Une femme concurrence les «Mamadou», Kamarzamane et Abdillah Mbaé. Il va y avoir du sport. Du sport de haut niveau. En tout cas, les c...
Une femme concurrence les «Mamadou», Kamarzamane et Abdillah Mbaé.
Il va y avoir du sport. Du sport de haut niveau. En tout cas, les choses se précisent mais se compliquent en même temps dans le Hamahamet, la région d’origine de la femme candidate. Cette dernière a un mot sympathique pour résumer son positionnement dans ce Hamahamet qui est né dans la politique depuis que Dieu l’a créé et y a placé les premiers êtres humains de la région: «Je vais secouer le cocotier et faire tomber des noix de coco». Propos sibyllins, mais en politique, il n’y a jamais de hasard. Tout ceci est étudié, à un moment où la première certitude sur la mystérieuse femme candidate est obtenue: elle est du Hamahamet. Mais, il faut en savoir plus, car nous n’allons pas nous contenter de petites bribes d’informations, alors que les Comoriens se perdent en conjectures.
Cependant, le marketing politique a ses raisons que la politique ignore. En tout cas, une chose est certaine. Le Hamahamet va se transformer bientôt en cocotte-minute surchauffée. Non, une cocotte-minute ne suffira pas à expliquer le climat politique qui va y régner. Il faudra parler de la chaudière d’une locomotive à charbon, car l’explosion de celle-ci fait plus de dégâts quand elle explose. Oui, une chaudière de locomotive à charbon du XIXème siècle. Car, rien que dans le chef-lieu du Hamahamet, dans cette belle ville de Mbéni, les ambitions ne manquent pas. Et la Dame de Fer va y affronter une kyrielle de candidats, les principaux étant Mohamed Ali Soilihi, Mohamed Kamarzamane et Abdillah Mbaé...
Le premier de ces candidats est incontestablement le Vice-président Mohamed Ali Soilihi dit «Mamadou». Membre du gouvernement actuel, il est en charge du ministère des Finances, de l’Économie, du Budget de l’Investissement et du Commerce extérieur chargé des Privatisations. Il assume ainsi une très lourde responsabilité au sein du gouvernement actuel. Il en est le cœur palpitant. Dès lors, il est comptable de l’actif et du passif de ce gouvernement et ne pourra pas échapper aux louanges de ceux qui en seront satisfaits, mais également aux critiques acerbes des insatisfaits. C’est un grand commis de l’État, sans âge, qui a dirigé 5 fois le ministère de l’Économie et des Finances. Ministre un nombre incalculable de fois, il ne serait pas mécontent de couronner sa carrière politique par une fonction de chef d’État.
Quand on parle du Vice-président Mohamed Ali Soilihi à la candidate, réputée Femme de Fer, elle répond: «Oui, Mohamed Ali Soilihi a servi les Comores depuis des années. C’est très bien. Mais, ce qui nous intéresse aujourd’hui, en tant que Comoriens et Comoriennes, ce n’est pas le nombre d’années de service des uns et des autres, mais des résultats concrets. Il faudra donc laisser le CV de côté et nous parler des réalisations concrètes de mon frère aîné Mohamed Ali Soilihi. Chez lui, à Mbéni, il est une question à laquelle il ne pourra pas échapper, et celle-ci est en relation avec l’absence d’une route carrossable reliant la ville de Mbéni au reste de l’humanité et du monde. Comment va-t-il expliquer aux gens, par exemple, l’absence de cette route vitale, absence qui fait qu’aujourd’hui, le trajet Moroni-Mbéni s’effectue en 3 heures?! Comment pourra-t-il expliquer ça? Je ne vais pas parler d’autres failles dans sa cuirasse d’homme d’État à la longévité politique exceptionnelle, car il y a des réalisations qui étaient à sa portée et qu’il n’a pas faites. Le moment venu, on en parlera».
Le stratège électoral de la Dame de Fer, un homme qui parle rarement, très économe de ses mots et de ses gestes, explique que la pluralité des candidats dans le Hamahamet n’est pas forcément un handicap car tout se jouera sur la lassitude des Comoriens face aux dirigeants actuels et sur la crédibilité de la candidate et des candidats à l’élection présidentielle de 2016: «Un certain nombre de faits concordants donnent de la consistance à l’opinion selon laquelle les Comoriens sont fatigués par des années d’échecs gouvernementaux. Qui est ce Comorien qui n’est pas fatigué de voir que depuis 38 ans, son pays est engagé dans une voie sans issue.
Le Comorien aspire au changement, mais pas au changement pour le changement, pas au changement cosmétique, mais à un changement des mœurs politiques, un changement dans la manière de gouverner notre pays. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir comment le peuple suit avec une attention soutenue les deux plus grands scandales du moment, à savoir l’affaire Abou Achirafi Ali Bacar, et les révélations faites par l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi sur l’immense fraude électorale qui a conduit Ikililou Dhoinine au pouvoir alors que c’est Mohamed Saïd Fazul qui avait été élu. Quelle est la crédibilité de gens qui ont mis notre pays par terre? Telle est la question à laquelle les gens doivent apporter une réponse. Les Mohéliens disent avoir trouvé un slogan: “Amani Yatrou Yivozi”, “De grâce, laissez-nous, enfin, en paix”. Ce slogan doit être national, car la lassitude des Comoriens est la même à Anjouan, Mohéli et Grande-Comore. La crédibilité des nouvelles têtes sera le point focal de l’élection présidentielle, mais on n’évitera pas les sempiternels positionnements familiaux, et la sociologie y jouera un rôle éminent».
Tout ceci se dit à un moment où les destructeurs du pays n’ont pas encore compris qu’on les tolère tout juste et qu’on ne les aime pas. Comment le Comorien peut-il respecter tous ces politiciens arrivistes qui s’aplatissent devant Ahmed Sambi parce qu’ils veulent profiter de son argent, qu’il a acquis sur le dos déjà courbé et courbaturé du peuple, par les trafics les plus éhontés et par les détournements? Je vais vous raconter l’histoire de ce politicien qui se dit de la fantomatique Majorité présidentielle et dont les entretiens téléphoniques avec Ahmed Sambi sont écoutés par le camp présidentiel et qui, pour ne pas être vu en compagnie de l’ancien chef d’État, en froid avec Ikililou Dhoinine, demande à son garçon de courses d’aller négocier avec Ahmed Sambi à Mutsamudu, Anjouan. Comment peut-on respecter des gens de ce niveau, sans éducation, ni dignité, ni personnalité? Le même chef de parti qui se livre à ces byzantinismes a déjà son allié du second tour et a un pied dans un troisième parti. Et le jour où on se penchera sérieusement sur les méthodes florentines de l’individu, on ramènera à la surface d’autres saletés et d’autres compromissions.
Suivant avec un intérêt scientifique tout ce qui se raconte sur la blogosphère comorienne, l’équipe de campagne de la Dame de Fer est scandalisée quand elle constate que la politique aux Comores est complètement dévoyée, du fait d’une classe politique complètement dévoyée. D’ailleurs, la candidate est explicite sur la question: «J’aime les Comores et j’aime les Comoriens. Rien que pour faire ce que je peux pour contribuer à un mieux-vivre, je suis prête à m’engager dans ce combat de la vérité contre le mensonge, du patriotisme face à l’incivisme, de la sincérité face à la fourberie. Aujourd’hui, je sens que mon engagement politique est fondé également sur la nécessité de ne pas laisser mon pays entre les mains de personnes qui n’ont fait que lui causer le malheur et le deuil. Je n’ai aucune ambition pour moi-même car j’ai ce qu’il me faut, mais il n’est pas question pour moi de rester les bras croisés, pendant que le naufrage du pays se poursuit. Trop, c’est trop! Après avoir secoué le cocotier, il faudra secouer le manguier. Il y a trop de choses à faire dans notre pays, et nous devons sortir les sortants pour pouvoir vivre dans la dignité, dans l’honneur et loin du dénuement et de la pauvreté. Comment font ces gens-là pour vivre avec autant de haine envers leur propre pays? Ont-ils une âme et une conscience? C’est très grave!».
En tout état de cause, bientôt, on va assister à un déballage qui contribuera à discréditer complètement les acteurs politiques qui ont ruiné le pays, car une plainte va être déposée auprès des autorités compétentes au sujet de la fraude électorale de 2010, aujourd’hui reconnue par son chef d’œuvre, l’ancien Président Ahmed Sambi.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 18 novembre 2013.