Le chauffeur de Mouigni Baraka tué par le garde du corps du Gouverneur. Ce mardi 27 mai 2014, un communiqué du Gouvernorat de la Gran...
Le chauffeur de Mouigni Baraka tué par le garde du corps du Gouverneur.
Ce mardi 27 mai 2014, un communiqué du Gouvernorat de la Grande-Comore nous apprend ce que nous savions tous depuis quelques heures, à savoir: «L'accident» par lequel Saïd Alhadhur (Photo), garde du corps du Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, a tiré une balle sur Mouzaoir Ahamada, chauffeur du même Gouverneur, et l'a tué. Les deux hommes sont originaires de la ville de Ntsoudjini, comme le Gouverneur. Au-delà du caractère dramatique de cette mort brutale, il est difficile de comprendre comment on peut tirer des balles à tort et à travers au point de tuer un être humain par une «balle perdue». De fait, tout le monde n'est pas obligé d'ajouter foi à la thèse de «l'accident» car on ne voit pas du tout ce que ce garde du corps faisait de son arme de service au point d'abattre le chauffeur. Il nous faut donc des explications crédibles et non du prêchi-prêcha, du gloubi-boulga et du galimatias. À d'autres! À d'autres! En même temps, l'occasion se présente pour rappeler au Gouverneur Mouigni Baraka qu'il en fait vraiment trop pour sa protection et sa sécurité, que sa garde rapprochée est inutilement celle d'un chef d'État et que ce qui est arrivé devait arriver un jour. En effet, une certaine tendance à l'exagération et à la mégalomanie ubuesque pousse le Gouverneur de la Grande-Comore à s'offrir un service de sécurité qui ne doit pas être le sien.
Quand il y avait de vrais Gouverneurs aux Comores, ils vivaient chez eux, en famille et non dans des forteresses assiégées. Tout le monde connaît la forte et attachante personnalité des anciens Gouverneurs Saïd-Hassane Saïd-Hachim de Grande-Comore, Ahmed Mattoir de Mohéli et Boudra Halidi d'Anjouan, qui se contentaient d'un seul garde du corps, qui était, en fait, un simple accompagnateur. Ces anciens Gouverneurs vivaient paisiblement dans leurs domiciles familiaux respectifs, sans service de sécurité, ni chichis. Aujourd'hui, alors que toute la fonction de Gouverneur est déconsidérée et dépréciée, Mouigni Baraka a fait de Mrodjou une sorte de Fort Alamo tropical, avec des militaires partout. Mais, par Dieu, qui juge cet homme digne d'intérêt au point de vouloir le tuer? Pourquoi un dirigeant aussi insipide et insignifiant pousse-t-il la mégalomanie jusqu'à s'entourer d'un bataillon? Tous ses déplacements mobilisent des dizaines de militaires utilisant des voitures aux sirènes hurlantes. Exagération, donc. Même quand il va chercher à l'école le bulletin scolaire de son enfant, il se fait escorter d'une dizaine de voitures. Aujourd'hui, nous sommes tous tristes du fait de cette mort violente, mais nous devons également lui demander d'adopter un profil bas, en reprenant ses esprits et en sortant des ténèbres dans lesquelles ses tendances mégalomaniaques l'enferment chaque jour, inexorablement.
Comme cette affaire ne peut pas échapper à une politisation certaine, les Comoriens ne sauront jamais ce qui s'est passé exactement ce mardi 27 mai 2014 et qui a occasionné cette mort dont ils se passeraient bien. Nous n'attendons donc rien de l'enquête qui sera bâclée et nous nous fichons comme d'une guigne l'information selon laquelle cette mort serait tout simplement accidentelle.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 28 mai 2014.