Un clou appelé Mohamed Anrifi Moustoifa, prochain chef d’état-major de l’AND. Ça va être pittoresque. En tout cas, on va rire. On va rir...
Un clou appelé Mohamed Anrifi Moustoifa, prochain chef d’état-major de l’AND.
Ça va être pittoresque. En tout cas, on va rire. On va rire parce que le patient dénommé AND est définitivement entré en phase finale de la maladie qui va l’emporter. De malade, l’AND était moribonde, mais là, elle est en mort clinique, en coma artificiel, sous perfusion. Toutes les dernières tentatives de réanimation sont restées sans effet. Et, à un moment où l’autorité du bon Colonel Youssouf Idjihadi est ouvertement contestée par les bidasses, troufions, sous-officiers et officiers, le malade AND crie à l’acharnement thérapeutique et souhaiterait qu’on le laisse mourir de sa belle mort, estimant que rien ne pourra le tirer d’un décès qui lui permettra de se reposer enfin en paix. Or, au moment où le cercueil de l’AND est déposé devant le Camp de Kandani, le scénario le plus invraisemblable est élaboré, et va faire rire les Comoriens pendant un petit siècle: la nomination, à la tête de l’AND, du Colonel mohélien Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi dit «José», dit «Obama».C’est le Président de la République qui le dit à son comité stratégique restreint: «Comme le Colonel Youssouf Idjihadi ne fait pas l’affaire, je dois me résoudre à nommer l’un des miens à la tête de l’AND. Et le mien le mieux indiqué pour occuper le poste est sans doute notre Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi. Il vaut ce qu’il vaut, mais que puis-je faire d’autre? Je suis en train de doter le pays du troisième chef d’état-major de l’AND en deux ans et demi, car jusqu’alors, je suis déçu. Donc, je dois faire le douloureux choix du Colonel José». On est mort de rire car, par une manipulation digne d’un scénario de Bollywood en Inde, le brave Colonel Youssouf Idjihadi avait fait valoir des relations de famille avec le père du chef de l’État, lui trouvant même des origines dans son village, et tout ça pour se faire nommer à la tête de l’AND. On respire…
Mais, le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi dit «José», dit «Obama» n’a pas «démérité», lui qui, dès l’avènement d’Ikililou Dhoinine a multiplié les gestes destinés à faire comprendre aux uns et aux autres que le chef de l’État est marié à l’une de ses cousines et, en bon comorien, cela signifiait que son heure de gloire était enfin arrivée, lui le garçon maudit des casernes, le veau à deux têtes des popotes, le sujet de plaisanteries grivoises des réunions d’état-major. Déjà, au lendemain de la tentative bidon du coup d’État bidon du 19 avril 2013, le Colonel mohélien avait crié haut et fort qu’il était le mieux disposé pour prendre la tête de l’AND, car il était le plus compétent. Il avait multiplié les appels du pied auprès du chef de l’État, réclamé la tête des auteurs de la fausse tentative de putsch du 19 avril 2013, multiplié les injures, les menaces et autres avanies contre le Vice-président Fouad Mohadji, son ennemi intime et héréditaire, celui qu’il qualifie de «garçon mal élevé», notamment pour s’approprier la mésentente qui existe entre le Président et le Vice-président. Mais, n’oublions pas la vieille rivalité qui oppose le Colonel au Vice-président depuis des années, à Fomboni.
Le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi est un personnage haut en couleurs. Il est l’un des plus «politisés» de tous les officiers comoriens. Longtemps, il s’était abrité sous le parapluie de son père, qui connaissait le Président Ahmed Abdallah, et qui avait permis au fiston chéri d’aller à l’Académie Royale militaire de Meknès avec un faux Baccalauréat, puisqu’il avait raté le sien en 1978. Pas glorieux. De retour du Maroc, il a tenu tête à tous les officiers des Forces Armées comoriennes (FAC), comptant toujours sur le parapluie de papa auprès du Président Ahmed Abdallah. Dès lors, il écrasa par son mépris le Commandant Ahmed Hazi, alors chef d’état-major des FAC, qu’il accusera de «chauvinisme insulaire», s’en prendra au Commandant Youssouf Ali, à Mohéli, qu’il traitera de «campagnard». Sous Ahmed Sambi, on le retrouve sous le tapis de Beït-Salam, en train de ramper pour demander des passe-droits et de la promotion, mais là, il se heurtera à une cinglante lettre de rappel à l’ordre signée par le Général Salimou Mohamed Amiri, dont il demandera l’exécution auprès du même Ahmed Sambi, avec qui il a en commun une haine morbide envers le Général. Une solidarité corporatiste entre médiocres. Pourtant, le Colonel spécialisé dans l’art de fabriquer de fausses citations du Général de Gaulle se croit et se dit toujours le meilleur, lui qui prétend avoir été surnommé par un Colonel français «Monsieur l’Expert», depuis qu’à l’École d’État-major de Kenitra, Maroc, il avait rédigé un Mémoire de fin d’études sur «Le Communisme dans les relations internationales», dont il avait remis copie au Colonel Azali Assoumani, à l’époque chef de l’État. Mais, comme d’habitude, le radin le plus avare de Mohéli exagère quand il vante ses propres mérites.
Naturellement, sa probable nomination divise l’opinion publique, en ville comme dans les casernes. Ce Colonel est convaincu que «malgré son côté théâtral et son goût pour le folklore, malgré sa façon de se mettre en valeur sans vraiment en avoir, malgré son verbiage qui le rend chaque jour plus ridicule et risible, José vaut mieux que le Colonel Youssouf Idjihadi, qui n’est pas fait pour diriger une Armée. José fait rire par ses bouffonneries et ses pitreries, mais il en a plus dans les tripes que le très austère Youssouf Idjihadi». Or, c’est un avis que ne partage pas un autre Colonel, pour qui «le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa à la tête de l’AND ne serait qu’un facteur de division. À un moment où on assiste à la disparition des derniers vestiges de la dépolitisation notamment insulaire de l’AND, nommer cet officier vantard, bavard et porté à l’extrême sur la politisation du système de Défense des Comores serait un mauvais signal donné à la troupe. Il ne faut pas oublier que l’AND est traversée par des lignes de forces insulaires exacerbées de manière très irresponsable par Ahmed Sambi, qui avait détruit des carrières mohéliennes et grandes-comoriennes pour favoriser celles des siens. Aujourd’hui, si un Président mohélien nomme le plus contestable des officiers mohéliens, il va faire imploser l’AND. L’autorité du Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa ne sera jamais acceptée chez nous, où il ne fera jamais l’unanimité».
Les choses ne sont donc pas faciles, mais le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi revendique son «dû». Il estime que les injures qu’il jette à la figure du Vice-président Fouad Mohadji à elles seules doivent lui valoir des galons de Général, pour pouvoir parader auprès de son autre ennemi, celui de Dzahadjou, Hambou. Les mêmes injures devraient, dans sa conception de la chose militaire, lui valoir la tête de l’AND.
Les experts pourront ergoter comme ils veulent, mais, à Mohéli, la perspective de la nomination du radin le plus avare de l’île est vécue dans la peur. Car, l’enfant du Centre ville de Fomboni est un dictateur de village, capable d’injurier vertement qui il veut, et de jeter en prison qui il veut. En 2002, cet homme qui disait être disposé à faire un concours de dictée avec le Djoiezien Madi Ansoya est un garçon d’une rare violence physique et verbale, qui a jeté en prison, sans ordre du juge, des Fomboniens qu’il n’aime pas, qui procède aux affectations les plus injustes de militaires qu’il déteste pour des raisons personnelles. En d’autres termes, il a fait de l’institution militaire l’instrument d’assouvissement de ses désirs personnels, l’instrument de ses vengeances personnelles face à ses ennemis personnels, dont il est sur les talons depuis des années, à Fomboni et ailleurs.
Les Mohéliens gardent de la période dominée par le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa et le Gouverneur Mohamed Ali Saïd comme la plus sombre de leur Histoire actuelle. Les ténèbres de cette période trouble sont d’autant plus épaisses que les deux soudards ont fait oublier jusqu’aux violences du Commando Moissi. Donc que si le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi est nommé à la tête de l’AND, les Comores n’éviteront pas une nouvelle plongée dans la dictature car, dans ses fantasmagories, fantasmes et divagations, le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi conteste même les ordres du chef de l’État, estimant que les «politiciens» n’ont pas à se mêler des «choses sérieuses». Si le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi est nommé à la tête de l’AND, il faudra faire assaut de patriotisme et aller présenter les condoléances les plus attristées au peuple comorien.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 2 janvier 2014