Madame la candidate fait perdre le sommeil à un candidat saisi par le doute

Messieurs les Hommes, l'heure du choix et de la vérité a bien sonné pour vous. Ses yeux cernés et globuleux parlaient pour lui, et e...

Messieurs les Hommes, l'heure du choix et de la vérité a bien sonné pour vous.

Ses yeux cernés et globuleux parlaient pour lui, et exprimaient toute sa latitude, après des nuits sans sommeil. Et, ce samedi 14 décembre 2013, dans une ville du Hamahamet, sur l'île de la Grande-Comore, ce candidat à l'élection présidentielle de 2016 était en présence de 5 de ses lieutenants les plus fidèles, devant qui il choisit de vider son cœur: «Vous 5 connaissez mon respect et mes sentiments fraternels à votre égard. Si je vous ai réunis ce matin en toute hâte, c'est pour vous dire que depuis que j'ai appris le nom de cette femme qui est candidate en 2016, j'ai perdu le sommeil, et quand je dors, c'est pour faire des cauchemars car je connais cette femme de A à Z, et je sais ce dont elle est capable quand elle se lance sur un projet. Pour résumer, c'est Xena la Guerrière entrant en politique. Je ne sais pas quel sera son sort au cours de cette élection présidentielle de 2016, mais je peux vous affirmer que si elle est candidate, je suis foutu et vous aussi. Elle va m'enterrer vivant, me laisser mourir à petit feu politiquement parlant et me ridiculiser. Et si quelqu'un ose la prendre à la légère, c'est qu'il est bête. Cette candidature féminine m'embête car elle constitue un poison mortel pour moi».

       

Les 5 compagnons du candidat étaient médusés. Jamais, ils n'avaient entendu leur chef, qu'ils surnomment secrètement «Tarzan», en raison de sa capacité à rebondir des situations les plus périlleuses, tenir de propos aussi défaitistes. Et ce «Tarzan», connu pour son sens de l'humour avoisinant zéro, poursuit, le visage toujours très grave: «Je connais cette femme depuis toujours. Je l'ai toujours vue obtenir ce qu'elle veut. Toujours. Je ne l'ai jamais vue s'engager sur des utopies et des chimères. Elle ne poursuit jamais de chimères. Elle est tout simplement redoutable, mais aussi et surtout très pragmatique et réaliste. Elle ne s'engage que sur des projets qui sont à sa portée, ceux qu'elle peut réaliser».

      

Au départ, ses 5 interlocuteurs avaient manifesté un certain scepticisme. Mais, quand notre énième candidat à l'élection présidentielle de 2016 prononça ces derniers mots, son auditoire buvait ses paroles. Les 5 politiciens qui écoutaient étaient sortis de leur torpeur et suivaient la suite du discours avec inquiétude: «Moi, depuis qu'on m'a révélé l'identité de cette Xena la Guerrière voulant faire de la politique, je joue l'intéressant auprès d'elle, en faisant tout pour lui tirer les vers du nez. Mais, cette maline cache bien son jeu. Elle fait comme si elle n'était pas concernée. Je n'ai jamais vu ça. Je vous jure, je n'ai jamais vu ça. Donc, je suis obligé de vous dire une chose très importante, et je vous prie de m'écouter très attentivement car, en dépit de nos accords secrets de Mnoungou en date du 29 septembre 2013, je suis obligé de vous dire que si cette femme nous accepte dans ses rangs, je me fais fort de devenir son colistier en Grande-Comore. Je n'ai aucune envie de me présenter contre Xena la Guerrière. Si l'un de vous veut être candidat à ma place, je lui en donne mon accord et ma bénédiction, car je n'ai aucune envie de me faire ridiculiser par cette femme au caractère bien trempé. Que Dieu nous vienne en aide!».

       Quand on demande au candidat ayant perdu le sommeil et le goût de se présenter en 2016 comment faire pour en savoir plus sur Madame la candidate auprès de ses collaborateurs, notre homme soutient: «À l'heure qu'il est, je ne peux vous dire que le minimum. Cette bonne femme travaille avec une équipe de campagne dans laquelle il n'y a aucun rigolo, ni gigolo, ni farceur, ni frimeur. Pis encore pour nous, cette femme n'a besoin ni de voler, ni de mendier pour mener une campagne électorale très propre. Elle a son argent à elle, et c'est de l'argent très propre. Elle travaille déjà avec des Comoriens de toutes les îles, essentiellement des ingénieurs, des économistes et des juristes. Elle a commencé par solliciter la bénédiction des notables les plus influents et les mieux implantés dans leurs régions respectives. Les notables contactés sont fous de joie car on leur a fait trop d'honneur. Ils en sont très sensibles. Même des notables qui étaient réfractaires à toute candidature féminine ont changé d'avis depuis qu'ils ont été consultés. Ils lui donnent une importance qu'on ne peut retrouver qu'à l'époque du Prince Saïd Ibrahim Ben Saïd-Ali et de Saïd Mohamed Cheikh. Si elle arrive à mobiliser une bonne partie de l'électorat féminin, nous sommes foutus, et je n'exagère pas».

      

L'une des personnes ayant assisté à la fameuse réunion nous appela, puisque c'est le site www.lemohelien.com qui, le premier, a fait état de cette candidature féminine, et le politicien voulait savoir s'il fallait prendre cette dernière au sérieux. «Oui!». Après un long moment de réflexion, il cita d'autres paroles de son champion: «Si la Guerrière débarque à Moroni, Fomboni, Mutsamudu et autres grandes villes en compagnie d'autres amazones et d'hommes gagnés à sa cause, et si elle arrive à mobiliser ne serait-ce qu'une infime partie de l'électorat féminin, attendez-vous à un désastre pour ses adversaires. Si, comme je le crains, les femmes du pays se reconnaissent en elle, attendez-vous à quelque chose d'inattendu. La gent masculine paiera ses erreurs, qui s'accumulent depuis des décennies et dont nous sommes tous responsables. Tous ceux qui ont passé leur temps à faire du mal à ce pays vont voir comment leurs bêtises vont rejaillir sur eux. Ce qui est en jeu aujourd'hui, ce n'est pas que cette femme gagne ou perde. Ce qui est en jeu, c'est qu'elle va précipiter la chute de certains en 2016, dont moi-même. Je suis fatigué. Cette affaire me fatigue. Je vais me reposer et faire la prière. Ces derniers temps, je fais régulièrement la prière».

      

Notre homme était dépité, à ce qu'il paraît.

      

Dans le métro parisien, en automne et en hiver, entre 5 heures et demie et 6 heures et demie, sur une ligne ramenant des milliers d'étrangers vers leurs lieux de travail de si bon matin, un frère de Chouani, Grande-Comore, crie toujours au scandale quand il entend un Malien prier en criant, comme si c'est en criant qu'il va se faire entendre de Dieu. Prions pour que le politicien comorien qui a perdu le sommeil par peur bleue d'une femme ne crie pas pendant la prière comme notre Malien du métro. Même s'il psalmodie tout doucement le Coran pendant sa prière, Dieu l'entendra sans peine.

Par ARM

© www.lemohelien.com – Vendredi 20 décembre 2013.