André Hazout, ancien médecin de renommée internationale, est jugé devant la cour d'assises de Paris pour des faits de viol et d'agr...
La réputation d'André Hazout, 70 ans, gynécologue de renommée internationale et expert de la procréation médicalement assistée (PMA), n'était plus à faire. Les femmes se pressaient pour le consulter. La salle d'attente était toujours pleine. Quelque part dans les archives du Conseil de l'ordre des médecins, se nichait pourtant une rumeur beaucoup moins glorieuse. Celle d'un homme qui, depuis de très nombreuses années - les premières doléances datent de 1985 - abusait de ses patientes et profitait de leur état de vulnérabilité pour entretenir des relations sexuelles avec elles.
À partir du mardi 4 février 2014, le docteur Hazouth doit répondre de multiples viols et agressions sexuelles devant la cour d'assises de Paris. Lui s'en défend ardemment. Il nie ou plaide la relation consentie. Elles sont pourtant plus d'une trentaine à avoir déposé plainte. Certains faits d'agression sexuelle remontent à trop longtemps et sont prescrits. Pour d'autres, les charges à l'encontre du docteur Hazouth ont été jugées insuffisantes. Au final, ce sont six femmes qui se sont portées partie civile.
Pour toutes ces patientes, la même détresse. "J'avais tellement peur qu'il ne s'occupe plus de mon dossier pour avoir un bébé, que je n'ai rien dit à personne", confie l'une d'entre elles aux enquêteurs. Une autre voyait dans le Dr Hazouth la seule personne capable d'exaucer son rêve : avoir un enfant. Une dernière explique : "Il y avait tellement de femmes qui venaient du monde entier pour le voir, les rendez-vous s'enchaînaient. Je voulais qu'il fasse un peu plus attention à moi." D'après les gynécologues et médecins spécialisés, l'état de vulnérabilité de ces femmes se comprend aisément. Les traitements pour se livrer à une fécondation in vitro sont très éprouvants. André Hazout lui-même, fraîchement interpellé, déclare en garde à vue en 2007 : "On peut percevoir chez les femmes une certaine fragilité. Elles ont une grande attente d'enfant et mettent beaucoup d'espoir en moi. Ma réputation est telle qu'elles s'imaginent qu'elles ont plus de chance d'y arriver grâce à moi."
L'inaction coupable de l'Ordre des médecins
La question est : le gynécologue en a-t-il profité ? Les femmes, désemparées, ont-elles consenti à ces "baisers", ces "caresses" et ces relations sexuelles qu'elles décrivent avec horreur ? Ou ont-elles cédé devant l'homme qu'elles considéraient comme leur ultime chance de procréer ? Dans cette hypothèse, l'état de dépendance dans lequel se trouvait les femmes pourrait suffire à caractériser le viol et la contrainte morale qu'il exerçait sur elles. Dévêtues devant un homme qui connaissait leur histoire et dont le savoir-faire n'est plus à prouver. Avec la peur qu'il les abandonne et les laisse à leur sort : sans enfant.
Le 18 octobre 2007, le gynécologue franchit une nouvelle étape. Il dit ne pas avoir imaginé que ses patientes pouvaient l'idolâtrer à ce point et confie avoir peut-être abusé d'elles. Avant de rétropédaler un an plus tard, en 2008, devant le juge d'instruction. Il confesse avoir eu des relations sexuelles avec certaines de ses patientes, mais soutient qu'elles n'ont jamais perdu leur libre-arbitre. Pour lui, le rapport de séduction était mutuel. Les victimes enragent. Selon les accusations portées contre lui, les relations sexuelles ont parfois eu lieu derrière son bureau ou sur la table d'examen. Avant que, quelques instants plus tard, il n'invite ses patientes à régler, comme si de rien n'était, leur consultation.
Mais ce procès, c'est également celui de l'indifférence du conseil départemental de l'Ordre des médecins. Lui qui, durant de nombreuses années, a reçu des doléances. Sans jamais rien faire, sinon mettre en garde le docteur Hazouth contre une "attitude ambiguë vis-à-vis de ses patientes". Il faudra attendre le 18 octobre 2012, pour que la cour administrative d'appel de Paris condamne l'Ordre des médecins. Elle explique dans son arrêt que le fait qu'aucune procédure disciplinaire n'ait été enclenchée contre le gynécologue avait fait perdre à Amélie* "toute chance d'échapper aux agressions sexuelles de ce praticien".
REGARDEZ une victime du Dr Hazouth
* Le nom a été changé
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