France Mayotte est parvenu à se procurer un document émanant du parquet général à La Réunion concernant l'affaire du trafic de stupéfi...
France Mayotte est parvenu à se procurer un document émanant du parquet général à La Réunion concernant l'affaire du trafic de stupéfiants en bande organisée qui défraye aujourd'hui la chronique. Le commandant de police qui avait assuré l'escorte de Gérard Gautier est aujourd'hui soupçonné d'avoir menti et d'avoir produit un faux procès verbal. Gérard Gautier accuse encore et quelques points sont étonnants…
France Mayotte l'a évoqué dans chacune de ses éditions cette semaine, l'affaire du trafic de stupéfiants en bande organisée a une nouvelle fois rebondi avec le capitaine Gérard Gautier, ex patron du Groupement d'Intervention Régional de Mayotte cueilli chez lui tout comme son collègue Christophe Lemignant. Tous deux sont en détention, le premier à la maison d'arrêt de Rennes et le second à celle de Dunkerque. Ils devraient être escortés jusqu'à Mayotte dans les jours qui viennent.
Or, pour mémoire, ils avaient déjà été convoqués en juin dernier à Nanterre, à la Direction centrale de la Police Judiciaire avant d'être placés en garde-à-vue, tout comme 3 autres de leurs confrères au commissariat de Mamoudzou. Et ceux-là avaient été entendus pendant 96 heures, lorsque Lemignant et Gautier avaient été relâchés pour une raison simple, la notification de prolongation de leur garde-à-vue leur avait été remise hors délai, déclenchant l'obligation de libération. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle aujourd'hui, le juge en charge du dossier, Hakim Karki après les avoir re-convoqué à deux reprises sans succès a été contraint de passer à la vitesse supérieure, celle des mandats d'amener.
De leur côté, les policiers mahorais qui étaient à Paris pour mener les interrogatoires en juin, expliquent que la doyenne des juges d'instruction du tribunal de Nanterre qui devait remettre la fameuse notification de prolongation, était arrivée en retard. Le couac avait fait grand bruit et une fois encore, la question de savoir si il n'y avait pas eu des bâtons mis dans les roues de la procédure pour la freiner était posée par les journalistes et notamment la rédaction de France Mayotte. Après l'intervention du patron des gendarmes de l'Outre-Mer, le général Jean-Régis Veschambre qui avait demandé par deux fois au juge de ne pas auditionner ses hommes, après la demande de dépaysement de l'affaire par le commandant de la gendarmerie de Mayotte Thomas Bourgerie au procureur de la République Philippe Faisandier qui s'était exécuté, après le préfet Hubert Derache obligé de quitter son poste du jour au lendemain pour un placard parisien, etc, etc, il était en effet permis de se poser des questions.
Mais la défense avait une toute autre version des faits. En effet, l'avocat de Gérard Gautier, Jean-Jacques Morel soutient pour sa part que les policiers mahorais se seraient perdus dans les couloirs du tribunal de Nanterre et n'auraient pas trouvé à temps le bureau de la doyenne des juges d'instruction. Et malgré le retard enregistré obligeant une libération immédiate des deux mis en cause, ces derniers seraient encore restés plusieurs heures en cellule. C'est ce qui a d'ailleurs motivé Gérard Gautier à déposer plainte auprès du procureur de Nanterre pour "détention arbitraire" à la suite d'une prolongation de garde-à-vue jugée "irrégulière". Forcément, il y a un menteur quelque part et il appartient normalement au procureur du tribunal de Nanterre qui a été saisi de la plainte, de trouver qui dit la vérité.
Mais il n'avait pas encore eu le temps de faire son travail que le parquet de La Réunion s'en mêlait déjà. En effet, l'avocat général réunionnais, Vincent Le Pannerer, s'est fendu d'un courrier le 5 août dernier, soit moins de 3 mois après les faits. Il écrit au patron du procureur de Nanterre, le procureur général de la cour d'appel de Versailles, non pas pour demander où en est l'enquête, mais pour rappeler le quiproquo.
"Je vous prie de bien vouloir trouver une copie de procès verbaux dressés par le commandant de police Gesset du CSP Mamoudzou lors de son déplacement à la DCPJ de Nanterre sur commission rogatoire d'un juge d'instruction de Mayotte. Le procureur du Tribunal de Grande Instance de Nanterre a en effet été saisi d'une plainte déposée par Mr Gérard Gautier pour détention arbitraire à la suite d'une prolongation de garde-à-vue irrégulière car ordonnée 5 minutes après l'échéance par le doyen des juges d'instruction de ce tribunal". La suite logique aurait voulait que Vincent Le Pannerer s'enquiert du résultat de l'enquête menée mais ce n'est pas le cas, il préfère visiblement rappeler les faits.
"Il apparaît une divergence notable entre la version donnée par le plaignant, Mr Gautier qui attribue ce retard à son escorte assurée par le commandant Gesset et ce dernier qui, dans les procès verbaux transmis, impute ce retard au juge d'instruction." Et c'est ensuite que les choses se compliquent car l'avocat général livre les conséquences dans sa transmission de cette affaire. "Dans l'hypothèse où la version du plaignant serait validée, cela signifierait qu'un procès verbal extrait d'un dossier en cours d'instruction à Mayotte et rédigé par le commandant Gesset, officier de police judiciaire soumis à mon contrôle, constituerait un faux. Je vous saurai gré de bien vouloir m'en aviser." En clair, la parole de l'OPJ est directement remise en cause et ses procès verbaux sont suspectés d'être des faux. C'est ce qu'a tenu à rappeler l'avocat général au procureur général de Versailles sans attendre que le procureur de Nanterre ait rendu ses conclusions, ce qui est particulièrement étonnant. L'impatience n'est pourtant pas de mise dans ce type d'affaire aussi délicate, même si le magistrat était dans son droit dans la mesure où il y a le devoir de contrôle sur ses OPJ.
Sans remettre en question la probité du magistrat réunionnais, il est toutefois permis de se souvenir du courrier qu'il avait adressé dans une autre affaire, celle de Sitti Abdallah, cette femme de 54 ans morte dans les locaux de la gendarmerie de déshydratation après avoir été placée en rétention alors qu'elle venait de dériver pendant 60 heures en mer. Il reconnaissait qu'il y avait bien eu des dysfonctionnements mais préconisait des réquisitions de non lieu "faute de pouvoir établir une faute caractérisée de quiconque." Etonnant puisqu'il y avait eu mort d'homme !
Comment oublier encore cette intervention du parquet général dans cette affaire si proche du trafic de stupéfiants en bande organisée, celle de Roukia. En réponse à la garde-des-Sceaux qui attendait un point d'étape du dossier, il lui avait été répondu que la jeune femme avait bien consommé de l'héroïne ayant pu entraîner sa mort mais aussi qu'elle en avait déjà pris, certes en faible dose, dans les quinze jours précédent le drame. Ce qui était selon toute vraisemblance faux, puisque l'overdose est confirmée par les analyses qui expliquent de manière catégorique que Roukia n'avait jamais consommé de drogue avant cette prise fatale.
Gérard Gautier est mis en cause dans l'affaire Roukia, dans le trafic de stupéfiants en bande organisée et cette fois, le chemin est montré au procureur général de Versailles pour peut-être faire comprendre que le commandant Gesset aurait pu écrire un faux, ce qui aurait le don de dédouaner l'ex capitaine de gendarmerie et jetterait le discrédit sur le dossier de l'instruction du juge Hakim Karki.
Il faudrait donc sauver le soldat Gautier par tout moyen ? Non bien évidemment, la justice ne répond pas à cette logique, Vincent Le Pannerer ne fait que suivre la procédure qui ne saurait se permettre d'être une nouvelle fois entachée. Car cette fois, il ne serait plus permis de dire qu'il y a en effet eu des dysfonctionnements, et que faute de pouvoir établir une faute caractérisée, des réquisitions de non lieu seraient préconisées. L'estocade de Gérard Gautier est là, sans doute pour gagner du temps à travers une pluie de plaintes tout azimuts, mais elle n'a visiblement pas servi à grand chose puisque la procédure se poursuit avec le mandat d'amener lancé contre lui et Lemignant, confirmant sans doute la version du commandant de Police.
Et selon nos informations recueillies auprès du tribunal de Grande Instance de Nanterre, le commandant Gesset n'aurait pas trop de souci à se faire, sa version semblant être la bonne. Mais il appartiendra à la justice d'en juger.
La tactique de défense Gautier
Pourrir l'instruction encours et gagner du temps. Il semblerait que ce soit la tactique choisie par les défenseurs de Gérard Gautier. Pour mémoire, France Mayotte avait publié une interview en août 2012 d'un indicateur du Groupement d'Intervention Régional, Denise Humblot. Celle-ci racontait son travail consistait à apporter des informations sur les trafics de kwassas, de stupéfiants et d'aide au séjour d'étrangers en situation irrégulière et ce, avec la promesse un jour d'obtenir des papiers d'identité. Elle était efficace mais avait fini par être incarcérée à Anjouan. Elle expliquait alors que Gérard, son contact du GIR, avait tout mis en oeuvre pour la faire sortir, notamment en soudoyant un officier ministériel. Gérard Gautier Patron du GIR, s'était reconnu alors que son nom n'était pas cité dans l'article et avait déposé plainte pour diffamation publique. Le directeur de publication de journal Patrick Millan avait été mis en examen et des documents confidentiels défense avaient été publiés pour confirmer les dires. Ce qui aura valu au rédacteur en chef d'être entendu par l'Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale et à Patrick Millan d'être placé en Garde-à-vue. Mais une ordonnance de non lieu a été prononcée par le procureur de la République et Gérard Gautier s'est retiré de la procédure le jour de l'audience en correctionnelle, mettant fin à la plainte et à la procédure. Du temps avait été gagné, la pression avait été mise sur les journalistes, mais la vérité avait bien été publiée. Ainsi, dire que le commandant Gesset serait arrivé en retard dans le bureau de la doyenne des juges d'instruction à Nanterre ressemble à s'y méprendre à la tactique employée pour France Mayotte. Là encore, la justice éclaircira tout ça, il faut l'espérer.
Source : France Mayotte Marin
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