Le congrès était impressionnant, la foule immense, la scénographie spectaculaire avec des milliers de sympathisants venus de centaines de ...
Le congrès était impressionnant, la foule immense, la scénographie spectaculaire avec des milliers de sympathisants venus de centaines de cars acclamer son héros. Le foyer de femmes de Moroni était plein à craquer et des milliers d’autres étaient dehors sous un soleil accablant. Des bus continuaient à affluer sur la place de l'indépendance. Des jeunes hommes et femmes, universitaires collégiens et lycéens comme tant d’autres citoyens ouvriers, employés, jeunes cadres, anonymes, scandaient tout, avec la même musicalité dégagée et une profonde assurance « on va gagner », « Azali, retour en 2016 ».
A l'entrée en scène de l’ex président, tout le monde s'est levé et la salle s’échauffe submergée des casquettes au couleur de la CRC et de la couleur du pays, « On van gagner » « Azali Président » revient toujours.
Pendant près 20 mn, l’ex président s'est efforcé d’affirmer son image d’homme d’Etat, à travers un discours souvent interrompu à plusieurs reprises par des « On va gagner ».
Mais c’est la participation massive des sympathisants anjouanais qui a été beaucoup marquante. On attendait deux centaine des sympathisants, ils en étaient venus le triple, avec une coloration tout à fait particulière, la présence d’une association de femme venues spécialement chanter et danser leur héros le président Azali Assoumani.
Tout avait été organisé dans le moindre détail pour que soit réservé un triomphe à Azali Assoumani lorsqu'il est monté sur scène.
Ce grand messie organisé par la grande machine de la CRC est impressionnant. C’est une belle réussite. Tout a été fait pour donner un habillage d’évènement historique à ce congrès le lieu, le temps, et la personne. C’est une mise en scène qui frappe par sa solennité, son caractère et crcien et azalien.
Une nouvelle forme d’expression
De même, la qualité formelle de la langue, la brièveté de l’allocution, tout cela en à peine 20 minutes. Cette durée n'est pas anodine : c’est celle qui convient aux grands évènements historiques, tout comme la structuration du discours en trois parties.
Le discours d’Azali Assoumani par sa cohérence venue de loin, est le plus rassurant. Dénonçant l’intégrisme, rompant avec les codes lexicaux ou la bienséance discursive, Azali Assoumani invente une nouvelle forme d'expression discursive.
Les armes d’Azali Assoumani relève d’un même type de procédé rhétorique, figure rythmique, l’anaphore.
« L’unité nationale est sacrée….
Respecter cette unité c’est agir et se comporter en citoyens responsables …
Respecter l’unité nationale c’est contribuer à la consolidation de ses institutions démocratiques…
Respecter l’unité nationale, c’est respecter la lettre et l’esprit de la déclaration d’indépendance, …
c’est respecter la lettre et l’esprit de la Constitution»
Son discours se construit sur cette figure et donne une profondeur du sens, et produit un effet performatif.
Puis une autre figure de style rythmique, la suspension et ici qui se rapproche un peu de la métaphore : parler d’une chose sans la nommer explicitement,
« Nous assistons depuis un certain nombre d’année, à la prolifération des sectes et des idées sectaires voire, à l’émergence d’un rigorisme douteux et d’un intégrisme religieux inconnu jusqu’ici dans notre pays »
Cette figure de style facilite l’attention. Précise son adversaire, qui n‘a pas de visage, n’a pas de nom. Elle mobilise le pathos, rend possible un sentiment de mobilisation, d’exaltation.
Dans le fond, le discours d’Azali Assoumani présente une certaine régularité. Dans ce discours, l’ex président est entrain de construire un récit. Le récit avant le projet, le projet avant le programme. Le récit d’un homme qui a approfondi sa réflexion, choisi la forme de ses discours, et précise son projet: construire une démocratie consensuelle, sa doctrine politique.
Sa doctrine, une démocratie consensuelle
Dans ce discours, Azali Assoumani précise ses principes : l’unité sacrée de la Nation. Le fondement, une république du Respect. Sa vision: une nation capable de se prendre en charge, loin de l’assistanat et de la mendicité. Il projette alors sa politique de relance économique et de la valeur travail.
C’est dire que le discours d’Azali Assoumani se structure en trois grandes parties. Cette ternarité du discours renvoie d’abord à l‘histoire de la Convention pour le Renouveau des Comores, de ses principes sacrés et de sa doctrine politique, et de sa vison de l’avenir.
Il rappelle les circonstances dans lesquelles la Convention du renouveau pour le Comores a fait date. Il relate les épreuves traversées par ce mouvement politique, vante le courage de leurs dirigeants, admire la détermination des militants et retrace un nouveau souffle et un nouveau départ.
Azali Assoumani n’a pas manqué de rappeler les acquis de cette histoire des Comores : la stabilité politique et l’alternative démocratique.
Venu en homme rassembleur, d’une stature présidentielle, au-delà de la mêlée, fidèle au principe méritocratique, il n’attribue pas cette victoire au parti, « il s’agit d’une œuvre collective de tous les patriote de ce pays », dit- il.
Ses mots préférés : l’unité et la Nation. Il en fait un principe sacré et l’insère dans une figure rythmique donnant une musicalité et une profondeur du sens. « L’unité nationale est sacré »…
Dans ce discours, il trace son ambition pour le parti : la CRC doit être un parti dominant et influent. Et non un parti d’appoint :
« En tant que formation qui a contribué à cette stabilité politique, elle doit assumer ses propres responsabilités et, en être l’un des principaux défenseurs et les garants des institutions démocratiques »
Dans ses thématiques, on trouve la cohérence de sa personnalité d’homme de paix et de consensus, un homme rassembleur.
Ses concepts préférés et le génie comorien
Il s’attache beaucoup à l’unité et à la Nation. C’est un homme qui aime les mots « nation », le mot « travail », le mot, « dignité » et le mot « liberté »….
Dans ce discours, il rappelle le génie du peuple comorien, celui sur qui sont fondés notre richesse, nos atouts, notre aspiration à la paix et à la bonne gouvernance : La force de la jeunesse et l’intelligence comorienne.
Défendeur de la paix, il trace le chemin, propose la vision, et définit les menace qui pèsent sur les consciences : c’est l’intégrisme religieux, ennemi de ce qui fonde notre identité, cet Islam sunnite. Autres menaces évoquées dans le discours, c’est la culture de la mendicité et le chômage qui enlève le sentiment de dignité sociale. Une menace contre laquelle il propose de créer des opportunités pour créer de l’emploi.
Sa vision est de rendre à la Nation comorienne le sentiment de fierté et de la liberté, la capacité de croire en nous-mêmes :
« Une Nation ne se nourrit pas seulement des valeurs de sa religion aussi nobles qu’elles soient ni de la qualité de ses institutions, aussi démocratique qu’elles puissent être.
Une Nation doit pouvoir puiser ses forces dans ses ressources propres et croire en elle-même.
Aucune mine d’or, aucun gisement de pierres rares, aucune manne pétrolière ne peut remplacer les ressources humaines dont notre pays regorge. »
Il revalorise les intelligences, il place la confiance au peuple comorien, il reconnait ses atouts comme ses ressources.
Dans un monde globalisé et de mutations, Azali Assoumani rappelle la nécessité de renforcer les formes de solidarité. Il invite au pragmatisme et à la recherche du grand intérêt national comme garant d’un avenir meilleur.
Son goût de l’Histoire
Ayant un goût de l’histoire et de la place qu’il veut y occuper, Azali Assoumani rend un vibrant hommage à ceux qui ont construit le pays, qui ont lutté pour l’indépendance.
C’est un discours de rassemblement, de vision, de clarification quant à sa doctrine, ses principes, son rapport à la nation et les combats à mener dans les échéances futures.
Par
Msa Ali Djamal