REPORTAGE - Il se dit "serein", et pourtant la tâche s'annonce ardue. Ibrahim Dufriche, choisi par les écologistes suite a...
REPORTAGE - Il se dit "serein", et
pourtant la tâche s'annonce ardue. Ibrahim Dufriche, choisi par les
écologistes suite au choix de Dominique Voynet de ne pas se représenter,
a tenu son premier meeting de campagne lundi soir à Montreuil.
En 2008, l'école Fabien leur avait porté bonheur.
Alors cette année, les écologistes ont choisi le même lieu pour lancer
leur campagne des municipales à Montreuil. Le principal protagoniste a
toutefois changé : Ibrahim Dufriche a pris la place de Dominique Voynet,
qui a choisi en novembre dernier de ne pas se représenter. Une grande
responsabilité pour cet homme - désigné lors d'une primaire - dans la
seule ville de plus de 100.000 habitants dirigée par Europe Ecologie -
Les Verts (EELV). "Dans cette campagne, soyez tous et toutes les
bienvenu(e)s", a lancé lundi soir Ibrahim Dufriche, très applaudi par
les 200 personnes présentes dans la salle. Né aux Comores, adopté par
une famille française, ce militant socialiste est le petit-fils de
l'ancien maire communiste de Montreuil, Marcel Dufriche (1971 - 1984).
Quelque 200 personnes sont venues écouter le candidat (A-Ch.D. pour le JDD.fr)
"L'heure
est venue de réaliser ensemble le rassemblement de toutes les familles
de gauche", a poursuivi le candidat, alors que la gauche se présente
très divisée à Montreuil. Outre Ibrahim Dufriche, Razzy Hammadi pour le
Parti socialiste, Patrice Bessac pour le Front de gauche, l'ancien maire
apparenté communiste Jean-Pierre Brard et Mouna Viprey, exclue du PS en
2008 pour son soutien à Dominique Voynet, se présentent dans cette
commune de Seine-Saint-Denis. "L'enjeu dépasse de loin les intrigues
d'appareil (…) Le chemin choisi en 2008 était le bon chemin. C'est
celui-là que je compte poursuivre", a déclaré le chef de file de la
liste "Ensemble pour Montreuil", sous les yeux de Dominique Voynet et
Emmanuelle Cosse, la nouvelle secrétaire nationale d'EELV, venues
apporter leur soutien au candidat.
"Elle est comme une mère pour moi"
Interrogée par leJDD.fr
avant de montrer à la tribune, Ibrahim Dufriche dit vouloir "pacifier
le climat délétère qui empêche l'avancement des idées". Une vision
utopique? "Avec moi, il y a moins d'enjeux. Je n'ai pas d'ambition
nationale. Je ne peux pas faire de l'ombre à ceux qui cherchent à avoir
une carrière nationale", explique celui qui estime aussi que son métier
de conseil en management pourra lui servir. "J'aide à manager les
équipes, à appréhender les changements", poursuit le candidat, qui se
dit "serein" face à ce défi électoral. Il met en avant ses trois
priorités : "l'épanouissement de la jeunesse, le développement par
l'innovation et l'écologie au service du social". Et quand, à la
tribune, Dominique Voynet lui apporte une bouteille d'eau, il tente le
jeu de mots : "Elle est comme une mère pour moi."
Dominique Voynet a défendu son bilan (A-Ch.D. pour le JDD.fr)
Sur
scène, l'actuelle maire écologiste de Montreuil a défendu son bilan.
"On a travaillé dur pour remonter la pente" face à "l'état misérable" de
certaines installations, assure-t-elle. Avant de s'interroger sur le
manque d'expérience d'Ibrahim Dufriche. "Quelle est l'expérience des
autres concurrents? (...) Je ne sais pas quelles qualités ils auraient
qu'il n'aurait pas", assure Dominique Voynet. Et de poursuivre : "Je ne
vois pas ce qu'il nous manque. On a un beau bilan, une belle équipe, une
belle tête de liste." "Ibrahim est la bonne personne au bon endroit",
conclut-elle. "Je crois beaucoup à la candidature d'Ibrahim. Il ne faut
pas avoir peur de notre bilan", renchérit la secrétaire nationale
Emmanuelle Cosse, qui estime qu'EELV est "en capacité de gagner
Montreuil".
Brard "fait du clientélisme"
En
clair, l'objectif affiché est de terminer en tête des listes de gauche
au premier tour. Comprendre devant Razzy Hammadi (PS) et Patrice Bessac
(FDG), mais derrière Jean-Pierre Brard. "Il faut être réaliste, cela
fait six ans qu'il est en campagne. Moi je suis entré en scène depuis le
mois de janvier", confie Ibrahim Dufriche. "On aurait su ça avant (le
retrait de Dominique Voynet), ça aurait été différent. On aurait eu plus
de temps. Là, on fait une campagne à 300 à l'heure", reconnaît aussi sa
directrice de campagne, Mireille Alphonse. "On se mettra avec celui qui
est devant, face à Jean-Pierre Brard" au second tour, poursuit la
co-secrétaire d'EELV Montreuil. Elle affirme toutefois que Patrice
Bessac (FDG) "ne veut pas s'avancer" sur cet engagement. Car, selon
elle, il "se réserve la possibilité de rejoindre Brard".
Une
union inconcevable pour les écologistes pour qui Jean-Pierre Brard, le
prédécesseur de Dominique Voynet à l'Hôtel de Ville, apparaît comme le
principal adversaire. "Il fait du clientélisme, des promesses aux uns et
aux autres", dénonce Ibrahim Dufriche. "Les électeurs ne sont pas des
consommateurs que l'on drague à coups de promesses infondées", renchérit
le candidat à la tribune, sous les applaudissements. "C'est quelqu'un
de très très expérimenté", ironise quant à elle Dominique Voynet. "On
l'associe au retour des Balknay. Jean-Pierre Brard est pro Jean-Pierre
Brard, point barre", dénonce Mireille Alphonse.
Reste
que l'ancien maire (1984-2008), apparenté communiste, est le favori des
sondages. Son premier meeting de campagne fin janvier - qui s'est tenu
dans la halle… Marcel Dufriche - a fait salle comble, selon Le Parisien,
qui parle de 500 personnes. "On ne veut pas un retour en arrière. Le
risque serait de reproduire le passé", s'inquiète Ibrahim Dufriche, qui
"n'arrive pas à se faire à cette éventualité". Rendez-vous est pris pour
le 23 mars.