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Il enfonce Gérard Youssouf Abdallah et repêche Mohamed Soidik Chahassou.Je crois que je finirais par demander à une délégation de Djoiezi d’aller voir le Président Ikililou Dhoinine et le supplier pour qu’il me nomme ministre, juste pour la journée du 25 mai 2016, puisque le 26 mai 2016 sera jour d’investiture du nouveau Président ou de la nouvelle Présidente. Je vais faire cette étrange demande juste pour savoir ce que ça fait d’être ministre, et une journée me suffira, car il s’agit de satisfaire une curiosité intellectuelle. Je peux me contenter de la fonction de ministre d’État sans portefeuille, responsable des Affaires inutiles, chargé de rien. La curiosité intellectuelle en question est devenue une lubie et s’est imposée à moi après avoir lu une note de suspension de salaires de magistrats par Abdou Nassur Madi, ministre de l’Agriculture – aux Comores, on dit «ministre de la Production». Production de quoi, s’il-vous-plaît? Ce qui est frappant dans cette affaire, c’est qu’on ne voit pas ce que le ministre de la Production fait dans la magistrature. On finira par comprendre que son homologue de la «Justice» était à l’étranger et qu’il occupait son bureau pendant quelques jours (d’où la formule «Ministre a.i.», correspondant à «ministre ad interim», en latin).
Or, sur le plan statutaire, il n’a pas à prendre une mesure de suspension de salaires de magistrats, un acte administratif à caractère individuel d’une très grande gravité, et devait se contenter de «gérer les affaires courantes», selon la formule consacrée. Passons… Dans sa fameuse note, le brave Abdou Nassur Madi s’est même payé un petit fantasme, celui de se désigner par «Son Excellence», mais par coquetterie sémantique, il estime que c’est plus élégant et plus esthétique quand c’est dit en anglais, avec les initiales «H E». Comment voulez-vous que je ne demande pas à une délégation de Djoiezi d’aller quémander pour moi une place de ministre auprès du Président de la République après avoir vu tout ça? Comme c’est mignon et smart. Ne rions pas car il s’agit d’une affaire très grave. Comme on peut le constater à la lumière de la première photocopie, le bon Abdou Nassur Madi exige de toute «urgence» la suspension des salaires des magistrats Mohamed Soidik Chahassou, Gérard Youssouf Abdou et Abdoulwahad Nassim Sidi.
Or, parmi ceux-ci, figure, comme indiqué ci-haut, Mohamed Soidik Chahassou, dont l’épouse est de la même famille que celle de la femme du Docteur Abdou Ousseini, ministre de la «Justice» et bien d’autres choses que nous n’avons pas le temps d’énumérer. Mais, le ministre de la «Justice» a lavé le linge sale en famille, en réintégrant au sein de l’appareil judiciaire son beau-frère Mohamed Soidik Chahassou, dont il a fait rétablir le salaire, tout en maintenant dans l’eau, la tête des deux autres magistrats, pour les faire noyer.
Dans le cas particulier de Gérard Youssouf Abdou, on sait qu’il a signé son arrêt de mort le jour où il a reçu une délégation du ministère de l’Intérieur dans le bureau, plus spacieux, de la Procureure Zamzam Ismaël, au Tribunal de Fomboni. Depuis, c’est la descente aux enfers. Une inexorable descente aux enfers. Le secrétaire général du ministère de la «Justice» est personnellement intervenu pour le faire chasser de son bureau, après avoir signalé qu’il était injoignable pour cause de téléphone portable perdu. Le salaire de Gérard Youssouf Abdou et celui des deux autres magistrats ont fait l’objet d’une suspension, mais la raison de famille a permis à Mohamed Soidik Chahassou de sauver ses billes. Dès lors, Gérard Youssouf Abdou et Abdoulwahad Nassim Sidi n’ont que leurs yeux pour pleurer, et le ministre de la «Justice» a refusé d’écouter leurs pleurs, lui qui a été pistonné par le Vice-président Nourdine Bourhane pour devenir ministre un certain samedi 13 juillet 2013. Rien que ça!
Même les cochons de la basse-cour connaissent la haine et la détestation du Procureur général mohélien Soilihi Mahmoud envers Abdoulwahad Nassim Sidi. Cette haine et cette détestation sont de notoriété publique. Donc, pendant que l’Anjouanais marié à une fille née dans la même famille que l’épouse du ministre anjouanais de la «Justice» a retrouvé l’intégralité de son salaire, les magistrats grands-comoriens sont en train de subir un étranglement par l’estomac et par la poche. Cela signifie que la «Justice» est encore un vain mot dans un pays qui a fait le choix de l’injustice. De fait, les magistrats grands-comoriens frappés à la ceinture et à la poche devront attendre le jour où un Président grand-comorien sera installé au Centre du Monde, à Beït-Salam, pour tenter de faire valoir leurs droits abusivement confisqués par des Mohéliens et un Anjouanais. Une fois de plus, les Comoriens peuvent constater que leur système judiciaire est une immense plaie béante qui refuse obstinément de cicatriser, du fait des injustices perpétrées par les autorités supérieures, qui s’arrogent tous les droits. Si on doit subir tous les malheurs du monde pour avoir reçu une délégation officielle dans un bureau plus spacieux, on doit envisager le pire car l’épée de Damoclès peut à tout moment frapper.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 6 février 2014.
