En finir avec l’hypocrisie entourant la désignation de l’Homme de l’Année . Qu’est-ce qu’il ne faut entendre? Le rituel de fin d’année c...
En finir avec l’hypocrisie entourant la désignation de l’Homme de l’Année.
Qu’est-ce qu’il ne faut entendre? Le rituel de fin d’année consistant à nommer «L’Homme de l’Année» ou «La Femme de l’Année» est devenu une mascarade dans laquelle le mérite a été dévoyé par la manipulation politicienne. Attribuer le titre doit se faire sur la base de critères très rigoureux en termes d’actions et de réalisations, et non parce qu’on aime telle personne. Or, les désignations faites sont toutes tendancieuses car les personnes citées sont d’une rentabilité nulle sur l’espace public et privé comorien. À ce jour, la seule proposition valable qui a été faite est celle du militant Kamal Abdallah, qui porte sur Abdoulfatah Saïd Mohamed, le Député de Moroni-Nord. Ce choix nous éloigne de l’hypocrisie consistant à faire d’Anissi Chamssidine, divisionniste participant à la fragilisation de l’unité politique de l’Union des Comores, un des «Hommes de l’Année». Comment peut-on être complaisant jusqu’à faire d’un divisionniste et chauvin insulaire devenu un voyageur clandestin «Homme de l’Année»? Il a fait quoi de bien pour les Comores? Bien au contraire, il est devenu un homme mettant en danger l’unité du pays, et on le récompense par une distinction annuelle?
D’autres propositions ont été faites, et sont toutes sujettes à caution. Car, «L’Homme de l’Année» doit faire l’unanimité et non diviser l’opinion publique. Et pour que les conditions d’unanimité soient réunies, un Comité doit être constitué de manière à tenir compte de toutes les sensibilités politiques comoriennes. Si on fait autrement, chacun se mettra dans son coin et désignera son cousin fossoyeur de la République. Ça ne fait pas sérieux.
Aujourd’hui, on assisté à toutes sortes de fantaisies pour désigner cet introuvable «Homme de l’Année». Mais, seul Kamal Abdallah, Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores, a fait un choix acceptable, judicieux et objectif, en proposant le nom d’Abdoulfatah Saïd Mohamed, le seul Député grâce à qui on sait qu’il existe encore une Assemblée aux Comores. Personnellement, j’ai déjà eu à comparer Abdoulfatah Saïd Mohamed à El Hadj Boubacar Biro Diallo qui, alors qu’il était Président de l’Assemblée de Guinée, disant qu’il y avait eu trop de mensonges sous Ahmed Sékou Touré et que le peuple en avait pâti, s’était enfermé dans une sourde opposition envers un régime politique dont il était l’une des trois premières personnalités. Il l’a courageusement et sans regret payé cher car le dictateur Lansana Conté s’était arrangé pour le chasser de la Présidence de l’Assemblée, mais sans entamer sa crédibilité auprès de l’opinion publique mondiale, bien au contraire. Comme El Hadj Boubacar Biro Diallo, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed refuse d’être un simple homme d’appareil, un apparatchik, pour être un Député de courage et d’honneur.
En 2013, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed a fait oublier jusqu’à l’existence du Docteur Abdou Djabir et des autres parlementaires dans l’enceinte d’une Assemblée dont l’existence soulève de plus en plus de doutes et de questions. Sans le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed, l’actuelle législature aurait été celle de la vanité et de la vacuité. Il a été le seul parlementaire dont on a entendu la voix aux Comores depuis des années. En 2013, le trabendiste Abou Achirafi Ali Bacar, ancien Directeur honni de la DNST, a été l’autorité dont on a le plus parlé, et pas pour de bonnes raisons. Il a été victime d’un système qui l’a trop indument enrichi, la «citoyenneté économique». Or, la seule autorité comorienne qui a manifesté publiquement et à voix haute son opposition à la «citoyenneté économique» est incontestablement le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed, qui est allé jusqu’à se procurer le numéro du compte de l’Ambassadeur mafieux Zoubert Ahmed Soufiane, un garçon maudit qui s’est enrichi à une vitesse inégalée, et aujourd’hui tombé du tomatier, grâce au travail du Député Abdoulfatah Saïd Mohamed. Le même Zoubert Ahmed Soufiane était au centre du trabendo des pavillons de complaisance, auquel le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed a courageusement livré la «Première Guerre mondiale comorienne». Cette guerre n’est pas encore finie, mais elle a le mérite d’exister et de prendre le peuple comorien à témoin.
Prenant toujours le peuple comorien à témoin, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed avait élaboré une proposition de loi sur l’arrêt du trabendo des passeports et des pavillons de complaisance. Et quand, récemment, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, devant les Députés, signala qu’il allait demander le renouvellement de la «citoyenneté économique», seul le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed avait publiquement manifesté son opposition à cette idée, en quittant la salle de la Commission parlementaire où l’argentier de l’État avait dit cela.
On se souvient du tollé qu’avait provoqué le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed en signalant que le gouvernement comorien est tellement pusillanime et marqué par un déficit de créativité et d’imagination que seule une insurrection populaire le fera sortir de sa sieste. Ses ennemis et ceux du peuple en avaient pris prétexte pour demander la levée de son immunité parlementaire et son emprisonnement pur et simple. Pour une parole. Le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed est un agitateur d’idées, un empêcheur de dormir en conseil des ministres et dans les travées de l’Assemblée. Mais, que peut-il faire seul, quand aucun autre Député ne joint sa voix et son action aux siennes, quand le Docteur Abdou Djabir ne pense qu’à sa risible loi sur l’École coranique, qui n’intéresse même pas les maîtres des écoles coraniques, et dont se foutent tous les Comoriens? Que le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed se retrouve seul dans le combat pour la bonne gouvernance rend son action encore plus digne.
Ce qui est saisissant dans son travail, c’est qu’il est membre de la majorité présidentielle, mais se comporte en opposant, pendant que les Députés qui sont élus en tant que membres de l’opposition ont perdu leur voix depuis bien longtemps. On ne les entend pas. Pour ce qui est de l’opposition extraparlementaire, elle n’existe plus. On est dans une configuration politique et institutionnelle inédite, une configuration dans laquelle personne n’incarne son rôle. Les uns et les autres se contentent d’exister, même sans rien faire. Drôle d’époque, tout de même.
Tout ceci nous incite donc à la prudence sur le chapitre relatif à la désignation de cet «Homme de l’Année». Fin 2012, le journal Al Watwan avait établi son petit palmarès maison, en y incluant le Président Ikililou Dhoinine et son épouse. Le procédé puait la complaisance démagogique à plein nez. Même si le Président et son épouse méritaient de figurer sur le palmarès, il était démagogique de les y retrouver. Soyons sérieux. Ils ne sont pas concernés.
Donc, les faiseurs d’opinion doivent éviter le ridicule en se livrant à des spéculations sur les personnalités publiques et privées de leur choix parce qu’ils ont des relations avec elles et veulent leur faire plaisir. Aujourd’hui, nous devons nous poser la question de savoir si la pluralité des désignations fait mieux l’affaire ou si, au contraire, il faut unifier les voix pour faire quelque chose de plus crédible, en demandant à Al Watwan, La Gazette des Comores, Djabal TV et les 30 sites Internet et blogs les plus lus d’unir leurs voix dans un forum unique pour désigner «L’Homme de l’Année», sur la base de critères uniformes et objectifs.
Le Soudano-anglais Mohamed «Mo» Ibrahim a créé une Fondation dont la vocation est de débarrasser l’Afrique de la corruption et de ses dirigeants corrompus (bon courage). Il a créé le Prix Mo Ibrahim pour un Leadership d’Excellence en Afrique. 86 indicateurs sont élaborés pour juger de la gouvernance en Afrique. Normalement, chaque année, doit être décerné le Prix Mo Ibrahim, qui récompense d’anciens chefs d’État africains ayant fait preuve d’excellence au cours de leur mandat. C’est un Prix qui ne sera jamais attribué un jour à un Azali Assoumani ou à un Ahmed Sambi. Et, il y a des années au cours desquelles il n’est pas décerné, car le décerner quand les conditions objectives ne sont pas réunies l’auraient perverti. Depuis 2007, le Prix Mo Ibrahim ne trouve pas preneur. Il doit en être de même pour la désignation de «L’Homme de l’Année» aux Comores.
Donc, nous ici, sur le site www.lemohelien.com, rejetons entièrement et définitivement les désignations de «L’Homme de l’Année 2013» et considérons que seul le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed en est digne. Le reste, ce sont des enfantillages qui ne nous intéressent pas.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 7 janvier 2014.