Saint-Denis de la Réunion (France) (AFP) - Frappée par le dévastateur cyclone Bejisa, La Réunion bénéficiera, tout comme la Bretagne en pro...
Saint-Denis de la Réunion (France) (AFP) - Frappée par le dévastateur cyclone Bejisa, La Réunion bénéficiera, tout comme la Bretagne en proie aux inondations, d'une déclaration de catastrophe naturelle qui ouvre le droit à des indemnisations par les assurances.
Arrivé dans cette île de l'Océan indien samedi matin, 24 heures après la levée de l'alerte cyclonique rouge, le ministre des Outre-Mer Victorin Lurel a jugé que les conditions requises étaient "manifestement réunies".
Plus grave phénomène météorologique depuis vingt ans à La Réunion, Bejisa a provoqué la mort d'une veille dame, fait 16 blessés et d'importants dégâts matériels: routes, toits arrachés, bateaux coulés.
Les deux points les plus noirs: un réseau électrique endommagé qu'EDF s'employait à rétablir et une agriculture ravagée, comme M. Lurel l'a constaté au sud.
"Il faut des éléments probants" pour cette déclaration de catastrophe naturelle, qui doit être déclenchée par une demande des maires, a relevé le ministre, citant rafales de vent, houles géantes et pluies torrentielles qui ont accompagné Bejisa.
"On fera aussi bien que pour la Bretagne. Il y aura une égalité de traitement", a-t-il promis, exhortant à "envoyer les dossiers le plus vite possible".
Pour le cyclone Dumile qui a frappé l'île en janvier 2013, les dernières indemnisations sont intervenues en juillet, selon lui.
Ce qu'ont contesté des agriculteurs, assurant avoir touché l'argent à l'automne. Selon la chambre d'agriculture, 90 exploitants attendent toujours...
Le préfet de la Réunion avait rappelé vendredi aux communes les deux dispositifs indemnitaires qu'elles peuvent solliciter: catastrophe naturelle pour les biens assurés, fonds de secours pour les biens non-assurés.
Six jours pour rétablir toute l'électricité
M. Lurel était arrivé à 10H00 locales à la Réunion, accompagné d'un renfort de 50 militaires des FORMISC (Formations militaires de la sécurité civile), chargés de la remise en état des routes, très endommagées.
De même, pour renforcer ses 450 agents sur le terrain, EDF a annoncé l'arrivée, samedi, de 25 agents venus de Corse. 30 autres suivront lundi.
M. Lurel a précisément visité le centre de dispatching d'Electricité de France à Saint-Denis, qui gère le réseau.
La compagnie s'est engagée à réalimenter au plus tard jeudi tous ses clients privés d'électricité (72.000 à la mi-journée).
EDF a déjà reconnecté plus de 110.000 foyers. "En 24 heures, nous sommes passés de 180.000 clients privés de courant à 72.000", sur un total de 350.000 abonnés, a expliqué le directeur d'EDF Patrick Bressot au ministre.
La Réunion compte plus de 800.000 habitants.
"Nous avons eu énormément de casse", 120 poteaux de moyenne tension et 150 de basse tension sont "à terre ou inclinés", a ajouté le responsable.
Même les lignes souterraines – 65% du réseau – ont été coupées à cause de l'humidité.
En 1989, "il avait fallu trois à quatre semaines pour rétablir le courant après le passage du cyclone Firinga. Là, on le fera en six jours", s'est félicité M. Bressot.
"Il n'y a pas beaucoup de pays capables de faire cela", a jugé le ministre.
M. Lurel a, dans l'après-midi, visité au Tampon (sud) une exploitation agricole détruite par les vents furieux.
Dans cette zone, surnommée "le verger" ou "le potager" de la Réunion, sont implantées des culture vivrières importantes pour le quotidien des habitants.
Elles "ont été détruites à 100%", a déploré le maire du Tampon Paulet Payet.
À Piton Hyacinthe, bourg considéré comme l'un des principaux potagers de l'île, M. Lurel est allé à la rencontre de maraîchers. "Il ne nous reste plus rien, juste nos deux yeux pour pleurer", lance un paysan, montrant son champ de fraises ravagé.
D'autres parlent de leurs plantations perdues de pommes de terre, poireaux, choux, carottes.
Victorin Lurel a aussi visité un quartier de la commune de Saint-Paul (ouest), où le niveau d'un étang alimenté par 24 ravines était monté brusquement. Une dizaine de familles avaient dû être évacuées de ce secteur inondable au plus fort de l'alerte rouge. AFP