ROHFF : « Je suis loin de la perfection, mais je fais ma propre introspection »

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Défendant des valeurs après avoir rempli son casier, l’enfant des Comores a construit en vingt ans une des plus belles réussites de la scèn...

Défendant des valeurs après avoir rempli son casier, l’enfant des Comores a construit en vingt ans une des plus belles réussites de la scène rap française. Il effectue une nouvelle tournée des Zéniths.

Quels souvenirs avez-vous gardé de votre enfance aux Comores ?

J’y ai vécu jusqu’à l’âge de 7 ans, ça ne s’oublie pas ! Ma mère étant partie en France, en attendant qu’elle nous fasse venir, je vivais avec ma grand-mère, avec mes cousins, plein d’amis, le soleil… On jouait au foot, on traînait un peu, on embêtait les chèvres… La vie au village, quoi !


L’arrivée en région parisienne fut-elle un choc, ou un changement excitant ?

Un peu des deux. Un jour, on m’a habillé, j’ai mis des mocassins pour la première fois, on m’a emmené à l’aéroport. Je n’ai aucun souvenir de l’avion, mais je me souviens bien de l’atterrissage : ma mère que je n’avais pas revue depuis deux ans, mes premiers pas en France, la première fois que je voyais autant de « blancs ». J’ai appris le français en regardant beaucoup la télé, les dessins animés, avec l’innocence d’un enfant. J’ai fait une première année de perfectionnement avant d’entrer en CP, j’avais déjà quasiment deux années de retard. J’ai dû redoubler d’efforts pour être toujours dans les cinq premiers de la classe. J’avais un fort penchant pour la langue, j’essayais de ramener des bons points à la maison pour faire plaisir à maman.

Est-ce cet amour des mots qui vous a mené au rap ?

Oui. Cette langue que j’avais commencé à parler bien après ceux qui sont nés ici est devenue mon instrument de travail, j’arrive aujourd’hui à en vivre. J’étais assez bon en rédaction, j’ai continué à gratter : je séparais les cahiers en deux, avec un côté pour les leçons, l’autre pour le rap.

Avec la chanson « N Double A », votre dernier album, « P.D.R.G. », comporte un clin d’œil à N.W.A. : un groupe qui a compté à vos débuts ?

Oui, je trouvais que le rap américain était techniquement très abouti, très musical, ça sonnait mieux que le rap français ! Mais j’écoutais comme tout le monde NTM, IAM, Little MC, Lionel D… J’ai un peu suivi la old school.
À partir de quand inventez-vous le personnage de Rohff ?
Je n’étais pas tagueur, mais je voulais tout de même un pseudo. Je suis parti de « roughneck », qui veut dire « cou dur » [NDLR : littéralement, mais aussi « fauteur de troubles », « bagarreur »]. J’ai gardé « rough », en changeant l’écriture. ROHFF signifie « rimeur offensif honorant le fond et la forme ».

Les joutes oratoires vous attiraient ?

J’ai toujours voulu me transcender, faire mieux que la veille. J’étais donc d’abord en compétition avec moi-même, avant d’avoir des concurrents.

Est-ce de cet esprit de compétition que résultent ces histoires de « clash » avec Booba, dont internet raffole ? Est-ce sérieux ?

C’est plutôt sérieux. Dans la vie, il y a des clans, des guerres d’opinions, de personnalités. On est forcément amenés un jour à avoir ce genre d’opposition. Mais je n’ai pas besoin de ça pour faire du buzz ! Aujourd’hui, c’est un feu complètement éteint.

Vous chantez « Je suis ce Comorien attaché à ses valeurs » : quelles sont-elles ?

La solidarité, l’amour du peuple, la sincérité… Je suis assez droit en amitié, je suis loyal. Il y a aussi les valeurs religieuses : je ne prétends pas être le meilleur des musulmans, mais je suis croyant, ce sont mes fondations.

Vous êtes proche de Kery James, qui se définit comme un « rappeur engagé et musulman éclairé » : vous n’avez pas vraiment la même image…

C’est un ami d’enfance, mais nous avons des personnalités différentes, des parcours de vie différents, même si on a traversé les époques ensemble. Chacun mène sa barque à sa manière. Je suis loin de la perfection, mais je fais ma propre introspection dans mes chansons. À chaque mal, un bien, et inversement. À chaque étage, il y a des épreuves. Je n’incite personne à l’autodestruction, je revendique la débrouillardise, la transcendance, je tiens à ce que les jeunes aient une bonne mentalité, l’envie de se battre, de faire du sport.

Après avoir vendu des centaines de milliers d’albums, j’imagine que vous vous êtes « embourgeoisé »…

C’est clair. On vit de notre passion ! Mais j’habite toujours dans le 94 [le Val-de-Marne].
Vous chantez « L’oseille » : quel est votre rapport à l’argent ?
C’est une chanson que j’ai dédiée au peuple, je n’ai pas voulu recourir aux clichés bling-bling, trop faciles. Dans le bling-bling, il n’y a pas d’âme. Mais la réussite ne peut pas se cacher indéfiniment. Quand on était petits, on jouait aux voitures ; aujourd’hui, j’ai les moyens, je roule en grosses voitures et j’aime ça. On est dans les histoires de Ferrari, de Mercos [Mercedes], de Porsche, ce genre-là…
Dans une chanson comme « Zlatana », il y a tout de même un côté bling-bling…
Ça parle d’un type de meufs, les filles intéressées qui plument les mecs. Ce n’est pas une expérience vécue, mais j’en entends souvent parler autour de moi. Il y a des chanceux et des malchanceux, des avertis et des naïfs.
Avez-vous parfois été naïf dans votre vie ?
Oui, c’est arrivé, mais pas dans ce registre-là. J’ai eu des déceptions comme tout le monde sur le plan de la nature humaine.

Vous avez été condamné en 2005 pour avoir tiré sur deux personnes à la sortie d’une boîte de nuit, puis en 2007 pour violence avec armes, après une altercation avec votre frère, ce qui vous a valu de faire quatre mois de prison : portez-vous toujours une arme sur vous ?

C’est tellement vieux tout ça ! Dès que je suis sorti de prison, je suis passé à autre chose. Ça me fait bizarre d’en reparler. Je peux dire qu’en prison, être un peu isolé, réfléchir, prendre du recul sur le monde qui m’environnait et ce à quoi j’aspirais, ça m’a fait grandir. À la sortie, j’ai fait un album qui s’appelait Le Code de l’horreur, qui a eu un beau succès [NDLR : plus de 180 000 exemplaires vendus]. Le truc, avec la prison, c’est de ne pas y retourner. Il faut surtout regarder ce qu’on a fait après…
Samedi 26 avril à Strasbourg (Zénith). Tarifs : 35/39 €. Rens. www.zenith-strasbourg.fr
Propos recueillis par Olivier Brégeard |lasace.fr
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