Plus dure sera la chute, car tout le monde sait que bien mal acquis ne profite jamais, même si on est convaincu du contraire. Le peuple c...
Plus dure sera la chute, car tout le monde sait que bien mal acquis ne profite jamais, même si on est convaincu du contraire. Le peuple comorien n’ignore pas les conditions douteuses, contestables et contestées qui ont conduit Ikililou Dhoinine au pouvoir. Voilà bientôt 3 ans que Beït-Salam est occupé par un homme qui a emprunté un chemin parsemé d’un doute envahissant et contagieux. Voilà un homme qui a été la proie faible et affaiblie d’un esprit vicieux, machiavélique et diabolique, celui d’un mégalomane victimaire et même «victimiste» appelé Ahmed Sambi, puisque le «victimisme» est devenu la religion de certains. Il pouvait susciter de la compassion par son côté goguenard et débonnaire, et même bénéficier de circonstance atténuantes: «Ikililou Dhoinine veut faire quelque chose de bien, mais il est mal entouré. C’est son entourage qui est mauvais». Or, on oublie deux choses: d’une part, c’est lui-même qui choisit son propre entourage, et d’autre part, ça lui plaît d’être mal entouré car cela permet de mettre tous ses défauts, nécessairement nombreux, sur le compte de son entourage, qui n’a jamais fait l’unanimité. Il est de notoriété publique qu’il fait de la politique par procuration et par défaut, dans la mesure où, avant de prendre ses fonctions de Vice-président le 26 mai 2006, il était vierge de toute expérience politique.
En d’autres termes, les Comoriens sont restés dubitatifs à son égard, surtout quand ils savent qu’il n’avait aucun «background» politique avant le 26 mai 2006 et que, sur le plan politique, ils ignorent tout de sa «carte génomique» et de son «ADN idéologique». Il avait fait semblant de ne nourrir aucune ambition. Pendant les cinq années de règne de son mentor Ahmed Sambi, il avait pris soin de rester discret jusqu’à l’effacement et à l’inexistence, alors qu’il se préparait discrètement à succéder à son «lanceur de carrière présidentielle» encore auréolé de sa popularité de 2006, qui appartient désormais au passé. Heureusement. Il s’était prudemment glissé dans l’ombre d’Ahmed Sambi, faisant preuve de retenue et d’humilité, mal à l’aise face au faste du pouvoir, créant l’illusion d’esquiver les honneurs de la fonction et les passe droits. Bien évidemment, c’était une simple apparence et de la poudre aux yeux.
Alors que chacun pensait que de par sa nature discrète, il allait aller être un moindre mal pour le pays sorti à peine d’une aventure séparatiste, qui dura de février 1997 à mars 2008, et de régimes autoritaires obtus et bornés, il en fit exactement le contraire. Tout le monde espérait qu’avec lui, le pays allait retrouver un climat serein qui allait favoriser un véritable dialogue de réconciliation nationale et inciter le pouvoir à gouverner avec le souci permanent du consensus national, mais il n’en fit strictement rien. Et s’il a fait quelque chose, personne ne l’a vu s’inscrire sur la rubrique «Passif» de son bilan politique chétif et rabougri. Du reste, très vite, tout le monde allait déchanter en découvrant la vraie nature du Docteur Ikililou Dhoinine, quand il décida de faire tomber le masque et de briser le plafond de verre.
Depuis quelque mois, nous voyons s’exprimer sans retenue le véritable Ikililou Dhoinine, avec tous les traits caractéristiques qui font sa personnalité si particulière et antipathique dans un sérail politique où il détonne. C’est un homme autoritaire, brutal, cassant, méprisant, très peu porté sur la fidélité en politique, suffisant et qui ne se sent bien que sous la peau d’un mythomane victimaire. Nous avons assisté à la manière peu orthodoxe avec laquelle la société civile a été pulvérisée, et ses revendications jetées aux orties, par l’usage fait du chantage. Les intimidations et pratiques de séquestration de biens sont courantes sous sa présidence. Ce qui constitue une atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment à la liberté d’expression.
Dans la foulée, il piétine avec mépris et arrogance l’arrêt de la Cour constitutionnelle, viole la Constitution, provoquant la marginalisation d’une institution de l’État. Le prétexte d’harmonisation des élections des Députés et des Conseillers n’est qu’une manœuvre dilatoire, à la fois fallacieuse et sans le moindre fondement juridique. Dans sa dérive autoritariste, le régime politique du Docteur Ikililou Dhoinine n’hésite pas à réprimer une manifestation pacifique des élèves de lycée et collèges de Moroni réclamant le droit de retrouver le chemin de l’École. Cette répression était faite avec une violence inouïe, faisant plusieurs victimes parmi les élèves. Elle aurait été incomplète si elle ne devait pas suivie de nombreuses arrestations pour le moins arbitraires. Le pouvoir du Docteur Ikililou Dhoinine, par cet acte irresponsable et barbare, vient de s’en prendre à une valeur inestimable et essentielle de notre patrie: notre jeunesse, l’espoir d’un futur proche de notre pays. Il a ainsi porté le fer contre notre chaire et notre sang. C’est une nouvelle déclaration de guerre claire et nette qu’il vient de signer, après sa «guerre constitutionnelle» contre le peuple. Nous le ressentons ainsi.
Nous tenons à affirmer notre soutien et notre solidarité aussi bien au Mouvement de la société civile comorienne, que le pouvoir veut à tout prix bâillonner, qu’aux étudiants, sur lesquels les Forces de la Gendarmerie nationale, sur ordre d’Ikililou Dhoinine, se sont acharnées sur eux sans état d’âme, ni scrupules, ni retenue.
Nous condamnons avec la plus grande fermeté des pratiques d’un autre temps, des pratiques qui sont contraires aux principes démocratiques, dont nombreux parmi nous sont tombés pour que notre peuple puisse en jouir sans modération. Nous lançons un avertissement au Docteur Ikililou Dhoinine, qui vient de rompre le pacte républicain. Il assumera toutes les conséquences de ses actes.
Nous tenons à réaffirmer à nos frères mohéliens qu’ils ne sont nullement mis en cause dans leurs droit constitutionnel d’exercer le pouvoir, dans l’esprit et la lettre de la présidence tournante, conformément à la Constitution comorienne. Ce droit sera préservé et garanti. Désormais, concernant les actes de nature antidémocratique et antisociale du Docteur Ikililou Dhoinine, plus rien ne lui sera pardonné et il répondra de tous ses actes, car la période de l’impunité zéro est révolue. Le peuple comorien est souverain et entend exercer pleinement son droit de réponse. Ikililou Dhoinine choisit la force des baïonnettes, mais prend le risque de quitter le pouvoir par les armes, comme bien d’autres avant lui.
Par Kamal Abdallah
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Mardi 4 mars 2014.