Les hasards de ma modeste vie professionnelle m’ont privé de l’honneur d’être le premier à diffuser l’information sur le détournement de 35...
Les hasards de ma modeste vie professionnelle m’ont privé de l’honneur d’être le premier à diffuser l’information sur le détournement de 35 millions de francs par Mohamed Ali Saïd, le Gouverneur ubuesque, trivial, très violent et abondamment kleptomane et kleptocrate de Mohéli. Quand la blogosphère comorienne s’intéressa à l’information, je n’y pensais plus car, si on retire à Mohamed Ali Saïd le vol des fonds publics, la répression de l’opposition, les actes de rapacité et de confusion entre son statut de Gouverneur et celui d’«entrepreneur» prospérant sur le dos des Mohéliens, il n’y a rien à dire sur lui. Par la suite, je ne me suis intéressé à l’affaire que pour constater que, pour une fois, la blogosphère comorienne s’intéressait aux méfaits du satrape de Bonovo. Mais, on pourrait peut-être chercher à savoir si le plus grand voleur de l’Histoire mohélienne a remplacé son ordinateur portable hautement pornographique, volé. Mais, là, il y a plus urgent car il s’acharne sur le journaliste Mouayad Salim, correspondant de La Gazette des Comores à Fomboni, Mohéli. C’est inadmissible…
C’est quand même pathétique d’entendre l’inévitable et inimitable Mme Zamzam Ismaïl, l’irremplaçable Procureure de la République près le Tribunal de Fomboni, fanfaronner et ergoter sur des accusations d’«offense à l’autorité suprême de l’île et diffamation». Où ces gens-là vont-ils chercher de telles bêtises? On sait qu’ils n’ont rien à faire, mais tout de même. Comment un homme reconnu d’actes de vol d’argent public, de viols répétés sur plusieurs femmes et d’actes d’appropriation abusive de biens d’autrui peut-il pousser le culot jusqu’à tourmenter et persécuter un honnête journaliste, qui fait son travail avec professionnalisme, en respectant scrupuleusement toutes les règles déontologiques? Mohéli, c’est vraiment le monde à l’envers. Sur cette île, les autorités ont décidé de ne jamais agir de manière civilisée.
À ce jour, personne ne peut accuser Mouayad Salim d’être un criminel. Il ne dirige aucune milice privée. Il n’est à la tête d’aucune bande armée. On ne lui connaît aucun projet de fuite de Mohéli vers l’étranger. Dès lors, on ne comprendra jamais pourquoi un bataillon de forces de l’ordre a fait irruption chez lui, avec casques et matraques. Vendredi 7 février 2014, la soldatesque l’a littéralement enlevé à l’hôpital de Fomboni. Or, pour l’entendre, il suffit de lui téléphoner, sans violer l’intimité de son domicile, ni traumatiser sa famille et lui-même.
Pour rappel, le 5 février 2014, Mouayad Salim avait écrit un article relatant la manifestation qui avait eu lieu à Fomboni pour réclamer la restitution au Lycée de Fomboni des 35 millions de francs comoriens volés par le Gouverneur de Mohéli alors que le pactole en question devait servir au financement de travaux au Lycée de Fomboni. Face au scandale, Mohamed Ali Saïd se défend en disant qu’il voulait juste que le chèque de 35 millions de francs remis au Lycée de Fomboni par Comores Télécom soit placé à la Trésorerie de Mohéli. Pour ceux qui ne savent pas encore comment les choses se passent à la Trésorerie de Mohéli, le Gouverneur de l’île n’a besoin d’aucune motivation comptable pour faire main basse sur l’argent déposé à la Trésorerie. Il lui suffit de passer sa tête par la portière de sa voiture et de demander au Trésorier: «Il y a quelque chose?». Quand il «y a quelque chose», le Trésorier n’attend aucun ordre. Il fonce vers le coffre et y retire tout le magot déposé. Ça se passe comme ça sur l’île de Mohéli depuis des années, et personne n’a le droit de protester sous peine d’incarcération.
Par ailleurs, je ne comprendrais jamais comment un homme d’État de l’intelligence et de l’expérience de Hamada Madi Boléro peut-il dire, s’agissant de l’affaire du détournement des 35 millions de francs par Mohamed Ali Saïd, que tout citoyen peut se rendre à la Trésorerie et se rendre compte que le chèque n’a fait l’objet d’aucun détournement. Depuis quand Mohéli a-t-elle acquis la vertu économique et financière d’une démocratie scandinave? Depuis quand, aux Comores, les citoyens ont-ils la possibilité de vérifier la comptabilité publique? J’ai du respect pour Hamada Madi Boléro, que je connais depuis la naissance, mais là, je n’arrive pas à le suivre, car son discours est en net et total décalage avec les tristes réalités des Comores.
Mouayad Salim n’a rien inventé. Il n’a pas été le premier à diffuser l’information sur le détournement des 35 millions de francs. En plus, quand il rédige ses articles, et sachant qu’il vit dans un pays sans liberté de presse, il s’entoure de toutes les précautions de langage. Or, il a fallu que le Gouverneur Mohamed Ali Saïd s’en prenne à lui de la plus violente et de la plus barbare des manières. À un moment, le satrape de Bonovo avait demandé à Mouayad Salim de revenir sur ses propos pour qu’il retire sa plainte. Mais, par la suite, il a dit maintenir sa plainte. J’ai juste envie de dire une chose fondamentale à Mouayad Salim: moi, le blogueur le plus haï, persécuté et le plus poursuivi en Justice «pour diffamation» par d’anciens dirigeants comoriens, on m’avait demandé de présenter des excuses pour qu’une plainte soit retirée. J’ai superbement ignoré la tentative de médiation et j’ai affronté un procès que je n’avais aucune de gagner puisque je ne disposais pas de preuves car les financements occultes de campagnes électorales ne se font pas par chèques, virements et mandats, mais par de l’argent liquide, et par mallettes. C’est la raison pour laquelle l’excellent journaliste Pierre Péan a intitulé son merveilleux livre «Les Mallettes de la République». Mouayad Salim doit garder sa dignité.
Je tiens personnellement à signaler à Mouayad Salim et à Elhad Saïd Omar, Directeur de La Gazette des Comores: si on crée un Comité de Soutien, je tiens à en être le premier membre et à apporter ma première contribution financière pour organiser la défense de Mouayad Salim. Je l’ai dit quand Ahmed Sambi a lancé sa croisade judiciaire contre moi: aucun journaliste n’est à l’abri des tentatives d’étranglement par un «Has Been» qui sent sa carrière lui échapper. La liberté de presse doit être défendue. Les méchants cherchent toutes sortes de prétextes pour nous nier le droit à l’analyse de l’actualité aux Comores. Or, nous qui faisons le métier de «journalistes sans salaires» avons chacun sa carte de presse dûment délivrée par les autorités compétentes. Croyez-vous que si nous étions des rigolos on nous aurait accordé une carte de presse? «On» nous prend pour des amateurs, alors que nous sommes les journalistes de la nouvelle vague. Il suffit de s’en prendre à un pour s’en prendre à toute la profession. Il faudra que les politiciens comoriens qui n’ont pas d’avenir politique nous laissent en paix.
Mohamed Ali Saïd doit laisser en paix Mouayad Salim. Ce journaliste ne fait que son travail. Je répète: en ce moment-même j’ai sous mes yeux un numéro d’un journal satirique français qui présente le Président François Hollande dans une caricature le montrant avec la braguette de son pantalon ouverte. Quand on est pudique, on a du mal à regarder cette image. Or, personne n’a entendu le Président français porter plainte. D’où la question: peut-on faire pire pour un homme que de le dessiner en montrant son sexe, qui parle? Bien évidemment, aucune injure ne vaut une telle caricature, mais en France, les politiciens sont éduqués.
La première garde à vue de Mouayad Salim avait duré 5 heures. Ce n’était ni nécessaire, ni intelligent. Le Gouverneur Mohamed Ali Saïd ne sera jamais honoré par des poursuites contre un journaliste. Bien au contraire, il donne raison à ceux qui voient en lui un individu très vulgaire et sauvage. Mohamed Ali Saïd a perdu l’occasion de faire un démenti et de se taire. Il aurait pu demander à La Gazette des Comores et aux sites et blogs l’incriminant juste un droit de réponse. Ça aurait fait plus «classe». Mais, non, il fallait qu’il affiche l’étendue de son inculture. Il fait preuve d’un manque total d’éducation et de sang-froid. C’est très grave.
Comme en plus de l’Ambassadeur des Comores à Paris, Mohamed Ali Saïd a son propre Ambassadeur dans la capitale française, je lui suggère de recourir aux services de son homme pour déposer une plainte contre www.lemohelien.com, le Blog Mlimadji et Comores-Infos, qui ont largement diffusé l’information sur le vol par lui des 35 millions de francs destinés au Lycée de Fomboni. Qu’il dépose plainte donc! Comme il a fréquenté Ahmed Sambi durant des années, et comme il a tous les défauts misérabilistes et stupides de celui-ci, il n’a qu’à dépenser l’argent volé aux Comoriens pour déposer des plaintes infâmes contre ceux qui font le dur travail d’informer les Comores et d’autres pays sur ce qui se passe aux Comores.
Au moment où je m’apprêtais à mettre en ligne cet article, un appel téléphonique d’un ami de Fomboni m’apprend que ce mardi 11 février 2014, l’inégalable Procureure Zamzam Ismaïl – selon Pierre Péan, «au-delà de certaines bornes, le ridicule ne tue plus… il conserve» – a requis six mois de prison avec sursis contre Mouayad Salim et que le verdict sera rendu jeudi 13 février 2014. C’est un jour très triste pour la «Justice» et la liberté de presse aux Comores.
Par ARM