Les sanguins et les consanguins renouent avec la consanguinité politique. Les 27 et 28 février 2014, en moins de 24 heures, avec une ...
Les sanguins et les consanguins renouent avec la consanguinité politique.
Les 27 et 28 février 2014, en moins de 24 heures, avec une synchronisation macabre, il s’est passé quelque chose de vraiment hallucinant à la Grande-Comore et à Anjouan: un coup de vis consanguin. En effet, sur les deux îles, médusés, les Comoriens ont assisté à un coup de force destiné à installer aux côtés des Gouverneurs des entités insulaires précitées des zélateurs encore plus fanatiques, plus fanatisés et plus prompts à exécuter les manœuvres destinées à affirmer un zèle plus servile et une fidélité plus aveugle. Cependant à Anjouan, qui l’aurait cru? Mahmoud Mohamed Elarif éjecté comme le noyau d’une cerise? Un Kleenex jeté. Pourtant, l’ancien «Directeur du Cabinet du Gouverneur Anissi Chamssidinechargé de la Sécurité intérieure et de la Communication» a été vidé du Gouvernorat, malgré ses «bons et loyaux services», lui qui a cité plus le Parti de l’Enfer que l’Union des Comores, lui qui a avait été plus royaliste que le Roi, plus impérial et impérialiste que l’Empereur, lui qui voyait des ennemis d’Ahmed Sambi et du Parti de l’Enfer partout. Les crypto-sambistes ne l’ont pas oublié et jurent qu’ils vont créer spécialement pour lui un poste de «Conseiller spécial» auprès d’Anissi Chamssidine, Gouverneur crypto-sambiste d’Anjouan. Le ridicule peut tuer.
Mahmoud Mohamed Elarif avait une présence médiatique et politique faisant de l’ombre au Gouverneur Anissi Chamssidine, au profit d’Ahmed Sambi. C’est bizarre parce que son remplacement par Ahmed Saïd Jaffar, l’homme de Caabi El Yachouroutu devenu crypto-sambiste par opportunisme, signifie une reprise en main totale du Gouvernorat d’Anjouan par Ahmed Sambi. N’est-ce pas Ahmed Saïd Jaffar qui, quand il était encore avec Caambi El Yachouroutu en 2006, qualifiait le même Ahmed Sambi de «poison», «menteur», «populiste et démagogue» et «mythomane»? Mohamed Bacar Dossar, crypto-sambiste au même parcours politique qu’Ahmed Saïd Jaffar depuis 2006, avait le même discours. Ils mentent bien.
Or, comme chacun le sait, le 11 janvier 2014, à Épinay-sur-Seine, Ahmed Sambi a tenu des propos très humiliants et très peu amènes et charitables sur le pauvre Anissi Chamssidine qui, plus que jamais, passe pour sa marionnette. Voici ce qu’il avait dit pour traiter plus bas que terre celui qu’il considère comme un «cul-terreux», un «petit péquenot sans manières»: «Il est d’un petit village de la jungle, issu d’une famille pauvre. Lui-même n’était pas capable de se présenter devant le public..., vivre en ville n’était pas évident pour lui... C’est grâce à moi, le citadin Sambi, qu’il est en ville... Aujourd’hui Anissi peut parler aux gens grâce à ma seule volonté». Anissi Chamssidine a mis dans la poche le peu de fierté personnelle qui lui restait et regarde ailleurs pour plaire à son Dieu Ahmed Sambi, qui a désigné un à un tous les collaborateurs du Gouverneur suiviste. Il a piqué à Anissi Chamssidine «son» Gouvernorat. Le Gouverneur se comporte exactement comme l’a décrit son maître: un politicien inexistant, inodore, incolore et sans saveur. Un homme sans personnalité, ni présence politique.
Pour l’instant, Ahmed Sambi s’accroche désespérément au Gouvernorat d’Anjouan car tous les horizons politiques lui sont bouchés. La perspective de se faire élire chef d’État en 2016 s’éloigne jour après jour, surtout depuis son fiasco historique de janvier et février 2014 en France, où il a été humilié avec sévérité. La perspective de faire élire un crypto-sambiste grand-comorien en 2016 s’effondre chaque jour et est devenue un immense sujet de rigolade, voire de plaisanterie grivoise à la Grande-Comore et dans la communauté grande-comorienne en France: «Aucun de ses roquets ne passera», disent les Grands-Comoriens, qui précisent: «Nous vivants, lui-même ne passera jamais, sauf s’ils nous tuent tous». Touchons du bois. Ahmed Sambi s’accroche donc à «son» Gouvernorat d’Anjouan, sachant pertinemment qu’il joue une partie serrée et suicidaire. Il y écrira son testament politique avec de larmes de sang.
L’accaparement total du Gouvernorat d’Anjouan met du baume au cœur d’Ahmed Sambi et des crypto-sambistes, à un moment où les anciens assassins et tortionnaires estampillés «bacaristes» tirent perfidement à boulets rouges sur l’ancien satrape sur le débarquement qui les a chassés d’Anjouan et qui les a mis hors d’état de nuire depuis le 25 mars 2008. Il n’est pas possible de nier le caractère de mauvais d’Ahmed Sambi, mais les bacaristes en font trop dans leurs accusations contre lui au sujet du débarquement militaire du 25 mars 2008. Donc, pendant que les accusations de mauvaise foi et de manipulation pleuvent sur Ahmed Sambi, ce dernier s’accroche à «son» Gouvernorat avec l’énergie du désespoir: dansL’Enéide,Virgile (70-19) écrit: «Una salus victus nullam sperare salutem», «Le seul espoir du condamné est de n’espérer nul salut». Ahmed Sambi est aujourd’hui un homme en quête d’un introuvable espoir.
C’est alors qu’un autre garnement de la République entre en scène: Mouigni Baraka, grand et grandiose Gouverneur de la Grande-Comore. Dans un manque total de charité, le journaliste Abdallah Hassani dit Agwa l’a surnommé «Mouigni-Mbouzi», «Mouigni-la-chèvre», faisant cruellement et douloureusement allusion aux pique-niques que l’élu organise chaque week-end à Itsoundzou à coup de chèvres égorgées dans la cabane dont la photo accompagne cet article. Mouigni Baraka est une créature politique de Mohamed Daoud dit «Kiki». Ça, tout le monde le sait. Mais, aujourd’hui, l’homme Mouigni Baraka veut voler de ses propres ailes, en faisant le vide sur Mohamed Daoud dit «Kiki», comme si ce n’était pas lui qui l’a créé en politique. La trahison et la traîtrise ne sont-elles pas les deux mamelles politiques des Comores?
Emporté par un élan de haine, le 28 février 2014, l’homme Mouigni Baraka a ainsi chassé de «son» Gouvernorat 8 fonctionnaires proches de Mohamed Daoud dit «Kiki» et tous originaires de Moroni: Abdou Hassane, Ahamada Mohamed, Moussa Abdallah, Mme Anliat Ali Mroudjaé, Mohamed Ali Djobane, Ali Mmadi, Rahim Papa Ali et Anfif Eddine. Déjà la tristement célèbre épuration politico-ethnique. Ce licenciement abusif relève d’une politique maccarthyste destinée à instaurer la pureté de la race et le monolithisme politique sur l’île de la Grande-Comore, exactement comme au Gouvernorat crypto-sambiste d’Anjouan. Du reste, cette apologie du monolithisme politique et du maccarthysme n’augure rien de bon pour la démocratie et l’État de Droit aux Comores. Cette mauvaise tendance fait suite à une longue descente aux enfers qui a commencé à Mohéli. Or, paradoxalement, cela n’étonne personne car personne n’a entendu parler un jour des Gouverneurs Mohamed Ali Saïd (Mohéli), Anissi Chamssidine (Anjouan) et Mouigni Baraka (Grande-Comore) comme de promoteurs de l’État de Droit et de la démocratie aux Comores. Personne ne leur reconnaît une intellectualité. Dès lors, qu’ils soient maccarthystes et chantres de la pureté raciale en politique n’est pas un fait de nature à étonner les Comoriens qui les connaissent. C’est la seule posture qui leur convient et dans laquelle ils peuvent se reconnaître. Ne leur demandons pas plus, même à un moment où un vent d’intolérance et de fanatisme politique souffle sur l’ensemble des Comores.
À Mohéli, Mohamed Ali Saïd ne travaille jamais avec des collaborateurs dont on connaît les parents, et à plus forte raison, les grands-parents. Il n’a jamais travaillé avec des personnes qu’on connaît et à qui on reconnaît une quelconque expertise et compétence. Intolérant et excessif jusqu’à la caricature, il est un consanguin politique du fait de l’inexistence en lui de toute culture générale et politique. Son coefficient intellectuel est celui d’un enfant en bas âge. Son capital culturel est un sujet de plaisanterie sur toute l’île de Mohéli. Pour lui, l’opposant est un ennemi à abattre à tout prix et au plus vite. C’est un homme qui se laisse guider par ses bas instincts de dictateur inculte, kleptomane et kleptocrate. Un dictateur tropical. Non loin de là, à la Grande-Comore, le Gouverneur Mouigni Baraka ne supporte plus de voir un kikiste ou daoudiste. À Anjouan, Anissi Chamssidine a laissé pousser la barbe mais a renié Allah depuis qu’il a fait d’Ahmed Sambi son Dieu unique. Mais, ce n’est pas pour autant que les excès et les outrances aux allures de chasse aux sorcières mettront à l’abri de la honte électorale ces garçons intolérants et maccarthystes en 2016. Ces mauvais garçons n’éviteront pas la débâcle au cours des élections de 2016. Le moment venu, ils verront que les Comoriens de toutes les îles sont très mécontents et souhaiteraient voir des têtes plus sympathiques que les leurs.
Par ARM