Mardi 12 novembre 2013, sursaut national contre la corruption et l’impunité. Mesdames, Messieurs, pensez à nos pauvres cœurs, fragilis...
Mardi 12 novembre 2013, sursaut national contre la corruption et l’impunité.
Mesdames, Messieurs, pensez à nos pauvres cœurs, fragilisés par des années d’illusions et de chimères. Si vous ne pouvez pas faire ce que vous envisagez, arrêtez tout de suite votre action de dénonciation publique de la corruption et de l’impunité aux Comores, car mieux vaut vivre sans rêve, ni espoir, que d’aller de désillusions en désillusions. Il faudra sans doute rappeler que dans l’Antiquité, Virgile (70-19) dans L’Énéide, a écrit ce mot à la fois merveilleux et terrible: «Una salus victus nullam sperare salutem»: «Le seul espoir du condamné est de n’espérer nul salut».
Donc, il est inhumain de faire croire à un condamné à mort qu’il a un espoir d’échapper à sa mise à mort, alors que c’est faux. De fait, dans l’état actuel des choses, le Comorien n’attend aucun miracle. Mais, voilà, un mouvement s’est créé et veut faire du mardi 12 novembre 2013, une Journée nationale de dénonciation de la corruption et de l’impunité. Vaste programme. Le 12 novembre n’est pas une date choisie au petit bonheur la chance, mais l’anniversaire de l’admission des Comores aux Nations Unies, en 1975.
Pour comprendre la nature du mouvement, il faut prendre connaissance des mots courageux qui sortent de la bouche de Hachim Saïd Hassane, un des concepteurs de la marche de protestation: «Il faut dénoncer ce laisser-aller! Finie, la tolérance face à ces pilleurs des biens publics!». Quelle belle musique! Que c’est beau d’entendre ça d’un jeune Comorien! Donc, ce pays n’est pas mort pour tout le monde? Donc, il y a tout de même des gens qui pensent à ce pays? Hachim Saïd Hassane est encore dans le vrai quand il place le Président Ikililou Dhoinine face à ses propres contradictions:
«Le chef de l’Etat fait des discours émouvants, mais on considère qu’il entretient cette corruption, car il ne prend aucune sanction à l’encontre de ses collaborateurs ou ses hommes occupant des hautes fonctions en attendant la décision de la Justice». Des noms, fournissez-nous des noms. Et là, Hachim Saïd Hassane ne se fait pas prier pour citer le plus emblématique des voleurs couverts et choyés par le Président Ikililou Dhoinine, Abiamri Mahmoud, le patron de Comores Télécom: «Le président l’a maintenu à son poste. N’est-ce pas là de la complicité?». Merci de le rappeler. Mohéliens, avez-vous entendu les propos de notre frère Hachim Saïd Hassane?
Que faire alors? Hachim Saïd Hassane suggère deux pistes salutaires: d’une part, «on ne doit pas s’arrêter à des poursuites judiciaires. Il faut qu’on saisisse tous leurs biens mal acquis», et d’autre part, «il faut une prise de conscience collective car les communautés sont les premières à se lever pour demander la libération de l’un des leurs poursuivis pour détournement. On participe ainsi à l’entretien de cette impunité». Tout ceci est la vérité. Tout ceci relève de la vérité. Mais, il y a une troisième action à envisager: élaborer une Charte de la Bonne Gouvernance (Lutte contre la Corruption et de l’Impunité) et l’imposer à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2016, comme Nicolas Hulot avait fait avec son Pacte écologique à l’occasion de l’élection présidentielle française de 2007. Il est temps de fouetter les consciences.
C’est vraiment formidable que des jeunes Comoriens lancent une initiative de lutte contre les deux maux qui ont mis à genoux la République: la corruption et l’impunité. En février 1997, quand avaient été lancés le séparatisme et le «rattachisme» à Anjouan, un fonctionnaire international malien me disait que le rattachement d’Anjouan à la France relevait du rêve impossible, mais que les Comoriens auraient changé leur destin en mieux si, au lieu de demander l’impossible, ils avaient exigé des autorités de se comporter en bons pères et en bonnes mères avec le peuple comorien, en abandonnant les pratiques de prédatrices et prévaricatrices. En attendant, je souhaite signaler aux internautes qui m’ont posé de nombreuses questions sur le message injurieux envoyé à mon téléphone le vendredi 1er novembre 2013 à 19 heures 22 par le téléphone comorien +269.332.3242 qu’initialement, ce numéro avait été attribué à Saïd Ahamada d’Itsandra, et que désormais la traçabilité du téléphone a été faite.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 10 novembre 2013.