Comores : Trois questions à Irchad Abdallah Agitateur sur les réseaux sociaux numériques. Informateur, lanceur d'alerte et animateur de...
Comores : Trois questions à Irchad Abdallah
Agitateur sur les réseaux sociaux numériques. Informateur, lanceur d'alerte et animateur de débat les plus prisés sur Facebook; Irchad Abdallah est très bien informé et en temps réel de tout ce qui se passe aux Comores. Son profil Facebook à cet effet, est visitédes milliers de fois par jour. Irchad devient ces derniers temps l'homme aux 4 Questions. Il cible à travers cette rencontre périodique, des personnalités comoriennes. Il a commencé par Hakim Ali Said, l'autoproclamé candidat de la Tournante de 2016, suivi par Ahmed Abdallah Sambi, l'ex président et président du Parti Juwa, et ça continue…
"Il nous faut un vrai procureur chargé des crimes économiques et des infractions fiscales"
1. Mais qui êtes-vous Irchad ?
Bonjour. Tout d'abord je tiens à vous remercier car effectivement, tel que vous m'avez présenté, en général c'est moi qui reçois et non le contraire. Alors, qui suis-je? Question très difficile car n'étant pas une personnalité publique, n'étant non plus un professionnel de l'information, je me demande ce que je fais là et la première réponse qui me vient en tête est le concept citoyen du whistlleblowing connu des Anglo-Saxons ou "devoir de transparence" et "d'alerte citoyenne". En effet, en tant qu'agitateur dans les réseaux sociaux, je me dois aussi d'apporter une visibilité à tous ceux qui suivent mes publications, car, vous le savez, chez nous tout est politisé. Du coup, chaque action est regardée, analysée et décortiquée sous le seul prisme du politique, en occultant le débat indispensable sur le projet ou la vision politique s'il en existe, avec en plus cette dose de suspicion propre aux pays en crise, entretenant ainsi un climat délétère.
Pour répondre plus précisément à votre question, je suis comorien résidant à Paris, responsable commercial et marketing dans une petite PME et père de 3 enfants. Les réseaux sociaux, pour avoir représenté au départ pour moi une possibilité de renouer ou de tisser du lien... social, sont devenus un espace de liberté, de débat et d'échanges. J'ai donc considéré que pour être une opportunité d'échanges d'idées, d'informations et de débat, cet espace doit néanmoins obéir à des règles. Disciple si vous me permettez l'expression du grand Aboubacar M'changama de "L'Archipel", je me suis donc imposé une éthique: respect des principes qui ressortent de la loi sur la presse, des sources, objectivité et neutralité sur le traitement de l'information et un désir permanent d'élever le débat.
2. Quels résultats escomptez-vous pour les Comores, par rapport à l'angle critique de communication que vous adoptez sur Facebook ?
Principalement la conscientisation! A travers nos échanges, j'ai remarqué une chose, nous sommes passés de l'opposition et de la confrontation systématiques aux débats d'idées, aux contributions argumentées: exit donc les spécialistes de la diversion et de l'esprit villageois. Ce qui me semble très bénéfique pour le niveau des échanges, donc participe modestement à cette prise de conscience indispensable pour nos concitoyens. Ce nouveau regard critique est indispensable pour lutter contre le fatalisme, cette pathologie très comorienne à mon goût et cette propension à croire qu'un messie viendra nous sortir de l'ornière. Or, je m'impose ce devoir de vérité, personne ne viendra régler nos problèmes à notre place. Ce qui a pour conséquence d'imposer de nouvelles exigences citoyennes vis à vis de ceux qui nous dirigent.
3. L'actualité comorienne est dominée ces derniers temps par le séparatisme, les crimes économiques et les différentes élections. Quel est votre point de vue sur ces sujets ?
Effectivement l'actualité de notre pays est riche en rebondissements tant au niveau des institutions qu'en matière d'injustices multiples et criantes. Mais pensez-vous qu'on détourne plus d'argent publique aujourd'hui qu'il y'a 5, 10 ou même 20 ans ? Sincèrement je pense que non, du moins ce qui a changé c'est le bangwe par le biais de l'émergence des réseaux sociaux, qui informent, dénoncent, analysent et critiquent s'il y a lieu en apportant des preuves matérielles. Les médias traditionnels n'ont plus le monopole de l'information. Celle-ci est devenue accessible à tous. Attention, cela ne signifie pas non plus que la qualité de l'information a augmenté, car le média papier épousant en principe le temps long de la réflexion, il dispose de temps précieux de la vérification et de l'analyse.
Par contre, ce qui est inquiétant à mes yeux, c'est le fonctionnement très discutable de la justice de notre pays. Je vais vous faire une confidence, ces derniers temps j'ai remarqué une radicalisation de la part des intervenants. Le peuple comorien a tellement soif d'une justice compétente et impartiale rendue en son nom, mais étant complètement en panne sèche, nos réseaux ont parfois tendance à se transformer en tribunaux populaires. C'est à peine si Saint-Just n'exigeait pas à chacun de nous de prouver notre vertu; le principe même de la présomption d'innocence est constamment bafoué, ce qui devient très inquiétant . Imaginez un peu si chaque citoyen veut se faire justice lui-même, cela signe l'échec de la démocratie et des libertés, vous et moi savons comment ça se termine dans pareils cas. L'anarchie voire même la guerre civile. Il est donc temps de rectifier le tir, de donner les moyens à notre justice pour qu'elle fonctionne, mettre en place les outils de contrôle, avec l'installation d'un vrai procureur chargé des crimes économiques et autres infractions fiscales, (d'ailleurs je tiens à vous annoncer que je prépare un papier à ce sujet) magistrat d'une intégrité irréprochable, entouré d'une équipe de magistrats compétents et d'une escouade de policiers judiciaires formés à cette fin, pour lutter contre l'impunité. Il faut arrêter de faire de la diversion et du mimétisme comme par exemple cette CNPLC qui est pour moi un autre machin bis.
La question concernant les élections, je la laisse à la cour constitutionnelle pour statuer...
Propos recueillis par Ali M. Said
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