Un cas d’école devant servir à toutes les institutions politiques comoriennes. Ceux qui ont vu Mouigni Baraka depuis le samedi 10 mai ...
Un cas d’école devant servir à toutes les institutions politiques comoriennes.
Ceux qui ont vu Mouigni Baraka depuis le samedi 10 mai 2014 disent de lui qu’il est un homme abattu, un homme fini. Bien évidemment, il est soutenu moralement par son frère le Député «Vert» Djaé Ahamada Chanfi, Premier Vice-président de l’Assemblée de l’Union des Comores, assuré de diriger le Parlement à partir de novembre 2014, depuis la saisie de la valise de 80.000 euros qu’avait sur lui le Caporal Bourhane Hamidou dans un aéroport parisien. Mais, pour devenir Président de l’Assemblée, le frère Djaé Ahamada Chanfi doit d’abord se faire élire Député du Oichili, et il s’y emploie avec une intelligence politique et une volonté destinées à faire démentir tous les pronostics malveillants le donnant perdant, au profit de Youssouf Boina. Il a de la ressource, notre grand frère, et il serait imprudent de sous-estimer un homme qui veut relever un défi politique personnel.
Pour l’instant, il a chassé de sa tête ses ambitions politiques personnelles et est auprès du Gouverneur Mouigni Baraka pour l’aider à surmonter l’humiliation de la motion de censure que vient de subir son gouvernement, la deuxième motion de censure dans l’Histoire des Comores, depuis celle du 12 juillet 1972 visant le Président du Conseil de l’époque, le Prince Saïd Ibrahim Ben Saïd-Ali, suite à la plus grosse magouille politicienne des Comores (un Député très versatile «acheté» à 500.000 francs avait même été «séquestré» par les adversaires du Prince, pour qu’il ne change pas de camp et de veste).
Le renvoi des Commissaires (ministres insulaires) du Gouverneur Mouigni Baraka par les Conseillers de l’Île de la Grande-Comore n’est pas un acte survenu à la suite d’une démangeaison cérébrale, mais une démonstration de force que vient de réussir magistralement Mohamed Daoud dit «Kiki», Président du Parti Orange, qui est en train de prouver à sa créature politique qui dirige la Grande-Comore qu’il ne suffit pas de s’affranchir de la tutelle politique de Papa pour être un homme politique entièrement indépendant. Il faut avoir les moyens d’être politiquement indépendant, et jusqu’à maintenant, Mouigni Baraka est encore dépendant de Mohamed Daoud dit «Kiki», qui vient de prouver son enracinement politique et son influence sur une scène politique qu’il domine à la Grande-Comore.
Les malheurs d’un Gouverneur Mouigni Baraka qui voit ses Commissaires se faire renvoyer comme les pires des mauvais garçons ont une seule origine: le réveil et la prise de conscience des Conseillers de la Grande-Comore. Ce qui doit inciter les Comoriens à se poser la question de savoir quand l’Assemblée de l’Union va sortir de sa léthargie comateuse, elle qui vient de faire vivre au pays la législature la plus insignifiante et la plus insipide de 50 ans de vie parlementaire aux Comores. Au cours de cette législature de la torpeur et de la sieste, seul le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed a fait preuve d’activisme, pendant que le Docteur Abdou Djabir s’enfermait dans une loi qui n’intéresse que les gogos: la loi sur l’École coranique. Peut mieux faire. Mais, en manifestant une solidarité corporatiste au Caporal Bourhane Hamidou à la suite de son affaire de valise contenant 80.000 euros et saisie à l’Aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed a déçu tous ceux qui avaient placé en lui leurs espoirs d’un Parlement éveillé qui devait combattre la corruption et qui s’avéra un Parlement croupion, défendant ses propres voleurs.
En tout cas, désormais, les Conseillers de la Grande-Comore méritent considération et respect, car ils viennent de prouver que les élus comoriens sont capables du meilleur quand ils acceptent de prendre possession de leurs prérogatives et de les exercer pleinement.
Par ARM