affaires étrangères, entre la question de Mayotte et la Crimée, Boléro a dit clairement que le contexte n’est pas le même. Il a appris à l’Assemblée que les Soviétiques s’étaient abstenus sur la question de l’unité des Comores à l’ONU. Et il a affirmé que les Comores, comme l’ensemble des pays du monde, ont condamné l’intervention de la Russie en Ukraine.
La question de Mayotte. De nombreuses questions sont arrivées à propos de la situation de l’île de Mayotte. Elles ont permis à Boléro de préciser sa pensée et sa vision sur cette question. Il s’est d’abord étonné des nombreuses questions sur ce sujet et a rappelé que d’une part la question de Mayotte est simple (dans sa compréhension) et que d’autre part, c’est la France qui a un problème et non l’État comorien. Il a rappelé qu’avant même l’indépendance des Comores, la France, en tant que membre permanent de l’ONU, a voté le principe de l’intangibilité des frontières d’un territoire qui prend son indépendance. Pour lui, l’ancienne puissance coloniale doit se conformer au Droit international et aux résolutions de l’ONU dont par ailleurs, elle exige l’application sur d’autres théâtres dans le monde. Pour lui, Mayotte est comorienne et le restera. Pendant ce séminaire, il a souvent fait le parallèle avec la situation qui était celle de l’Allemagne coupée en deux (RFA et RDA), et où les Allemands avaient besoin de visa pour se rendre dans l’une ou l’autre partie, pour constater qu’aujourd’hui l’Allemagne est unifiée. Il a réaffirmé son optimisme en disant que les lignes bougent et qu’à terme la situation se normalisera en faveur de l’unité des Comores. Il a toutefois rappelé à ses détracteurs, qui a chaque fois qu’il vient en France disent qu’il vient vendre Mayotte à la France, qu’il aime autant qu’eux son pays et qu’il est un patriote. Seulement, il se dit plus réaliste et souhaite, par conséquent, pouvoir négocier avec celui qui le contraint de demander un visa pour aller voir sa grand-mère à Mayotte. C’est pour lui le seul moyen de faire cesser cette injustice un jour. Il a même ajouté qu’il aurait souhaité qu’on donne le pouvoir ne serait-ce qu’une journée à ses adversaires qui crient partout qu’il n’y a pas de négociations à mener avec la France ou avec les Mahorais, pour voir s’ils ne seraient pas obligés de négocier. Pour lui, ces négociations ne peuvent se faire que dans le respect des Mahorais, qu’on doit aussi écouter.
La question économique. Certains intervenants l’ont interrogé sur les améliorations économiques et sur les perspectives aux Comores, surtout quand on parle de découverte de pétrole et de gaz dans les eaux comoriennes. Le Directeur de Cabinet a souligné la nécessité de consolider les acquis et persévérer dans les réformes. Sur la question du pétrole, il a affirmé que les Comores discutent dans un premier temps avec leurs voisins sur ces perspectives. Puis, l’État essaie de conscientiser les Comoriens pour éviter que certains n’en viennent à croire que les découvertes éventuelles sont la propriété de telle ou telle île.
Durant deux heures de temps, le Directeur de Cabinet du Président comorien a passé en revue plusieurs sujets, aussi bien ceux qui concernent son ministère (la mise en place d’une garde maritime avec l’aide d’Oman) que ceux qui ne sont pas dans le champ de ses compétences (francophonie, coopération judiciaire…). Il a même eu à répondre sur son avenir politique (candidature en 2016, soutien éventuel…), tout cela au gré des questions et de l’intérêt du public. La diversité des questions était un piège, mais Hamada Madi Boléro est rompu à cet exercice depuis longtemps, aussi bien dans les rues de Moroni que sur les plateaux de télévision. Et l’on doit, honnêtement, dire que dans ce séminaire à l’Assemblée Nationale, il s’en est très bien tiré, donnant satisfaction aux journalistes et chercheurs tout en gardant une certaine réserve sur des questions délicates.
Hamada Madi Boléro est aussi invité par la Fondation Jaurès (une organisation proche du Parti Socialiste français), jeudi prochain, pour parler de son pays. Mais auparavant, il participera à la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale lors des fêtes du 14-Juillet, en compagnie de trois militaires et quatre jeunes Comoriens (un par île) à l’invitation du gouvernement français. Il devrait enfin participer à la cérémonie qui mettra à l’honneur les anciens combattants comoriens de la Première Guerre mondiale le 19 juillet.
Par Mahmoud Ibrahime
Article transmis par Hamada Madi Boléro
© www.lemohelien.com – Dimanche 13 juillet 2014.