IPPTE,détournement de projets, dévoiement d'argent public. Qu’est-ce qui se passe à la tête de l’État comorien? C’est la question à ...
IPPTE,détournement de projets, dévoiement d'argent public.
Qu’est-ce qui se passe à la tête de l’État comorien? C’est la question à laquelle tous les experts de la sismographie politique comorienne refusent de répondre. Les experts sont bien dépassés et à les entendre, il faut s’en remettre au jugement de Dieu, car seul Dieu comprend ce qui se passe au sommet de l’État comorien aujourd’hui. Depuis décembre 2012, l’autorité comorienne claironne partout qu’elle a réussi la performance du siècle en faisant dire à la communauté financière internationale le caractère d’État pauvre très endetté que sont les Comores. Comme si on avait besoin de l’expertise des étrangers pour nous faire comprendre que les Comores, notre pays, étaient désespérément pauvres et dans un endettement à faire hérisser sur la tête les longs cheveux d’un chauve qui vient de se faire raser. Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu que les responsables comoriens ajoutent la confusion à la confusion, le désordre au désordre.
Aujourd'hui, l'IPPTE, objet de la fierté personnelle du Président Ikililou Dhoinine, est au carrefour de toutes les insanités et manipulations imputables à la Présidence de la République et au ministère de l'Economie, Finances et autres babioles. De quoi faire mourir de honte les poux, putois et hyènes.
Que s’est-il passé. On parle des «décisions hasardeuses et de l’amateurisme» de Beït-Salam et du ministère de l’Économie et des Finances. Même les experts du FMI qui ont suivi le dossier des Comores au sein de leur institution sont accusés de complaisance et de fantaisie, puisque leur seul souci serait de pouvoir parader auprès de leurs chefs afin de dire qu’ils ont supervisé «le dossier des Comores depuis le début et ont accompagné un pays moins avancé (PMA) jusqu’au point d’achèvement de l’IPPTE, dans un contexte qui est celui d’un État comorien connu pour ses multiples problèmes institutionnels». Aujourd’hui, un gros doigt est pointé sur M. Matungulu, le chef de mission, originaire de la République démocratique du Congo, accusé de complaisance démagogique et de graves négligences. Bienvenue aux Comores, citoyen. «Bo komi malamu na mboka na yo ya sika, Ndéko», «Bienvenue dans ta seconde patrie, frère», en lingala.
M. Matungulu et ses collègues sont accusés d’avoir fermé les yeux un peu trop facilement sur plusieurs dérapages en matière de gestion des finances publiques et de manquements très graves d’ajustement structurels, soumettant aux administrateurs du FMI, à Washington, des rapports tout à fait fantaisistes. Les initiés savent que pour avoir la paix sur le dossier sur Mayotte, la France a obtenu du FMI et pour les Comores le point d’achèvement de l’IPPTE avant la fin des expertises nécessaires à l’opération. Pourquoi? Parce qu’il fallait inciter le Président Ikililou Dhoinine, qui n’a aucune expertise en matière économique et financière, à effectuer sa fameuse promenade de juin 2013 à Paris, où il allait s’exposer à d’incommensurables problèmes diplomatiques et protocolaires avant et après avoir apposé son auguste signature sur la non moins fameuse déclaration d’amitié et de franche camaraderie entre la France et les Comores. Du coup, les ennemis de Hamada Madi Boléro, trop nombreux, qu’il soit dans la majorité ou dans l’opposition, ceux-ci se trouvant au cœur du pouvoir et dans l’opposition, ont trouvé motif à ergoter. L’un d’eux, bien installé dans son bureau climatisé de Beït-Salam et qui n’a jamais caché à Hamada Madi Boléro qu’il ne l’aime pas, dit: «Le Président de la République a accepté d’aller signer la convention de la honte à Paris sous l’intelligence de Hamada Madi Boléro, le bras droit de la France à Moroni. Le Directeur de Cabinet du Président chargé de la Défense a comme principal Conseiller, un Colonel de l’Armée française à l’Ambassade de France aux Comores, et c’est une première dans les relations très complexes entre les Comores et la France. Même sous Azali Assoumani, quand il faisait le vent, la pluie et le beau temps il n’a jamais eu comme Conseiller, un étranger. Aujourd’hui, c’est lui qui est la tête de la commission de négociation entre les Comores et la France. Ça veut dire ce que ça veut dire, et je n’en dirais pas plus, et je n’ai aucune rancœur envers mon frère Hamada Madi Boléro. Je l’aime bien. C’est un frère». Tu parles…
Ah! Les Comoriens, toujours en train de chercher la petite bêtise. Mais, ne perdons pas de vue le contexte politique général, celui des délégations mohéliennes qui se croisent à la Présidence de la République, les couteaux entre les dents, pour demander au chef de l’État la tête encore dégoulinante de sang de l’ami Hamada Madi Boléro, le politicien qui cristallise le plus de haine, détestation et rancœurs sur son nom aux Comores. S’il n’avait pas de l’estomac, il y a longtemps qu’on l’aurait enterré. Pour de bon.
Pendant ce temps, au ministère de l’Économie et des Finances, le Vice-président chargé du département, au lieu de laisser les expertises aller à leur terme pour accepter une évaluation PEFA, sous les pressions de la Banque africaine du Développement (BAD), qui connaît la réalité du pays, a accepté de mener une évaluation qui a donné lieu à une «E», une note bien médiocre de l’évaluation PEFA. Les mauvaises notes concernent surtout les Finances publiques et la gouvernance économique. Les administrateurs du FMI sont très furieux de constater qu’un pays qui vient d’atteindre le point d’achèvement de l’IPPTE obtient la note «E», celle de Toto et des culots dans les Armées.
Naturellement, c’est ridicule et honteux. Les administrateurs du FMI ont demandé du concret sur la dernière expertise qui a été effectuée, en septembre 2013. Ces mêmes experts ronchonnent et tempêtent quand ils ont découvert le pire des scandales, celui par lequel notre cher et bien-aimé Président de la République, l’honorable Docteur El-Hadj Ikililou Dhoinine a donné l’ordre de remettre à son beau-père Djohar Boinariziki, le Trésorier-payeur général (TPG, pour les intimes), accompagné du prétendu chef de la Fondation Halouatété (le dada, fierté personnelle et propriété non moins personnelle de la Première Dame), 600 millions de francs comoriens pour aller acheter un autre avion, alors que beaucoup de chantiers ont été arrêtés, faute de fonds. Pis, l’avion qui est géré par le beau-frère de la Première Dame, un garçon correct et sympathique, mais sans compétence en matière d’aéronautique civile, nommé Directeur de la Compagnie COMAIR, n’enregistre que des détournements, le dernier étant chiffré à 70 millions de francs comoriens évaporés, étant noté que la Compagnie n’arrive même plus à payer les révisions du pauvre coucou. Très forts, les dirigeants comoriens. Mais, là, l’État met la main à la poche, pour ne pas froisser la dynastie. Le financement des éléphants blancs agrandit le cimetière des éléphants blancs. Tout cela est bien fâcheux car le FMI risque de ne pas valider la 6ème revue et cela va compromettre le point d’achèvement de l’IPPTE, le truc du Président de la République.
Quand les choses arrivent à un tel point, on s’en remet à Dieu et on dit: «Bonjour, les dégâts, et bon courage».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 24 novembre 2013.