La Tanzanie, née de l'union en 1964 du Tanganyika continental et de l'archipel de Zanzibar, célèbre samedi son 50e anniversaire sur...
La Tanzanie, née de l'union en 1964 du Tanganyika continental et de l'archipel de Zanzibar, célèbre samedi son 50e anniversaire sur fond de dissensions au sein du couple qui rendent son avenir incertain.
La cohabitation entre les parties continentale et insulaire du pays, fort différentes, n'a pas toujours été simple et les citoyens de l'archipel, qui n'avaient pas été consultés au moment de l'union, ont toujours du mal à accepter ce qu'ils considèrent comme un mariage forcé.
"Je ne crois pas que l'Union soit aussi stable qu'elle l'était dans le passé, car, depuis trois ans, les gens discutent d'une structure alternative", explique Abdul Sheriff, ancien professeur d'Histoire à l'université de Dar es Salaam.
Les habitants de Zanzibar aux racines arabes, africaines et indiennes, se considèrent différents de leurs compatriotes de la partie continentale. L?archipel, qui prospéra longtemps grâce au commerce, principalement des épices, mais aussi des esclaves, peine aujourd'hui à suivre le développement économique du reste du pays.
L'archipel bénéficie d'une autonomie relative au sein de l'Union et est doté de ses propres institutions. Mais ses habitants estiment qu'elles ne pèsent d'aucun poids face à l'hégémonie de la partie continentale au sein de l'Union.
Cette crise identitaire tombe mal, alors que le président Jakaya Kikwete tente d'imposer la Tanzanie comme un géant de la région, mettant en avant sa stabilité politique, ses ressources naturelles - tels l'or, le nickel et le gaz naturel découvert récemment dans ses eaux côtières - et son industrie touristique florissante.
- Une voie incertaine -
Pour calmer les tensions, le gouvernement a accepté, en 2011, d'entamer un processus de révision de la Constitution. Un comité constitutionnel a fait le tour du pays pour prendre le pouls de la population puis rédigé un projet de Constitution, soumis en mars à une assemblée constituante, chargée d'élaborer une version finale qui sera soumise à référendum.
Le projet prévoit la création d'une fédération, dirigée par un gouvernement fédéral chargé de domaines de souveraineté tels que la Défense ou les Affaires étrangères, tandis que Zanzibar et la partie continentale auront chacun un gouvernement local et une certaine dose d'autonomie pour gérer leurs affaires.
"Si c'est ce choix qui est privilégié, l'Union pourrait devenir stable", analyse Abdul Sheriff, par ailleurs membre de l'Assemblée constituante et partisan de cette réforme.
Mais le président Kikwete juge le projet trop coûteux et dangereux pour l'unité du pays.
"Si on commence à se séparer les uns les autres aujourd'hui, les choses seront compliquées demain", a déclaré en mars le chef de l'Etat, partisan de conserver la structure actuelle où gouvernement d'Union fort côtoie les autorités autonomes de Zanzibar.
Dès le début des travaux de l'Assemblée constituante mi-février, les difficultés ont commencé. Et début avril, près de 200 ses membres - principalement des membres des partis d'opposition et des représentants de Zanzibar - ont quitté les bancs, se disant harcelés par les représentants du Chama Cha Mapinduzi, parti du président Kikwete.
L'Assemblée constituante ne dispose plus désormais d'assez de représentants de Zanzibar pour poursuivre ses travaux, souligne Bernadeta Killian, professeure de Sciences politiques à l'Université de Dar es Salaam et autre membres de la constituante.
"Et si le parti au pouvoir fait passer le projet sans les partis d'opposition, le processus manquera de légitimité. Donc la direction que prend l'Union est incertaine pour le moment", estime-t-elle, "mais c'est la première fois que nous avons un débat ouvert sur l'Union. Énormément de choses qui avaient été mises sous le tapis ou faites à huis clos sont maintenant débattues ouvertement".
Selon Abdul Sheriff, qui dit craindre des violences si le gouvernement tente de modifier le projet soumis à la constituante, "la survie de l'Union pour 50 nouvelles années dépendra de notre capacité à trouver une structure appropriée, au sein de laquelle les deux entités peuvent vivre. Il va falloir attendre pour voir".
Mme Killian se veut plus optimiste: "Depuis 1964, il y a toujours eu des problèmes et, à chaque fois, des gens ont prédit l'effondrement de l'Union, mais elle a toujours survécu. Si nous arrivons à sortir intacts de ce processus, alors l'Union sera plus forte que jamais". Par Chris Oke | AFP
La cohabitation entre les parties continentale et insulaire du pays, fort différentes, n'a pas toujours été simple et les citoyens de l'archipel, qui n'avaient pas été consultés au moment de l'union, ont toujours du mal à accepter ce qu'ils considèrent comme un mariage forcé.
"Je ne crois pas que l'Union soit aussi stable qu'elle l'était dans le passé, car, depuis trois ans, les gens discutent d'une structure alternative", explique Abdul Sheriff, ancien professeur d'Histoire à l'université de Dar es Salaam.
Les habitants de Zanzibar aux racines arabes, africaines et indiennes, se considèrent différents de leurs compatriotes de la partie continentale. L?archipel, qui prospéra longtemps grâce au commerce, principalement des épices, mais aussi des esclaves, peine aujourd'hui à suivre le développement économique du reste du pays.
L'archipel bénéficie d'une autonomie relative au sein de l'Union et est doté de ses propres institutions. Mais ses habitants estiment qu'elles ne pèsent d'aucun poids face à l'hégémonie de la partie continentale au sein de l'Union.
Cette crise identitaire tombe mal, alors que le président Jakaya Kikwete tente d'imposer la Tanzanie comme un géant de la région, mettant en avant sa stabilité politique, ses ressources naturelles - tels l'or, le nickel et le gaz naturel découvert récemment dans ses eaux côtières - et son industrie touristique florissante.
- Une voie incertaine -
Pour calmer les tensions, le gouvernement a accepté, en 2011, d'entamer un processus de révision de la Constitution. Un comité constitutionnel a fait le tour du pays pour prendre le pouls de la population puis rédigé un projet de Constitution, soumis en mars à une assemblée constituante, chargée d'élaborer une version finale qui sera soumise à référendum.
Le projet prévoit la création d'une fédération, dirigée par un gouvernement fédéral chargé de domaines de souveraineté tels que la Défense ou les Affaires étrangères, tandis que Zanzibar et la partie continentale auront chacun un gouvernement local et une certaine dose d'autonomie pour gérer leurs affaires.
"Si c'est ce choix qui est privilégié, l'Union pourrait devenir stable", analyse Abdul Sheriff, par ailleurs membre de l'Assemblée constituante et partisan de cette réforme.
Mais le président Kikwete juge le projet trop coûteux et dangereux pour l'unité du pays.
"Si on commence à se séparer les uns les autres aujourd'hui, les choses seront compliquées demain", a déclaré en mars le chef de l'Etat, partisan de conserver la structure actuelle où gouvernement d'Union fort côtoie les autorités autonomes de Zanzibar.
Dès le début des travaux de l'Assemblée constituante mi-février, les difficultés ont commencé. Et début avril, près de 200 ses membres - principalement des membres des partis d'opposition et des représentants de Zanzibar - ont quitté les bancs, se disant harcelés par les représentants du Chama Cha Mapinduzi, parti du président Kikwete.
L'Assemblée constituante ne dispose plus désormais d'assez de représentants de Zanzibar pour poursuivre ses travaux, souligne Bernadeta Killian, professeure de Sciences politiques à l'Université de Dar es Salaam et autre membres de la constituante.
"Et si le parti au pouvoir fait passer le projet sans les partis d'opposition, le processus manquera de légitimité. Donc la direction que prend l'Union est incertaine pour le moment", estime-t-elle, "mais c'est la première fois que nous avons un débat ouvert sur l'Union. Énormément de choses qui avaient été mises sous le tapis ou faites à huis clos sont maintenant débattues ouvertement".
Selon Abdul Sheriff, qui dit craindre des violences si le gouvernement tente de modifier le projet soumis à la constituante, "la survie de l'Union pour 50 nouvelles années dépendra de notre capacité à trouver une structure appropriée, au sein de laquelle les deux entités peuvent vivre. Il va falloir attendre pour voir".
Mme Killian se veut plus optimiste: "Depuis 1964, il y a toujours eu des problèmes et, à chaque fois, des gens ont prédit l'effondrement de l'Union, mais elle a toujours survécu. Si nous arrivons à sortir intacts de ce processus, alors l'Union sera plus forte que jamais". Par Chris Oke | AFP