Même si tout le monde le sait déjà, il est nécessaire de rappeler que dans un jeu d’échecs, l’expression « échec et mat » est d’origine ara...
Même si tout le monde le sait déjà, il est nécessaire de rappeler que dans un jeu d’échecs, l’expression «échec et mat» est d’origine arabe, et le mot «mat» (lire: «matt») signifie «mort», un mot qui n’est pas de trop pour expliquer ce qui se passe aujourd’hui aux Comores. Il faudra sans doute signaler qu’au vu de ce qui se passe aux Comores actuellement, il faut renvoyer Ikililou Dhoinine à la fable «Le lièvre et la tortue» de La Fontaine et à sa morale bien connue: «Rien ne sert de courir; il faut partir à point». Ce rappel est d’autant plus important et nécessaire que la politique, contrairement à ce que certains aujourd’hui encore imaginent, n’est pas un dîner de gala, ni une promenade de santé, ni une sinécure, ni un défouloir pour personnes en quête de sensations fortes et d’une montée de l’adrénaline.
C’est une science exigeante, complexe et éprouvante, qui a ses propres règles, de nombreux principes et des codes inviolables, mais toujours apparemment faciles à déchiffrer pour les apprentis-sorciers que sont les animateurs du régime politique actuel des Comores. C’est avant tout un art qui consiste à conjuguer et articuler du rythme et du temps. C’est ce qu’on appelle une figure de style, qui combine en concomitance passion, vocation et raison. L’exercice du pouvoir ne tolère ni improvisation, ni approximation et encore moins de la précipitation, car autrement, on finit toujours tôt ou tard par payer le prix de balbutiements et bégaiements, en un mot des incohérences, dues le plus souvent à de l’impatience qui conduit fatalement aux erreurs de jugement.
C’est une science exigeante, complexe et éprouvante, qui a ses propres règles, de nombreux principes et des codes inviolables, mais toujours apparemment faciles à déchiffrer pour les apprentis-sorciers que sont les animateurs du régime politique actuel des Comores. C’est avant tout un art qui consiste à conjuguer et articuler du rythme et du temps. C’est ce qu’on appelle une figure de style, qui combine en concomitance passion, vocation et raison. L’exercice du pouvoir ne tolère ni improvisation, ni approximation et encore moins de la précipitation, car autrement, on finit toujours tôt ou tard par payer le prix de balbutiements et bégaiements, en un mot des incohérences, dues le plus souvent à de l’impatience qui conduit fatalement aux erreurs de jugement.
Nous en avons là l’exemple typique et caractéristique de l’amateurisme dans l’exercice du pouvoir. Le Docteur Ikililou Dhoinine est la parfaite illustration du mauvais élève de la classe dont le professeur, Ahmed Sambi, lui-même a été un enseignant désastreux. Ikililou Dhoinine ne maîtrise pas les arcanes et les subtilités du pouvoir, et semble soumis à un régime dérogatoire imposé par son mentor, le pire des mentors. Le monde entier pousse un «ouf!» de soulagement en découvrant enfin le vrai visage de celui qui, sans avoir obtenu l’onction du suffrage universel, en réalité, a été imposé par le régime d’Ahmed Abdallah Sambi à la tête de l’Union des Comores. De manière tout à fait illégitime. Celui à qui le chef de la confrérie a choisi de confier le lourd et compromettant testament du système sambiste, le postulant mou parmi tant d’autres postulants appartenant à la famille de la mafia et de la camorra, dont il porte l’ADN comme l’épigone et l’effluve de la fâcheuse doctrine qui se résume à un poker menteur.
Ikililou Dhoinine a accepté d’être le complice consentant d’un système mafieux ayant des ramifications innombrables et variées, dont les mécanismes ont été montés et inaugurés sous l’ère du gourou de la confrérie sambiste, mécanismes pour lesquels il se déploie corps et âme pour le perpétuer, tel un rituel syncrétique immuable, en œuvrant en étroite collaboration avec ses architectes, ceux-là même qui en furent les concepteurs au temps d’Ahmed Sambi, et qui sont partiellement reconduits à des postes de responsabilité pour lui assurer une continuité, une pérennité et lui garantir son enracinement dans la superstructure étatique. De là, on peut l’affirmer sans risque que sur le corps doctrinal, il n’y a aucune différence d’approche entre le gourou et le fils spirituel en rupture de ban et en plein complexe d’Œdipe.
Le Docteur Ikililou Dhoinine marche scrupuleusement sur les marques de pas laissées par son mentor, et exerce le pouvoir d’une main scélérate et parle avec une langue fourchue. Il est vrai que l’obscurité restaure ce que la lumière ne peut réparer. Mais, sans faire usage d’un regard au laser, force est de constater que son bilan au Palais de Beït-Salam durant les trois années de sa mandature n’est pas glorieux, malgré son semblant d’activisme effréné, incarné par des séminaires inutiles, grotesques et qui énervent toute la nation. Pis, son bilan est une catastrophe totale. Mais, voyez-vous, le génie de l’impuissance est l’impuissance du talent. De fait, autant le parrain en avait dans la bouche pour endormir et anesthésier l’opinion publique pendant qu’il faisait les poches à l’État, faisant main basse sur tous les biens publics, autant son héritier brille par ses multiples carences et déficiences et son manque de strates. Il est à se demander s’il a une structure mentale au sens propre. Sa politique à lui se révèle plus qu’elle s’annonce, à telle enseigne que le corps social est décontenancé, distendu et complètement affaibli. Les événements de ces derniers mois ont fini par l’obliger à lever le voile et tant mieux ainsi, car sans aucun doute, personne n’est ravi de voir le loup endosser la peau de l’agneau, même s’il est vrai que personne n’était dupe. Il y a comme une sorte de sortie de route brutale, violente et incontrôlable. La négociation du virage a été raté.
Il commence par s’en prendre à la société civile, alors que celle-ci était dans une démarche pacifique, réclamant des conditions de vie décentes et convenables pour tout le monde. Pourtant, elle s’est vu appliquer des méthodes staliniennes, dignes de l’ancienne époque de l’Union soviétique: brimades et bastonnades. Par la suite, arrive le tour de la marginalisation et de l’humiliation de la Cour constitutionnelle, dont l’arrêt est désavoué, piétiné et souillé. Puis, vient le tour de la Constitution de la République, foulée au pied. S’ensuit, la manifestation pacifique des élèves des Lycées et Collèges réprimée dans le sang. Scandalisés, stupéfaits et littéralement médusés, les Comores et le monde extérieur ont vu des enfants pourchassés par une force publique surarmée, des élèves qui, pour fuir la répression en essayant d’échapper à la brutalité aveugle d’une Armée aux ordres, vont jusqu’à se jeter dans les eaux de l’océan. Ce sont des enfants innocents et désarmés, donc sans défense, mais qui ont eu le tort de revendiquer le droit élémentaire à l’instruction publique.
Le régime politique d’Ikililou Dhoinine a franchi la ligne rouge et est allé au-delà du Rubicon de la morale publique. Il s’entête à refuser le dialogue, et s’enferme dans ses fausses certitudes et demeure autiste face à toute initiative de bon sens, en faisant preuve d’un manque de civisme et de sens de l’anticipation, se complaisant dans un conformisme illusoire et éphémère. Or, sans le doute, il n’y a pas de progrès; et le doute n’est pas le contraire de la foi alors que la certitude tue la foi. Il faut croire pour comprendre et comprendre pour croire. À quoi croit le Docteur Ikililou Dhoinine s’il n’a pas foi au peuple? Parce que son régime politique n’a pas foi à son peuple, il a fini par s’enfoncer dans l’irréparable transgression des droits et bafoue les règles et principes cardinaux qui constituent les fondements et les piliers de l’État de Droit et de la démocratie.
Le constat est sans appel. Le pacte civique et républicain est aujourd’hui brisé et fracassé. Le consensus démocratique est rompu. La cohésion nationale est en charpie et en lambeaux. La République est mise aux arrêts et est complètement bloquée, inerte, saisie de convulsions d’avant le coma et la mort clinique. Qu’en reste t-il alors comme symbole représentatif de l’État-nation pendant que la représentation nationale a cédé à la tentation de la corruption, au point de valider la braderie de la citoyenneté comorienne, devenue tristement «économique», mise au vente aux enchères sur les places publiques étrangères, une Assemblée nationale instrumentalisée, agissant et répondant aux seules injonctions de l’exécutif, perdant ainsi son âme, renonçant à son rôle cardinal de contre-pouvoir et d’instrument d’évaluation de la conformité de l’action gouvernementale par rapport aux exigences républicaines. Elle cesse de représenter les aspirations profondes du peuple souverain.
Partant de ce constat amer et désabusé, il est indéniable de conclure que la République n’est plus la «Res publica», «la chose publique», puisqu’elle n’est plus amarrée à ses racines fondamentales, conventionnelles, celles conformes à un État de Droit et à une République. C’est pourquoi le régime politique du Docteur Ikililou Dhoinine, en plus du vice rédhibitoire de son illégitimité, est devenu en plus anticonstitutionnel, antidémocratique et illégal. Il n’est donc ni légal, ni légitime et ne peut continuer à exercer le pouvoir en s’appuyant sur l’arsenal légal et sur le monopole de la «violence, légitime ou illégitime» notamment. Il ne se soucie pas de défendre le processus démocratique et électoral. Il viole sans scrupule les textes fondamentaux. Nous ne pouvons plus laisser les corrupteurs et les corrompus engranger les gains du peu de démocratie que nous avons, et dont ils ne respectent guère les fondements.
Par conséquent, j’en appelle à la Cour constitutionnelle, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, de constater toutes les atteintes graves et les entorses incessantes, transgressant la Loi fondamentale par le premier magistrat du pays, et lui demande de prononcer sa destitution immédiate et sans condition préalable, afin de préserver la cohésion nationale et la paix sociale.
Chers compatriotes, nous avons besoin d’un nouvel élan vital, d’une fougue et d’une audace dont le régime politique actuel n’a pas su et pu trouver en termes de ressources, pour les traduire dans les actes. Il nous faut un dépassement de soi, une transcendance dans une communion des esprits et du cœur.
Que Dieu, dans Son immense Miséricorde, nous assiste.
Par Kamal Abdallah,
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores
© www.lemohelien.com – Jeudi 6 mars 2014.