Interrogations lancinantes sur un homme spécialisé dans le nettoyage par le vide. Mrimdu , de son vrai nom Hamadi Abdou, est l'un des...
Interrogations lancinantes sur un homme spécialisé dans le nettoyage par le vide.
Mrimdu, de son vrai nom Hamadi Abdou, est l'un des animateurs de la blogosphère des Comores. Des fois, l'actualité comorienne le titille et le bouscule, l'obligeant à sortir de ses longs silences, que rien ne motive, ni ne justifie, ni n'explique, alors que la case Comores a pris feu. Cette fois, dans un article décapant et savoureux joliment intitulé «Le Soleil"Djuwa" est complètement occulté par les événements: Li Djuwa Li Liwa Bo Wanantsi» («Le soleil est dévoré, chers citoyens»), il s'attaque à un sujet fort intéressant, qui se décline en trois thèmes majeurs: le «chavirement» de la «zaouïa» («confrérie») d'Ahmed Sambi, que Maître Ibrahim Ali Mzimba appelle sans aucune forme de charité «la planète Ahmed Sambi», l'incapacité du chef de la «zaouïa» à fidéliser ses relations politiques, et la capacité du gourou du crypto-sambisme à broyer les hommes et les carrières qui le dérangeaient quand il sévissait à Beït-Salam. Même très court, l'article dépeint un Ahmed Sambi qui ne sait que faire le vide autour de lui dès que ceux qui le côtoient découvrent la réalité de sa personnalité de grand prometteur qui s'avère un piètre teneur et réalisateur de promesses électorales ressassées jusqu'à la nausée. L'image qui ressort de cet article est saisissante et ne rassure pas le peuple comorien, celui des gens qui se situent aux antipodes des appareils de partis politiques inactifs et parfois corrompus ou obnubilés par les honneurs inutiles et détruits par la cupidité.
Quand on veut observer la vie politique comorienne sans luttes noires, ni lunettes roses, on constate rapidement que la plus grande «prouesse» réalisée par Ahmed Sambi est sans conteste le désenchantement et la désillusion. Il arrive toujours un moment où, si on est sincère avec les Comores, on doit se rendre à l'évidence: l'impénitent vendeur de places au Paradis n'est jamais intéressé par les rêves qu'il nourrit de sa propre bouche. Aujourd'hui, ses hommes disent qu'on s'acharne sur leur «icône nationale», qu'ils comparent désormais au Président Nelson Mandela. Mais, ils ne s'interrogent jamais sur la déception et les remords de ce Comorien qui, à 24 heures du 2ème tour de l'élection présidentielle fatale de 2006, avait indigné jusqu'à ses amis, en déclarant sur les ondes de Radio France Internationale (RFI): «Ahmed Sambi est le seul candidat qui propose des hommes nouveaux et des idées nouvelles. Comme c'est un religieux et comme il a promis de combattre la corruption, il inscrit son engagement politique sur une ligne qui le situera à jamais sur l'une des plus belles pages de l'Histoire des Comores». Que de désillusions depuis…
Ahmed Sambi a exactement fait le contraire de tout ce qu'il promit. Non seulement il ne fit rien pour combattre la corruption, mais encore s'employa-t-il à s'engluer dans celle-ci jusqu'au cou, par sa boulimie d'argent facile, par l'aventurisme qui le conduit à mettre en danger l'État et le peuple des Comores, par son infamante «citoyenneté économique», par sa mise sous tutelle des Comores par ses Bashar Kiwan et autres amasseurs d'argent dans des Comores ressemblant au Congo de Tintin, par la vente de la représentation des Comores à l'UNESCO à de Syro-libanais, par sa fumée hallucinogène sur son vaporeux «Projet Habitat» dont il a reçu les fonds de l'Arabie Saoudite, par son divisionnisme pour rester indument au pouvoir au-delà du 26 mai 2010 (…).
Mrimdu a raison de rappeler l'abandon du crypto-sambisme par Ikililou Dhoinine et Mohamed Abdouloihabi, qui ont en commun de n'avoir pas présenté une obsession maladive pour le pouvoir, tant qu'ils travaillaient avec Ahmed Sambi, mais qui ont trouvé qu'à un moment donné, ce dernier était impossible à suivre et à fréquenter. Mrimdu ajoute sur la liste, Moussa Toyb et Idi Nadhoim. À présent, ceux qui sont restés fidèles à Ahmed Sambi le sont par reconnaissance personnelle (Fouad Mohadji) ou par cupidité, et Mrimdu s'interroge sur eux avec gravité, poussant l'humanité jusqu'à les prendre en pitié.
Normalement, Ikililou Dhoinine doit tout en politique à Ahmed Sambi. Il en est conscient. Mais, Ahmed Sambi l'insupporte par ses excès et ses extravagances. Quand on rend service à un tel homme un jour et qu'on le fasse fuir le lendemain, c'est qu'il y a un problème, et il s'agit d'un grave problème.
Quand Mrimdu présente Ahmed Sambi en broyeur d'hommes et de carrières, il a le talent et l'intelligence de citer le cas le plus emblématique et le plus dramatique, celui du Général Salimou Mohamed Amiri, que l'ancien satrape ne supportait plus, car l'enfant de Dzahadjou, Hambou, très populaire depuis mars 2008, le rendait jaloux comme un pou, et irritable comme un furoncle. «Vous réussissez trop; on va chercher à vous nuire». L'avertissement est d'Alain Gaigneron de Marolles, alors un des responsables des Services de Renseignement français, et s'adressait à un ami arabe, qui allait mourir peu après dans un étrange accident de circulation. C'est ce qui arriva aussi au Général Salimou Mohamed Amiri, qui réussissait trop, et cela Ahmed Sambi le vivait comme une injure personnelle.
Or, quand, en mai-juin 2010, la fine fleur des républicains comoriens demanda au Général Salimou Mohamed Amiri de renverser l'ancien satrape, dont le mandat arriva à expiration le 26 mai 2016, il refusa, invoquant son attachement aux valeurs de la République, auxquelles il croit fermement, même quand d'autres les bafouent. Quelques jours plus tard, en juin 2010, on apprit le révoltant et horrible assassinat du Lieutenant-colonel Combo Ayouba, qu'Ahmed Sambi s'est employé avec acharnement à mettre sur le compte du Général, alors qu'entre les 2 officiers, il n'y avait ni animosité, ni haine, ni compétition. Le 2 novembre 2012, le Tribunal de Moroni innocenta totalement et définitivement le Général Salimou Mohamed Amiri, et personne ne s'intéressa à la recherche du vrai commanditaire de l'assassinat. Mais, dans la jungle qu'est l'État comorien, Ahmed Sambi réussit à briser la carrière et la vie du Général Salimou Mohamed Amiri, le plus valeureux des officiers comoriens, dont la réhabilitation totale est considérée comme inévitable par certains des candidats les plus sérieux à l'élection présidentielle de 2016, candidats qui savent que le Général est aussi sur la route de Beït-Salam, par la voie des urnes, en 2016.
Et le fameux Soleil infernal dans tout ça? Mrimdu parle d'un destin de «chavirer ensemble» et du «devoir de chavirer ensemble», de «l'éclipse en beauté», avant d'enfoncer le clou par une terrible accusation: «L'ancien Président a un problème de comportement, qui s'accommode fort mal avec "le savoir vivre ensemble"», concluant par le célèbre mot de Léopold Sédar Senghor: «Les orgueilleux ne laissent jamais de gloire derrière eux». Quand on évoque donc le Soleil de l'Enfer, on est plié de rire parce que, tout en disant que l'ancien satrape est leur maître à penser, les crypto-sambistes s'accrochent, chacun, désespérément, à sa coquille vide. Le parti politique censé les fédérer a changé 1000 fois de nom, du GPS (Groupement des Personnalités sambistes) qui n'indique pas la bonne direction au soleil meurtrier. La logique et la sincérité auraient aimé que tous les crypto-sambistes se retrouvent au sein d'un seul et même parti. Mais, à l'intérieur du crypto-sambisme, il y a trop de courants d'air et de fuites de gaz, qui causent le fameux «chavirement», cher à Mrimdu. Bon!
Il est vrai que le lancement du Soleil de l'Enfer a été fait moyennant des enveloppes d'argent liquide distribuées par l'inévitable bon Docteur Sounhadj Attoumane, distributeur automatique de billets (DAB). Mais, passé le moment de curiosité, plus personne n'entend parler de la «chose». De fait, les vrais partis politiques sont ailleurs et ne peuvent être incarnés par des candidats désargentés, qui ne s'accrochent à Ahmed Sambi que pour renflouer leurs caisses désespérément vides. Mais, cet homme-là, enfermé dans son narcissisme arrogant, mettra du temps à se rendre compte du décalage existant entre les acclamations sincères et celles obtenues après que soient distribuées des enveloppes d'argent par le DAB Sounhadj Attoumane. Pourquoi ne pas dire aux crypto-sambistes qu'un cadre mohélien très brillant ayant émergé peu de temps avant l'indépendance a dit: «On ne mange pas de la viande humaine, mais pour moi, la viande de tel politicien mohélien malfaisant est halal»?
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 21 décembre 2013.