De la «citoyenneté économique» à la «citoyenneté économique “diplomatique”»

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Le «Consul honoraire» d’Ahmed Sambi au Maroc est jeté en prison. Cela fait une semaine que la «citoyenneté économique “diplomatique”», fi...

Le «Consul honoraire» d’Ahmed Sambi au Maroc est jeté en prison.


Cela fait une semaine que la «citoyenneté économique “diplomatique”», fille aînée de la «citoyenneté économique», est dans de beaux draps. Et pour cause! Le «Consul honoraire» d’Ahmed Sambi à Rabat, Maroc, a été jeté en prison. Il a été dépêché par l’ancien satrape à Rabat mais n’a jamais reçu d’exequatur, l’autorisation donnée aux Consuls pour exercer leur fonction sur le territoire de l’État de résidence. Il s’agit d’une affaire très alambiquée car c’est un Égypto-Tanzanien de nationalité indéterminée dans un pays arabophone, berbérophone et francophone et dont une partie de la population, au Nord et au Sud, parle espagnol, alors que lui-même ne parle ni arabe, ni berbère, ni français, ni espagnol. Il se disait «Consul honoraire nommé par le Président Ahmed Sambi», mais auprès de qui, puisque le Maroc ne l’a jamais reconnu? Le Droit diplomatique et consulaire vient de connaître une nouvelle impulsion «grâce» à Ahmed Sambi, pour qui on peut nommer un «Consul honoraire» dans un État étranger sans consulter cet État. Ahmed Sambi et son type disaient même acheter des terrains au Maroc pour bâtir une résidence pour les étudiants comoriens. Une première mondiale!

Comme l’histoire de cet encombrant personnage hérité de la diplomatie d’Ahmed Sambi commençait à énerver les autorités comoriennes, alors chef de la diplomatie comorienne, en 2012, Mohamed Bakri Ben Charif Abdoulfatah avait signifié à l’individu qu’il ne pouvait continuer à se prévaloir d’un quelconque titre officiel comorien. Or, qu’apprenons-nous aujourd’hui, si ce n’est qu’Ahmed Sambi choisit tellement bien ses partenaires qu’il a nommé un «Consul honoraire» aujourd’hui «Fil Habss», «en prison». Quelle idée géniale que de confier des responsabilités étatiques de haut niveau à des gens qui finissent en prison!

Qu’est-ce qu’on découvre dans cette affaire? La fameuse «citoyenneté économique» et sa fille aînée, la «citoyenneté économique “diplomatique”». Car, l’homme qui croupit en prison aujourd’hui voyage avec un passeport diplomatique comorien, puisqu’il est «Consul honoraire» de l’État comorien. Qu’est-ce qui pousse donc tous ces gens à ramper pour devenir des «Consuls honoraires» des Comores? La réponse est très simple: la quête d’un passeport diplomatique pour assurer les arrières en cas de délit, pour faciliter les démarches administratives et des trafics illégaux. Or, ce que les voyous ignorent généralement, c’est que, même si on dispose d’un passeport diplomatique, on n’a pas le droit de faire n’importe quoi car, dès que les autorités d’un État souverain ont de sérieux motifs de croire qu’une personne donnée se livre à un acte délictueux quelconque, une enquête est diligentée, et l’immunité diplomatique saute comme la serrure d’une malle qui gît dans une caravelle espagnole dans l’océan Atlantique depuis le XVIème siècle. On a vu des gens partir en prison en France alors qu’ils brandissaient des passeports diplomatiques sur lesquels chacun est désigné comme «représentant permanent de telle Républiquette bananière auprès de l’UNESCO».

La diplomatie comorienne lors de la présidence d’Ahmed Sambi est allée très loin dans la complaisance intéressée avec les inconnus étrangers, allant jusqu’à vendre la représentation permanente des Comores à l’UNESCO, alors que les Syro-libanais qui bénéficiaient de cette gâterie consulaire ne payaient même pas les charges des Comores à l’UNESCO. Le mérite du Président Ikililou Dhoinine en la matière a été de débarrasser les Comores de ces gens dont la présence sur les listes officielles des Comores avait terni l’image de notre pays à un point que les Comoriens sont très loin d’imaginer. À l’époque, on nous expliquait doctement que, dans la mesure où l’un de ces types avait des liens de parenté avec l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, il fallait que les Comores tirent profit de cette parenté. D’où la question de savoir si les Comores doivent vendre des postes diplomatiques à tous les étrangers ayant des relations de parenté avec d’anciens Premiers ministres. On apprendra par la suite que l’un des bénéficiaires de la «citoyenneté économique “diplomatique”» est même impliqué dans des affaires de blanchissement d’argent très sale en Afrique occidentale et qu’il participait à la déstabilisation de la Côte-d’Ivoire sous la présidence du Docteur Alassane Dramane Ouattara à partir du Ghana, en se servant d’un passeport diplomatique comorien remis par la diplomatie d’Ahmed Sambi, moyennant de l’argent. Car, la «citoyenneté économique “diplomatique”», tout comme sa maman chérie, la «citoyenneté économique», est une affaire de gros sous, et il s’agit d’un argent tellement sale qu’il peut polluer le cours d’une rivière pendant des années.

Le monde entier a assisté au déballage qui a suivi l’arrestation d’Abou Achirafi Ali Bacar, jusqu’alors premier responsable de la Direction nationale de la Surveillance du Territoire (DNST), un organisme à la tête duquel, dans les pays institutionnellement développés et civilisés, on confie à de grands commis à qui on n’a rien à reprocher, puisqu’il y va de la sécurité du pays, et au-delà, de la sécurité d’autres pays. En effet, en vendant des passeports comoriens même à des trafiquants de drogue et à des terroristes, en pleine période de perturbations mondiales liées notamment au terrorisme, Ahmed Sambi a ouvert une boîte de Pandore que les Comores ne veulent pas refermer et qui, même si elle est refermée, mettra du temps à faire dissiper ses effets les plus nocifs. Le Mal est déjà sorti de la boîte de Pandore.

On nous dit que «la citoyenneté économique» permet à l’État comorien de boucler ses fins de mois laborieuses, en facilitant le paiement du salaire de fonctionnaires et agents de l’État. Or, l’aveuglement qui avait caractérisé le régime politique d’Ahmed Sambi était tel que ce n’était même pas les Comores qui encaissaient cet argent de la honte, mais Bashar Kiwan, qui n’est même pas Comorien, mais n’était pas loin de se faire de l’argent en nous vidant de notre sang pour aller le vendre, et de nous amputer de nos organes vitaux pour aller les trafiquer ailleurs.

Donc, si aujourd’hui, les Comores apprennent que le «Consul honoraire» d’Ahmed Sambi à Rabat, au Maroc, est en prison, cela ne doit étonner personne car les Comores sont en train de récolter ce qu’elles ont semé. Malheureusement, elles ont semé le mal dans le champ mondial pour une récolte mondiale qui sera fatalement mauvaise. Les Comores ne sont pas en mesure de comprendre aujourd’hui le mal qu’elles se font et qu’elles font à leur peuple par la vente de la nationalité comorienne (passeports diplomatiques et ordinaires) et des pavillons de complaisance. Le mal est mondial, mais est originaire des Comores.

Aujourd’hui, personne dans le monde n’est en mesure d’évaluer tous les dégâts commis par le régime politique d’Ahmed Sambi entre le 26 mai 2006 et le 26 mai 2011. Mais, à ce jour, on n’a pas voulu approfondir le débat. On se contente d’évoquer les effets, mais sans aborder le volet des causes. Pour quelle raison, un État souverain se livre-t-il à des actes de banditisme international, qui mettent en danger la Défense et la sécurité des autres États? La réponse est très simple: parce que les autorités comoriennes qui font la promotion de la «citoyenneté économique» et de sa fille, la «citoyenneté économique “diplomatique”», n’ont ni la maturité, ni la capacité intellectuelle de comprendre la nature et les enjeux des relations internationales contemporaines dans toute leur complexité, et les dangers de leur commerce. Un garçon comme Ahmed Sambi présente le grand désavantage de n’avoir aucune culture de Droit et de n’avoir pas à ses côtés un juriste sérieux. Nous ne parlons pas de bricolage de Droit, mais d’une maîtrise de ce dernier de façon à ce que chaque problème posé puisse être étudié de manière bien posée, avec une solide argumentation juridique, par de vrais juristes.

Ceci est d’autant plus vrai que chaque fois qu’Ahmed Sambi rencontre sur sa route le Droit, cela finit par des catastrophes qui se répercutent sur toute l’étendue du territoire national des Comores. Même les hameaux les plus reculés en ressentent les contrecoups et les coups, dans l’indifférence des autorités qui, pourtant, savent qu’elles sont en train de tuer le pays. Aux Comores, on a tendance à dire qu’on n’a pas besoin de cadres de haut niveau. C’est cette erreur qui fait le plus de mal au pays car un Président qui a le sens de l’État commet ses erreurs, mais celles-ci sont sans commune mesure avec celles du chef d’État qui a un bagage intellectuel au ras du sol. Malgré tout, aux Comores, on continuera à dénigrer les intellectuels.

Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 23 janvier 2014.
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