La situation a commencé le dimanche matin 30 mars lorsque la population du village de Bandralamahalé a constaté les fissures sur la route p...
La situation a commencé le dimanche matin 30 mars lorsque la population du village de Bandralamahalé a constaté les fissures sur la route principale et au niveau de quelques maisons. Mais c’est surtout le lundi 31 mars que les autorités insulaires ont constaté le réel danger. Le Gouverneur par intérim, le Commissaire en charge de la Gouvernance financière, Monsieur Dhoihir Dhoulkamal, en compagnie du Directeur de Cabinet du Gouverneur chargé de la sécurité intérieure, Ahmed Ben Saïd Jaffar et du Directeur régional de la sécurité civile, le Lieutenant Madjid se sont immédiatement rendus sur les lieux. Ayant constaté les faits, le Gouverneur par intérim a informé les autorités nationales et mobilisé l’Exécutif de l’île pour prendre des mesures urgentes en vue de sécuriser la population sinistrée.
Constituées en cellule de crise, les autorités insulaires et nationales ont pris les mesures appropriées, l’évacuation de la population vulnérable. En effet, le village de Bandralamahalé, situé au Nord-est de l’île, est constitué en deux zones dont l’une est exposée au danger d’où l’évacuation de la population et son installation à Bambao Mtsanga.
Cette cellule de crise qui a élu domicile au siège de la Mairie de Bambao Mtsanga, est composée du Gouvernorat de l’Ile Autonome d’Anjouan et de son Exécutif, de la Sécurité civile, des forces de l’ordre, de la Mairie de Bambao Mtsanga, de la Coordination de l’Union des Comores, du Croissant-Rouge Comorien, de l’Observatoire du Volcan Karthala, des Agences du Système des Nations Unies, des chercheurs de l’université des Comores, entre autres. Elle est à pieds d’œuvre et veille pour, d’abord la prise en charge totale des personnes vulnérables mais aussi pour le suivi de la situation qui évolue constamment.
Le constat fait, selon les dernières évaluations, est que plusieurs fissures sont visibles tout le long de cette zone à l’entrée du village de Bandralamahalé, avec affaissements qui varient entre 20 et 80 cm et ces fissures s’étendent de la colline jusqu’au niveau de la plage. Le phénomène évolue et les failles sont entre 30 à 80 cm d’écartement avec une profondeur variant entre un à deux mètres. Des maisons sont démolies ou cassées et de l’eau sortait le long de la falaise vers la mer.
L’impact humain est considérable, 487 familles sont déplacées. Selon le rapport de la Cellule de crise, plus de 3 030 personnes sont à prendre en charge pendant au moins trois mois, installées dans des campements, sous des tentes à Bamabo-Mtsanga à partir de la soirée du lundi 31 mars. De ces personnes sinistrées, il y a 706 hommes, 1 686 femmes dont 600 en âge de procréer, 638 Maison effondréeenfants de moins de 5 ans, 29 handicapés, 261 personnes âgées, 70 femmes enceintes DSC01928dont 20 grossesses à terme sans compter les 15 accouchements qui ont eu lieu depuis le début de la crise.
Selon les experts sur place, ayant constaté et analysé la situation, les origines de ce phénomène, dans ce village, sont entre autres le fait que le terrain soit volcanique, la semaine pluvieuse survenue dans l’île ayant entrainée une forte érosion et l’activité sismique d’il y a un mois qui a touché toute l’île et qui a accentué le phénomène. Mais d’autres antécédents pourraient également contribuer ; il s’agit du déboisement et de la déforestation dans cette zone qui habituellement est considérée comme étant une zone vulnérable du fait des éboulements fréquents pendant les périodes pluvieuses.
Le Gouverneur de l’ile, Son Excellence Anissi Chamsidine, qui se trouvait à l’étranger, a du écourter son séjour pour soutenir la population sinistrée, suivre de près la situation et prendre les mesures qui s’imposent. Dès son arrivée à Anjouan le jeudi 03 avril en fin d’après-midi, le Gouverneur Anissi Chamsidine, en compagnie des membres de l’Exécutif et de son Cabinet, s’est rendu sur les lieux. Après s’être imprégné de la situation auprès des responsables de la cellule de crise, à Bambao-Mtsanga, le Gouverneur s’est rendu à Bandralamahalé pour constater l’état de dégradation de la zone. Il a ensuite visité les camps des déplacés avant de prononcer quelques mots. Sur place, le Gouverneur a tenu à remercier le Chef de l’Etat pour sa sensibilité, les membres de son Exécutif, la Direction de la Sécurité Civile, le Système des Nations Unies, les forces de sécurité, la Gouverneur 03Mairie de cette commune, le Croissant Rouge Comorien et les communautés avoisinantes en particulier celle de Bambao Mtsanga ainsi que tous ceux et celles qui ont bien voulu se mobiliser pour contribuer à aider ces sinistrés. Son Excellence a, par ailleurs, demandé à ceux qui assurent la protection de prendre les mesures de sécurité qui s’imposent afin d’empêcher la population de se rendre dans cette zone à risque et a aussi demandé la vigilance de toute la population.
Vu l’urgence de cette situation, les missions se présentent pour se rendre compte de la situation. C’est le cas de l’ancien Président de l’Union des Comores monsieur Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, qui s’est rendu sur les lieux dans la matinée du mardi 31 mars pour apporter son soutien aux familles déplacées. C’est ainsi qu’il a fait un don de 22 matelas et 100 cartons d’eau minérale. Le Vice-président en charge des infrastructures, assurant l’intérim du Chef de l’Etat en déplacement vers l’extérieur, Son Excellence Monsieur Nourdine Bourhane, a également fait le déplacement pour soutenir les sinistrés. Monsieur Fouad Mohadji, Vice-président en charge de la Santé, a quant à lui partagé sa compassion avec la population de Mahalé ce samedi 05 avril aux cotés de la représentante de l’Organisation Mondiale de Santé.
Il est à souligner ici que le regroupement de ces familles dans ces campements reste indispensable du fait que, désormais ces familles ne peuvent en aucun cas retourner vivre chez eux. Toutefois les conditions d’hygiène, d’assainissement, d’accès aux soins de santé, de prévention des maladies et de nutrition ne sont pas assurées d’où d’éventuelles difficultés à gérer au quotidien. D’ailleurs, jusqu’au samedi 05 avril, 15 accouchements ont été enregistrés, 20 cas de fièvre chez les enfants de moins de 5 ans et d’autres maladies, notamment des diarrhées. Cette situation s’avère difficile dans la mesure où même s’il existe à proximité un dispensaire mais on enregistre le manque de médicaments et de personnel qualifié disponible pour assurer les soins. Cela dit, un dispositif sérieux doit être mis en place notamment en matière de prise en charge alimentaire, sanitaire, éducatif et sécuritaire. D’ailleurs, l’Exécutif de l’île d’Anjouan, préoccupé par cette situation, a tenu a faire sur place son Conseil en inter, pour vivre de près les difficultés et pouvoir en tirer les leçons et trouver les solutions appropriées. Parmi les sujets préoccupants, la santé et l’éducation.
A noter aussi que si les évaluations font état de 3 030 personnes déplacées, mais le phénomène affecte aussi indirectement les villages avoisinants notamment ceux de Harembo, Hajoho, et Jimlime, soit une population totale d’environ 10 000 personnes qui se trouvent complètement enclavées du fait de la coupure de la seule voie d’accès dans la zone, selon le rapport de la Cellule de crise.
‘’Dieu a voulu nous alerter, c’est pourquoi cet affaissement et glissement se fait au ralenti. Nous devons donc prendre les précautions nécessaires’’, a indiqué le Gouverneur de l’ile, Son Excellence Anissi Chamsidie. Dar Nadjah