Vladimir Poutine a signé avec les nouveaux dirigeants pro-russes de Crimée un accord historique – avec effet immédiat – sur le rattachemen...
Vladimir Poutine a signé avec les nouveaux dirigeants pro-russes de Crimée un accord historique – avec effet immédiat – sur le rattachement de la péninsule à Moscou.
Le président russe Vladimir Poutine a signé mardi 18 mars avec les nouveaux dirigeants pro-russes de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule du sud de l'Ukraine à la Russie. Cette signature intervient deux jours seulement après le référendum en Crimée qui a plébiscité un rattachement à Moscou.
Même si l'accord signé ce mardi est immédiatement entré en vigueur, les parlementaires russes devront ratifier une loi incluant dans la Fédération de Russie deux nouveaux sujets, la Crimée et la ville de Sébastopol, qui y jouit d'un statut particulier. La date de cette ratification, une simple formalité, n'a pas été précisée.
Cette signature a eu lieu après un discours du président sous les ors du Kremlin devant les deux chambres du Parlement, les gouverneurs et les membres du gouvernement russe. Une allocution marquée par des élans de patriotisme et un ton très anti-occidental.
La Crimée était et reste dans le cœur des Russes "une partie intégrante de la Russie", a déclaré Vladimir Poutine.
La République de Crimée est considérée comme rattachée à la Fédération de Russie à compter de la date de signature de l'accord", a indiqué peu après le Kremlin.
Le Royaume-Uni suspend toute coopération militaire avec la Russie
L'Ukraine ne reconnaîtra jamais le rattachement de la Crimée à la Russie, a réagi le porte-parole de la diplomatie de Kiev, Evguen Perebyïnis, cité par l'agence Interfax.
Nous ne reconnaissons et ne reconnaîtrons jamais la soi-disant indépendance et le soi-disant accord sur le rattachement de la Crimée à la Russie", a déclaréEvguen Perebyïnis, ajoutant que l'accord signé à Moscou n'avait "rien à voir avec la démocratie, le droit et le bon sens".
Kiev a lundi lancé une mobilisation partielle de ses forces armées et a rappelé son ambassadeur en Russie.
De son côté, le Royaume-Uni suspend toute coopération militaire avec la Russie, a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, après l'annonce de la signature de l'accord, tandis que le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, a condamné les actions de la Russie en Crimée, les qualifiant de "confiscation de territoire", et menacé Moscou de nouvelles sanctions.
Obama prêt à imposer des sanctions supplémentaires
Annoncées presque simultanément à Bruxelles et Washington, les sanctions européennes et américaines concernent un nombre limité de hauts responsables russes et ukrainiens pro-russes et épargnent a priori Vladimir Poutine, mais frappent très près du président russe, au moins côté américain.
Onze personnes sont visées selon la Maison-Blanche : sept Russes et quatre personnes accusées de collusion avec la Russie en Ukraine, dont le président déchu Viktor Ianoukovitch et un conseiller, ainsi que Sergueï Axionov et Volodymyr Konstantinov, respectivement Premier ministre de Crimée, et président du parlement de Crimée.
Parmi les Russes, qui voient ainsi leurs éventuels avoirs gelés aux Etats-Unis, figurent le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, la présidente du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe), Valentina Matvienko, ainsi que deux proches conseillers de Vladimir Poutine (Vladislav Sourkov et Sergueï Glaziev) et deux élus de la Douma.
Depuis la Maison-Blanche, le président Barack Obama a prévenu qu'il était prêt à imposer des sanctions supplémentaires si Moscou ne changeait pas de comportement. "De nouvelles provocations ne feront qu'isoler davantage la Russie et réduire sa stature dans le monde", a-t-il mis en garde.
Ces mesures "envoient un message fort au gouvernement russe, sur le fait que les actes de violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine ont des conséquences", a martelé la Maison Blanche.
Dmitri Rogozine a réagi avec ironie à ces sanctions : "Camarade Obama, et que doivent faire ceux qui n'ont ni compte ni propriété à l'étranger ?", a-t-il écrit sur Twitter.
De son côté, Valentina Matvienko, troisième personnage de l'Etat, a dénoncé un "chantage politique" et elle aussi assuré ne pas avoir de biens à l'étranger.
Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé des sanctions – restrictions de visas et gels d'avoirs – contre 21 responsables ukrainiens et russes", a annoncé le ministre lituanien Linas Linkevicius. Sergueï Axionov etVolodymyr Konstantinov y figurent, ainsi que des militaires russes actifs en Crimée selon une liste officielle de l'UE.
Paris pourrait annuler la vente de navires militaires
Mais il n'y a pas, pour l'instant, de ministres du gouvernement russe visés, a-t-on précisé de source diplomatique.Linas Linkevicius a précisé que l'UE prendrait des "sanctions supplémentaires dans les prochains jours".
Réunis à Bruxelles, tous les ministres européens des Affaires étrangères se sont montrés fermes à l'égard de Moscou. "Nous essayons d'envoyer le message le plus fort possible à la Russie" afin qu'elle "comprenne combien la situation est grave", a résumé Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'UE.
De telles sanctions sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.
Le ministre français Laurent Fabius a par ailleurs indiqué que Paris pourrait "envisager" d'annuler la vente de navires militaires Mistral à la Russie, "si Poutine continue ce qu'il fait".
Mardi, le Japon a annoncé qu'il allait s'associer aux sanctions occidentales, notamment "suspendre les négociations sur l'assouplissement des mesures d'octroi de visas".
L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie. Ils se réservent ainsi la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales, susceptibles d'avoir des conséquences bien supérieures car les Etats-Unis et l'UE comptent parmi les trois principaux partenaires de Moscou.
"La Crimée reste une partie de l'Ukraine"
Toutefois, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a concédé que "personne ne fait semblant de penser que [ces sanctions, NDLR] vont changer le raisonnement du président Poutine". "Pour le Royaume-Uni et ses alliés, la Crimée reste une partie de l'Ukraine", a insisté William Hague à l'issue de la réunion de Bruxelles.
Proclamation d'indépendance, demande de rattachement adressée à Moscou, dissolution annoncée des unités militaires ukrainiennes, introduction du rouble : les autorités séparatistes de Crimée ont, elles, brûlé les étapes pour rejoindre le giron russe.
Selon les résultats définitifs du référendum, près de 97% des votants ont choisi le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie.
Par Le Nouvel Observateur avec AFP
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