Le satrape Ahmed Sambi, chantre de la politique de la terre brûlée

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Les ambitions démesurées d’un homme contre la stabilité de tout un État.        L’ancien satrape Ahmed Sambi devrait se résoudre à demande...

Les ambitions démesurées d’un homme contre la stabilité de tout un État.

       L’ancien satrape Ahmed Sambi devrait se résoudre à demander à la famille de l’ancien tyran sanguinaire du Zaïre, Mobutu Sese Seko, le droit et «l’honneur» de reprendre à son compte le nom complet de ce dernier: «Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga», «Le Guerrier qui va de victoire en victoire et qui laisse le feu derrière lui». Aujourd’hui, les Comoriens et les chancelleries sont unanimes sur le fait que le «Guerrier comorien qui a laissé du feu derrière lui» a non seulement allumé trop d’incendies derrière lui, mais en plus, présente le défaut de ne jamais pouvoir laisser refroidir le rôti. C’est un dictateur qui ne sait pas attendre, un homme qui a été Président en tant qu’Anjouanais, qui a voulu confisquer le tour de Mohéli, voulant rester au pouvoir en se servant d’arguments fallacieux, oiseux et fumeux, et qui s’invite à l’élection présidentielle qui doit avoir lieu en 2016 en Grande-Comore. Il ne veut pas attendre le tour d’Anjouan en 2021 et tenter sa chance.

       Qu’on se rappelle l’élection présidentielle de 2006, quand le Prince Saïd-Ali Kemal, né d’un père grand-comorien et d’une mère anjouanaise, avait manifesté quelques velléités, en sondant l’opinion publique par un projet de candidature présidentielle, en tant qu’Anjouanais. Mais, pour ne pas être en contradiction avec lui-même et avec l’idée républicaine que les Comoriens ont de lui, il y avait renoncé, car l’opinion publique l’identifie plus à la Grande-Comore qu’à Anjouan. Se présenter à Anjouan présentait pour lui le danger d’une violation de l’intimité politique et des ressorts intimes de l’île d’Anjouan. Pourquoi Ahmed Sambi ne peut pas faire comme lui, en pensant avant tout à la sensibilité et à la susceptibilité des Comoriens qu’il s’emploie à piétiner à tout moment?

       Il est vrai que l’indigeste Constitution comorienne, élaborée en l’absence des spécialistes de Droit constitutionnel et de Sociologie politique (mais si, mais si), est un texte très illisible, qui n’interdit, ni ne permet expressément la présentation d’une candidature à l’élection présidentielle d’un Comorien n’étant pas le natif de l’île où se déroule l’élection primaire. La raison? Parce que dans les Comores d’aujourd’hui, il n’est pas toujours facile de savoir ce que signifie exactement être Grand-Comorien, Mohélien ou Anjouanais. À Djoiezi, Mohéli, le Président Ikililou Dhoinine, des amis communs et moi-même avons grandi avec des amis dont les parents sont originaires d’Ongoujou, Bandrani Mtsangani, Bimbini, Mrémani et Mramani (Anjouan), mais qui n’ont jamais été à Anjouan. Ils ne connaissent même pas la couleur de l’île d’Anjouan. Ces gens-là sont-ils Mohéliens ou Anjouanais?

       Or, ces amis de toujours sont interdits de mohélianité. Il ne s’agit pas de gens qui viennent à Mohéli voler le bétail, piller les récoltes et braconner les tortues, mais de Mohéliens de naissance et de cœur, toujours considérés comme des «Oikoni», un terme connu pour son sens très péjoratif. Ils n’ont pas le droit de célébrer leur mariage «à la mohélienne», mais entre «Oikoni», et leurs meilleurs amis «mohéliens» ne les invitent pas à leur mariage.

Est-ce une bonne chose? Bien entendu, non, et quand je soulève la question, c’est à peine si je ne me fais pas insulter et accuser de «trahison». Déjà, l’épuration ethnique… Or, ces amis sont plus attachés à Mohéli que les petits Mohéliens nés à Rabat au Maroc ou à Champigny-sur-Marne en France. À Anjouan, les parents de ces amis sont oubliés: on ne se souvient pratiquement plus d’eux. Et si, aujourd’hui, ils veulent présenter leur candidature à l’élection présidentielle des Comores, ils vont le faire sous la bannière de quelle île? Et, dans l’affaire, que deviennent les enfants issus des couples «insulaires mixtes»? Et les nombreux Anjouanais et Mohéliens qui naissent chaque année à la Grande-Comore, où travaillent leurs parents? Allons-nous privilégier les origines des parents ou le «droit du sol»? Sacré «constituant» comorien! Quelle complexité sociographique et sociologique, que les autorités comoriennes font tout pour ne pas voir, alors que le malheur causé par le politicien comorien a des origines sociologiques.

       C’est donc pour éviter de répondre à la question de savoir qui est Grand-Comorien, Mohélien et Anjouan que le constituant de 2001 a été très évasif sur la question, ouvrant des brèches dans lesquelles veulent s’engouffrer Ahmed Sambi et consorts. De la truanderie constitutionnelle… Or, en réalité, quand l’élection primaire échoit à une île, les candidats doivent, par l’esprit de la Constitution, un esprit cher à Mzé Saïd Dafiné, être originaires de l’île en question. Mzé Saïd Dafiné a également raison de rappeler que quand l’élection primaire a eu lieu à Anjouan en 2006, il n’y a eu ni Grand-Comorien, ni Mohélien à Anjouan. En affinant l’analyse, on pourra même remarquer qu’à Mohéli, en 2010, les Mohéliens avaient manifesté leur mauvaise humeur quand ils voyaient arriver massivement sur l’île les fameux «Comoricains», ces faux stratèges électoraux qui voulaient impressionner par le recours à une terminologie politique étrangère qu’ils nasillaient et qu’ils ne maîtrisaient pas, uniquement pour se faire mousser. Pourquoi alors réveiller le chauvinisme insulaire?

       Qu’on se le dise: la présidence tournante est un monstre créé par des politiciens mohéliens mi-unionistes, mi-séparatistes et les séparatistes anjouanais. Leur but était de se prémunir contre l’«hégémonisme» et la «dictature de la majorité» de la Grande-Comore, et ce, en faisant en sorte que le «colonisé» mohélien et le «colonisé» anjouanais puissent diriger à tour de rôle les Comores, un pays qui ne raisonne qu’en termes d’insularité, villages, clans et familles. Or, aujourd’hui, c’est le «colonisé» anjouanais qui veut coloniser le «colonisateur» grand-comorien. Louis Sanmarco (1912-2009), ancien administrateur français des colonies en Afrique, a écrit un livre passionnant intitulé «Le Colonisateur colonisé». L’Anjouanais qui a tout fait pour avoir «sa» présidence tournante fait tout pour vider celle-ci de sa substance, tout ça parce qu’un excité exalté veut devenir Président à vie. Qui veut tromper qui, ici?

       Aujourd’hui, la solution est très simple. Il faut en finir avec cet empoisonneur politique qu’est Ahmed Sambi, car sa provocation est très mal vécue à la Grande-Comore, où elle est classée dans la catégorie des injures et des humiliations. Pour en finir avec Ahmed Sambi, il faut organiser la contestation de sa candidature, le faire détester et haïr au maximum, le laisser se présenter à l’élection, tourner sa verve en ridicule, s’unir contre lui, lui faire perdre le scrutin et organiser le bannissement («Malavi») des gens qui soutiendraient sa candidature, de la société de la Grande-Comore. De toute manière, on n’enfreint aucune loi en refusant de parler à un individu donné. C’est à ce prix que, légalement, les Comoriens pourront vivre en paix, loin du fantôme malfaisant de cet homme qui n’a apporté que du désordre à ce pays, par sa boulimie financière, par sa mégalomanie, par sa propension à livrer les Comores aux monarchies du Moyen-Orient, à l’Iran, à des petits aventuriers de type Bashar Kiwan et à la «coquille vide» qu’est la sinistre Fondation Fatima.

       Pourquoi, après avoir fabriqué Abou Achirafi Ali Bacar, le «Pablo Escobar comorien», ne peut-il pas avoir la décence de laisser en paix les Comoriens, dont il a vendu le pays sans vergogne? Quand, le 5 novembre 2013, Mohamed Ansume, Préfet du Hamamet-Mboinkou, conteste le bien-fondé de la candidature d’Ahmed Sambi, il se fait le porte-parole de milliers de Comoriens fatigués par les dribbles de cet homme qui croit être le seul Comorien digne de diriger le pays qu’il a mis par terre. Que ses hommes lui demandent de respecter la douleur et la misère qu’il a causées dans la vie des Comoriens. En tout état de cause, pour 2016, il est nécessaire d’éviter l’erreur commise à Mohéli en 2010, par la pluralité des candidatures aussi folkloriques les unes que les autres. Constituons un Front de la République et faisons-le échouer pour qu’il laisse notre pays en paix. Nous commençons à en avoir marre, à la fin…

 Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 8 novembre 2013.
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