Début de l'embargo décrété par le demi-frère du Président et empoignades. Ce vendredi 6 juin 2014, le Blog Mlimadji a publié...
Début de l'embargo décrété par le demi-frère du Président et empoignades.
Ce vendredi 6 juin 2014, le Blog Mlimadji a publié l'information suivante: «À l'heure qu'il est, le Palais de Beit-Salam, où logent le couple présidentiel et ses enfants est déserté. Tôt le matin, la Première Dame accompagnée de ses enfants et munie de ses coffres-forts pleins d'argent et de l'or, a quitté en catimini Beit-Salam pour aller se cacher à Mohéli, fuir la colère du peuple. L'effectif des militaires a triplé au Palais, et Ikililou, ravagé par la peur, a fait la prière de vendredi dans sa mosquée de Beit-Salam. Tous ses courtisans ont été là et on a procédé à de sacrifices pour se protéger contre la révolution qui s'annonce imminente. Qui oserait croire que la toute-puissante dame de fer serait ravagée de peur jusqu'à fuir le Palais et aller se cacher à Mohéli? Là-bas à Djoiezi, les militaires ont quadrillé la ville et les habitants prennent le plaisir de se moquer de Mma Halouoi, et les mauvaises langues disent que dans les 48 heures, elle va se réfugier à l'Île de la Réunion, où elle a acheté une somptueuse villa avec l'argent des Comoriens». Cette information mérite quelques précisions de taille, à commencer par le quadrillage de Djoiezi par les militaires de l'Armée nationale de Développement (AND). Ce quadrillage est dû, avant tout, à l'embargo à Djoiezi décrété par Saïd Bacar, demi-frère du Président Ikililou Dhoinine, contre la Première Dame, qu'il ne supporte pas et qu'il accuse de tous les maux de la Terre depuis l'investiture du chef de l'État, le 26 mai 2011. Le téléphone à la main, de Chennevières-sur-Marne, en France, Saïd Bacar a fait savoir à la Première Dame, originaire de la ville de Fomboni, par deux voies différentes, qu'elle n'était pas la bienvenue à Djoiezi, où elle court le risque d'être reçue de manière très musclée par les jeunes survoltés, qui sont absolument d'accord avec l'embargo.
Naturellement, la Première Dame a répondu à cette menace par un défi de taille, celui de se rendre à Djoiezi, rien que pour prouver qu'elle y a pignon sur rue par les armes de l'AND. Ce vendredi 6 juin 2014 a commencé un mariage «royal» à Djoiezi, et la Première Dame y était invitée, alors que Saïd Bacar a déjà signé son décret lançant l'embargo contre elle. En d'autres termes, elle répond à une provocation par une autre provocation. Cependant, il faut prendre en considération le fait que les jeunes de Djoiezi disposent d'armes automatiques «empruntées» aux militaires depuis la présidence d'Ahmed Sambi, en mai 2010, de la manière la plus spectaculaire. Il est également nécessaire de prendre en compte le fait que l'embargo décrété par Saïd Bacar contre la Première Dame fait désordre, compte tenu de la personne de l'organisateur du boycott de l'épouse du Président de la République. En plus, le fait que le Première Dame soulève de la polémique à Mohéli, surtout à Djoiezi, en décidant d'y aller, n'est pas nécessairement une initiative intelligente, tant s'en faut.
Dès le départ, les jeunes de Djoiezi avaient pris leur décision: si la Première Dame leur imposait la «solution militaire», par une présence massive de la soldatesque chez eux, ils allaient considérer cela comme uncasus belli de plus et allaient bouder les cérémonies. En attendant, Djoiezi est devenue Guantanamo, et cela est le plus grand «service» que la Première Dame pouvait se rendre pour devenir plus «sympathique» aux yeux des gens et pour jeter les bases de sa future carrière politique autonome, celle de colistière du Colonel Azali Assoumani en 2016 à Mohéli, ou celle de Gouverneure de Mohéli, toujours en 2016. En même temps, ce nouvel avatar ne va pas contribuer à rapprocher Ikililou Dhoinine de son terroir djoiezien. L'isolement du couple présidentiel à Djoiezi et la gestion de la mauvaise relation entre lui et la ville frondeuse placent Ikililou Dhoinine dans une mauvaise voie, à un moment où le tout-Djoiezi l'accuse de se laisser déborder par ses proches, au mépris du bon sens et de la décence.
Si la Première Dame n'a jamais été en odeur de sainteté à Djoiezi, cette fois, les choses sont allées trop loin car, pour les Djoieziens, elle est à l'origine de la radicalisation du chef de l'État sur le dossier des jeunes auteurs djoieziens du tract du 1er mai 2014. Tout le monde la désigne comme l'auteur de cette vendetta stupide. Les Djoieziens réclament l'assassinat de l'un des leurs par le régime politique d'Ikililou Dhoinine pour sceller le nouveau «Pacte du sang». À ce rythme, et si un mariage se transforme en champ de bataille surveillé par des militaires surarmés au lieu d'être un lieu de convivialité, le sang finira par couler. Mais, le jour où il coulera, ceux qui vont provoquer les gens chez eux pour prouver leur pouvoir devront assumer leurs responsabilités.
Tout ceci arrive à un moment où le Président de la République et la Première Dame sont d'une impopularité jamais constatée aux Comores. Le rejet des sacs de riz de la Première Dame à Moroni et les graffitis de Cheikh MC et ses amis de fortune sont là pour en témoigner mais, quand on est au pouvoir, on n'admet jamais qu'on est haï et détesté par le peuple. Il faut vraiment une foi de charbonnier pour croire que tout ça finira bien. Nous souhaitons une sortie honorable au Président de la République, le 26 mai 2016, mais son arrogance et son indifférence méprisante face aux problèmes des Comoriens n'augurent rien de bien pour lui et pour son entourage politique. À ce jour, on n'a jamais assisté à une telle désinvolture, à un tel mépris envers les Comoriens et à un tel narcissisme arrogant à la tête de l'État comorien. On n'a jamais vu un mariage transformé en Beyrouth des années 1975-1990 uniquement parce qu'une personne jugée indésirable s'y trouve.
Pour sa part, Saïd Bacar, le demi-frère du Président Ikililou Dhoinine n'exclut pas un coup d'éclat qui laissera un souvenir mémorable au monde entier, dans ses relations pourries avec la Première Dame. Il jure qu'il aura le dernier mot. Il a déjà appelé son cousin germain Soilihi Mohamed, le tout-puissant Conseiller officieux d'Ikililou Dhoinine, l'homme dont la carrière politique a commencé en 1960, et lui a dit au téléphone: «Quand va finir votre petit régime politique pour que nous puissions, enfin, vivre en paix?».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 7 juin 2014.
