Pour des raisons qui me sont personnelles, je prenais jusque-là garde de la vie politique guinéenne et me résignais d'y émettre des avi...
Pour des raisons qui me sont personnelles, je prenais jusque-là garde de la vie politique guinéenne et me résignais d'y émettre des avis.
Cependant, il est d'une impérieuse nécessité que cet ennuyeux mutisme soit enfin brisé vu l'importance de certains récents actes politiques posés par notre président de la République et l'incidence funeste qu'ils pourraient avoir sur l'avenir et le redessinage du paysage politique guinéen. En effet, la reconduction du 1er ministre de l'ancienne équipe gouvernementale et de plus de la moitié de ladite équipe prouve à suffisance que notre chef d'Etat semble être davantage préoccupé de ses petits calculs électoralistes que du véritable développement du pays dont les destinées lui sont confiées il y'a un peu plus de 3 ans. Je sais sans doute que d'aucuns m'intercepteront illico pour me rappeler la teneur de tels actes sur l'avenir politique de notre cher président.
Non ! Telle serait aussitôt ma réaction pour les rasséréner de leur aplomb. Eh oui ! Je vous le concède entièrement. J'irais même par admettre qu'il est sans nul doute le plus habile et le plus stratège des hommes politiques actuels de la Guinée. En revanche, convenez tout de même avec moi que notre très cher président a lamentablement déçu l'élite intellectuelle guinéenne, du moins l'élite intellectuelle consciente, en affirmant lors de l'une de ses récentes sorties à Conakry, je cite : « On a fait le sale boulot pendant trois ans, qui consistent à faire de la macro-économie. J'ai dit que c'est un gouvernement de mission. Le Premier ministre aura une lettre de mission. Voilà votre mission. Chaque ministre aura sa lettre de mission […] » A peine que je commençais à supputer les conséquences positives d'une telle déclaration sans précédent sur le nouvel élan dont notre pays s'apprêterait à prendre en ce sens que c'est le président lui-même qui venait de sonner le glas de ses 3 années de gouvernance, je fus aussitôt déçu de sa brusque volte-face en apprenant le soir, la reconduction du même chef de gouvernement dont la gestion faisait l'objet dans la même journée (dans moins de 24h) de virulentes critiques par le chef de l'Etat.
Et ce n'est pas tout, en regardant la liste des ministres du nouveau gouvernement parue ce Lundi soir, je demeurai encore plus perplexe après avoir remarqué qu'il y figure plus d'anciens ministres l'ayant déjà servi que de nouveaux. D'où la nécessité de déterminer la nature, les moyens et les fins de la mission pour laquelle notre très cher président se fixe l'objectif d'atteindre dans 2 ans. Ne déambulons pas si loin, le chef d'Etat, lui-même nous a déjà donné la réponse dans le même discours qu'il a tenu à la veille de la reconduction de Mohamed Saïd Fofana , je cite : « 2014 doit nous permettre de gagner les élections de 2015. » voilà la nature de la « fameuse » mission enfin définie. Dès les premières heures de l'élection qui l'a porté à la présidence de la République, Alpha Condé ne se lassait de rabâcher qu'il serait le « Mandela » et l' « Obama » de la Guinée. Je ne me transforme pas en un critique, encore moins un détracteur politique à l'égard de son régime, loin s'en faut.
Mais pour se faire réélire comme Obama, un chef d'Etat doit plutôt lancer des grands chantiers de développement qui contribuent davantage à sa réélection que de reconduire ses acolytes ayant pour unique mission d'exécuter « le sale boulot » qu'il leur ordonne. A titre illustratif, il convient de rappeler, bien entendu que c'est grâce au sauvetage de l'industrie automobile américaine qu'Obama a réussi à récolter plus de voix aux dépens de son challenger (Mitt Romney) qu'à l'utilisation des véhicules administratifs par son administration pour battre sa campagne électorale. Quoique le XXIIe amendement de la constitution des Etats eût limité à 2 le nombre de mandat présidentiel après sa mort, rappelons toutefois que Roosevelt, de par les actes immenses et salutaires qu'il a posés, est l'un des rares présidents américains qui ont su gagné l'estime et le cœur du peuple américain. Enfin, Je voudrais pour finir, conseiller à mon très cher président de la République de se dépêtrer de son « vieux manteau » d'homme politique qui lui a servi depuis plus de 40 ans, de tremplin à ses succès politiques.
Il devra dès à présent comprendre que, pour être un homme d'Etat et un fin visionnaire comme Mandela, Roosevelt, De Gaule, Kennedy, Obama, Jerry Rawlings (Ghana)… Pour ne citer que ceux-ci, il devra oublier ses petits calculs électoralistes et s'attaquer aux énormes défis de développement socio-économique de notre pays. Qu'il fasse du pouvoir politique non pas une fin, mais un moyen lui permettant de relever les grands défis auxquels notre pays fait face.
Alhassane KANTE, étudiant en Droit Public.