Il n'y a pas à dire, on vit une époque formidable. Dimanche, le parti socialiste prend une dérouillée électorale historique aux électio...
Il n'y a pas à dire, on vit une époque formidable. Dimanche, le parti socialiste prend une dérouillée électorale historique aux élections européennes, sorte de second tour des municipales qui ont déjà été une catastrophe, deux mois plus tôt, et les électeurs placent le Front national à la première place en lui donnant 25% des voix.
On se demande alors qu'elle initiative va prendre le président de la République pour sortir de cette impasse politique. Mais voilà que François Hollande n'a rien le temps d'annoncer, si tant est qu'il ait eu des velléités de dévoiler quelque chose.
Car lundi apporte la réplique du séisme de la veille.
Ebranlé depuis plusieurs jours par une affaire de surfacturation qui atteint l'UMP via la société de communication Bygmalion, Jean-François Copé prépare un contre-feux: le dépôt d'une plainte contre X pour se dédouaner de toutes les accusations dont il est l'objet, de façon à peine feutrée, de la part de ses «compagnons» de parti.
Mais voilà que l'avocat de Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, donne un coup de «booster» inattendu, en révélant que l'affaire n'est pas celle que l'on croit. Son client – Bygmalion – s'est vu «imposer», affirme-t-il, la prise en charge d'une partie des dépenses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Montant de l'addition, selon lui: 10 millions d'euros.
En moins de 24 heures, le pays vient peut-être de perdre deux candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle de 2017: le Président en place et son prédécesseur. Le premier est atteint dans sa crédibilité politique. Les électeurs ne perçoivent pas les résultats de sa politique car ils sont jusqu'ici inexistants tant sur le front du chômage que sur celui de la reprise économique, sans cesse annoncée mais jamais aperçue.
Sa popularité est au 36e dessous et aucun chef de l'Etat de la Ve République n'a plongé aussi vite et aussi bas. La majorité stable s'est réduite au fil du temps au seul Parti socialiste qui, lui même, est miné par un noyau d'opposants désireux de s'écarter de la voie social-démocrate hollandaise.
Coincé entre des résultats électoraux calamiteux depuis le début du quinquennat, une confiance plus que ténue d'un l'électorat déboussolé et une guérilla interne fratricide, François Hollande est dans un «corner» dont il ne parvient pas à s'extraire. Sa marge de manœuvre actuelle n'est pas faible, elle est nulle en France et elle dépend du bon vouloir de nos partenaires en Europe.
« C'était ça ou ils n'étaient pas payés »
Quant à son prédécesseur à l'Elysée, il n'est pas dans une bien meilleure position. C'est peu dire. Calfeutré dans une position d'attente depuis deux ans, dont il sortait à intervalles réguliers via des rumeurs, des bruits de couloirs, des vrais-faux entretiens, des propos complaisamment rapportés pour rappeler son existence. Et entretenir la flamme de ses supporteurs persuadés qu'il est le seul à pouvoir ressusciter la droite.
Mais au fil du temps, les dirigeants de l'UMP, enfin celles et ceux qui ne pratiquent pas le culte de la personnalité, se sont rendus compte que la stratégie sarkozyste consistait essentiellement à vitrifier la réflexion du parti et à le cantonner patiemment dans l'attente du sauveur prodigue. De plus en plus, ils se sont émancipés. D'autant qu'un certain nombre d'affaires lui collent aux basques et risquent, immanquablement, de rejaillir sur le mouvement néogaulliste.
Enfin, ses dernières réflexions sur l'Europe publiées dans l'hebdomadaire Le Point, à la veille des élections, ont suscité, au mieux, une mention polie mais cruelle chez ses amis, et, au pire, un désintérêt total chez nos voisins allemands – Angela Merkel en particulier – à qui elles étaient pourtant en partie destinées. C'est dans une phase d'oubli national et international que Nicolas Sarkozy est entré.
En plus de ce bilan assez peu encourageant pour rebondir s'ajoutent maintenant de lourdes interrogations sur le financement de sa campagne présidentielle. Déjà, le Conseil constitutionnel, après la Commission des comptes de campagne, avait refusé de valider ces fameux comptes au motif qu'il avait décelé un dépassement après réintégration des dépenses qui n'avaient pas été comptabilisées.
Cette décision – véritable coup de tonnerre qui avait été dramatisé et surmédiatisé par Nicolas Sarkozy – avait privé l'UMP d'un remboursement public de 10 millions d'euros. Chacun se souvient que ce manque à gagner avait donné lieu à l'organisation d'un «Sarkothon» faisant appel à la générosité des militants du mouvement. Tout cela s'était fait à grand renfort de déclarations d'amour qui, aujourd'hui, prendraient une étrange tournure, s'il s'avérait au bout du bout que les dépenses n'ont pas été seulement sous-évaluées mais également… truquées. Avec des relents, si l'on en croit Me Maisonneuve quand il dit que Bygmalion a subi un «chantage économique» —«C'était ça ou ils n'étaient pas payés», de comportements mafieux.
A vrai dire, l'avenir de François Hollande et celui de Nicolas Sarkozy semblent désormais se jouer sur deux terrains différents. Le premier est dans un cul-de-sac politique alors que le second ne parvient à sortir d'une nasse judiciaire dotée de plusieurs entrées mais apparemment d'aucune sortie encore visible. Quoi qu'il en soit les deux hommes d'Etat, l'actuel et l'ancien, se trouvent sur des toboggans identiques qui conduisent vers la sortie.
Au vu des données connues et sauf nouveaux rebondissements inconnus à ce jour, Hollande et Sarkozy voient de plus en plus leurs destins se lier irrémédiablement: ni l'un ni l'autre ne sera en lice en 2017. D'ici peu, le PS et l'UMP devront se mettre en action pour renouveler un personnel politique défaillant, si eux aussi ne veulent pas disparaître de la scène. Ou bien s'effacer pour une cure de rétablissement politique et moral.
Olivier Biffaud / slate.fr
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