La communauté comorienne de France sacrifiée sur l'autel du je-m'en-foutisme. Alors Président du Mali, Amadou Toumani Touré dit « AT...
La communauté comorienne de France sacrifiée sur l'autel du je-m'en-foutisme.
Alors Président du Mali, Amadou Toumani Touré dit «ATT» se rendait régulièrement à Montreuil, en banlieue parisienne, où vivent de nombreux Maliens, grands pourvoyeurs de fonds, en euros, vers leur pays d'origine. Subissant les pressions des autorités françaises pour la facilitation administrative du refoulement des Maliens séjournant irrégulièrement sur le territoire français, il avait fini par adopter l'avis de la communauté malienne de France, qui ne voulait pas entendre parler d'accords facilitant le refoulement des Maliens irréguliers vers leur pays d'origine, et avait donc pris le risque de froisser le partenaire français. Que s'était-il passé? L'arithmétique. Le Président «ATT» avait fait ses calculs et avait dû admettre que ses compatriotes installés en France faisaient entrer plus d'argent au Mali que la coopération avec la France. Il avait donc opté pour le réalisme...
...Malheureusement, aux autorités comoriennes, il manque ce panache, ce réalisme et cette reconnaissance de la communauté expatriée pour son effort au développement du pays. Or, c'est une contribution extraordinaire, qui permet la survie de Comoriens restés au pays.
Qu'on s'en rende compte. Alors que le budget de l'État comorien est de 29 milliards de francs comoriens, les Comoriens installés en France font entrer dans leur pays d'origine, bon an, mal an, 95 milliards de francs comoriens, en devises fortes, parce qu'en euros. En plus, certains transferts, effectués en dehors des circuits officiels (enveloppes confiées aux voyageurs), échappent à la comptabilisation officielle, et il s'agit d'une somme dépassant la moitié des 95 milliards de francs précités. Bien évidemment, sans cette manne, il y a longtemps que les Comores seraient transformées en champ de ruines. Si aujourd'hui, il y a une paix sociale aux Comores, c'est parce que les Comoriens vivant en France ont mis le paquet et se sacrifient avec courage pour aider leurs familles restées aux Comores.
Les Comoriens de France font la quête de livres et d'ordinateurs d'occasion dans les collèges et lycées pour l'école de leur village, vont dans les mairies pour solliciter des services pour leur village comorien, sont à l'origine de l'instauration de la coopération décentralisée entre des collectivités territoriales françaises et des villages aux Comores, même si un Mouigni Baraka s'en attribue la paternité.
Le 13 février 2011, à La Courneuve, en région parisienne, le Président «élu» Ikililou Dhoinine a prononcé un discours de bonne facture au cours duquel il reconnut les mérites indéniables des Comoriens installés en France pour leur contribution au développement social et économique des Comores. Il avait dit que son passage au ministère de l'Économie et des Finances lui avait donné la possibilité de saisir toutes les données des transferts effectués par les Comoriens de France. En entendant ça, les milliers de Comoriens remplissant cette salle aux dimensions pharaoniques avaient applaudi. Enfin, la reconnaissance officielle de leur contribution au développement économique et social ainsi qu'à la survie des Comores venait d'être faite.
Mais, rapidement, il a fallu déchanter. En effet, rien n'a été fait pour faciliter la relation entre les Comoriens de France et leur pays. Rien. L'État je-m'en-foutiste des Comores n'a rien fait pour l'instauration d'une ligne aérienne directe entre la France et les Comores. De fait, les Comoriens de France continuent à voyager dans des cercueils volants, à transiter dans des aéroports impossibles où ils passent la nuit dans des conditions cauchemardesques avant d'arriver chez eux, subissent les assauts de cafards et cancrelats dans les avions poubelles d'Air Incha Allah, se font voler leurs bagages au cours d'un voyage cauchemardesque, se font arnaquer par des agences de voyage qui les «oublient» au retour.
Depuis des années, l'importante communauté comorienne de Marseille (plus de 150.000 personnes) réclame un consulat, en vain. De temps à autre, l'Ambassadeur des Comores à Paris – que le Cabinet du Président en France veut faire limoger pour placer son type, qui veut parader dans les «Madjliss» et devant les jeunes filles – dépêche à Marseille l'un de ses collaborateurs pour l'établissement de passeports et cartes d'identité nationale portant la signature d'un mauvais garçon répondant au nom d'Abou Achirafi Ali Bacar, le «Pablo Escobar comorien». C'est bien, mais ça ne suffit pas.
Or, il faut avoir vécu en France pour connaître l'engouement et l'amour des Comoriens de France pour leur pays d'origine. Dans le métro parisien, dans les salons cossus, dans les «Madjliss» et au centre-ville de La Courneuve ou de Marseille, ils font et défont les équipes gouvernementales. Aucun candidat sérieux à l'élection présidentielle ne songerait entrer en campagne électorale sans sacrifier au pèlerinage à Paris. Parfois, c'est Kramer contre Kramer, car la salle où le Foumbounien Idi Nadhoim va organiser son meeting dimanche 24 novembre 2013 va accueillir l'autre Foumbounien Saïd Larifou, leader du Parti RIDJA. Un candidat à une élection présidentielle aux Comores a comme premier souci la création de son Comité stratégique en France. Aucun candidat sérieux ne songera à la rédaction de son programme électoral sans l'aval et la contribution des Comoriens installés en France. Pour l'élection présidentielle de 2010, Assani Assoumani (Mbéni), Mohamed Saïd Harouna (Ivembeni) et leurs troupes avaient sillonné la France entière, organisé des centaines de réunions pour leur champion Ikililou Dhoinine, et avaient beaucoup plus travaillé sur la plan stratégique que les fainéants et les pique-assiettes qui se la coulaient douce aux Comores. Le programme électoral du candidat? Il était rédigé en France par le groupe d'Assani Assoumani et son ami Mohamed Saïd Harouna, même si telle tricheuse à Moroni avait cherché à s'approprier des mérites qui ne sont pas les siens. Elle est connue pour ça.
Pourtant, malgré cet engouement pour la politique aux Comores, les Comoriens installés en France n'ont pas le droit d'élire le chef d'État pour lequel ils investissent leur argent, prennent des congés sans soldes et se mobilisent avec courage et sincérité. C'est injuste.
Quand le Président «élu» Ikililou Dhoinine effectua en France son voyage de février 2011, le Docteur Ali Abdou Mdahoma fut à la manœuvre pour lui faire rencontrer une belle brochette de Docteurs et d'Ingénieurs amoureux du pays, gagnant leur vie en France et ne demandant rien pour eux-mêmes. Les proches du Président «élu» s'employèrent à faire rater l'organisation de la réunion, mais n'y arrivèrent pas. Un Mémorandum fut élaboré, mais tout échoua à cause de l'acharnement ridicule et haineux d'un entourage ridicule et haineux.
En tout état de cause, aujourd'hui, le premier partenaire des Comores est la communauté comorienne de France. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale? De la frime pour garçons désœuvrés et boutonneux. Beaucoup de discours, de la paperasse, des dettes, et rien de bon. Les Comoriens de France font dans le concret et sans conditionnalité hypocrite. Mais, empêtrées dans l'incompétence et la corruption, les autorités comoriennes sont dans l'incapacité de le reconnaître. C'est d'une tristesse… On a même entendu la porte-parole du Président en France dire: «Qui aime les Comores travaille aux Comores». Dieu soit loué pour avoir doté notre pays d'un tel génie. Merci pour cette parole lumineuse, fruit d'une réflexion elle-même lumineuse, mais, dans l'affaire tout est question de conscience et d'amour pour les Comores, même à 8.000 kilomètres de ce pays adorable.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 21 novembre 2013.
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