L'usage mafieux fait de 100 milliards de francs comoriens appartenant aux Comores. « À ce jour, il est impossible de déter...
L'usage mafieux fait de 100 milliards de francs comoriens appartenant aux Comores.
«À ce jour, il est impossible de déterminer avec précision le montant de l'argent obtenu à partir de la vente des passeports comoriens à des étrangers. Il également impossible de déterminer le nombre de personnes à qui ces passeports ont été vendus. Nous nageons dans un flou total, qui ne peut exister que dans un pays du bas Tiers-Monde, et c'est déplorable. Ça ne peut pas continuer comme ça. Même sans cette découverte d'un trafic parallèle dans lequel sont impliqués Abou Achirafi Ali Bacar et ses complices, il est temps pour notre pays d'arrêter ce commerce de la honte, qui discrédite l'État comorien dans le concert des nations», fulmine, excédé, ce cadre supérieur comorien, bien installé au cœur du pouvoir.
Naturellement, il ne peut pas exprimer son opinion devant ses chefs, car ces derniers, arrosés par cet argent sans contrôle parlementaire, sont prêts à recourir à l'assassinat contre toute personne susceptible de leur enlever de la bouche, le pain maudit de ce trafic éhonté de cartes d'identité nationale et de passeports comoriens. D'ailleurs, savoir que c'est le Président de la République qui signe les décrets de naturalisation a quelque chose de désespérant, parce qu'il n'appartient pas à un chef d'État de s'abaisser à une besogne aussi triste et avilissante. De ce fait, les deux Présidents qui ont accepté de s'impliquer dans cette triste affaire ont sali leurs mains, mais aussi leur conscience et l'honorabilité des Comores.
En réalité, la «citoyenneté économique» n'a pas lieu, car c'est une grave affaire, qui salit l'image des Comores. Mais, alors que le mal est fait, puisque le commerce mafieux est établi, les Comores subissent une double peine car l'argent de la honte fait l'objet d'un détournement massif systématique. Et, 100 milliards de francs comoriens liés à la «citoyenneté économique» ont disparu du circuit économique et financier du pays. Cette somme représente 3 ans et demi de budget de l'État comorien. Sa disparition dans les sables mouvants de la corruption officielle et de la prévarication laisse de marbre les autorités supérieures car elles tètent comme des forcenés sur les deux mamelles de la République. Aujourd'hui, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed, dans un geste républicain, exige la publication de la liste des personnalités comoriennes qui sont impliquées dans le détournement de l'argent sale de l'État. Mission impossible…
Aujourd'hui, le commerce de la honte se présente sous la forme d'une figure géométrique à 5 côtés: un pentagone. Cette figure de la géostratégie du commerce mafieux des passeports part des Comores vers l'Arabie Saoudite, l'Iran, les Émirats Arabes Unis, et aboutit en Belgique, où la SEMLEX déploie des tentacules comme une pieuvre. L'argent généré par ce commerce a enrichi des individus installés au cœur du pouvoir comorien, y compris dans des missions diplomatiques comoriennes installées au Moyen-Orient, chacun se servant dans la gamelle de la République avec une rapacité de vautour. Les personnes impliquées dans le détournement des 100 milliards de francs sont intouchables, et leurs complices savent qu'ils bénéficient d'une protection organisée au sommet de l'État. Omerta, le silence de la mafia.
Dans une lettre en date du 1ernovembre 2013 adressée au chef de la diplomatie comorienne, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed rappelle: «Il y a quelques mois, l'Ambassadeur des Comores en Arabie Saoudite a été limogé pour un comportement indigne lié à des détournements des deniers publics. Les autorités n'ont trouvé mieux que de le limoger sans engager des poursuites pénales contre ce bandit de la République. Depuis le mois de juin dernier [2013], j'ai dénoncé dans une lettre ouverte le comportement mafieux de ZOUBER AHMED SOUFIANE, ambassadeur des Comores à ABU-DHABI dans le dossier des pavillons comoriens. Aujourd'hui, il est établi que c'est lui le cerveau du dispositif de la vente des passeports comoriens à des terroristes, plus de 100 000 passeports comoriens depuis novembre 2008. Limogé de ses fonctions, mais sa capacité de nuisance reste intacte». Or, c'est parce que ce laxisme existe que toute autorité comorienne peut s'arroger le droit de détourner des milliards de francs, même honteusement acquis, appartenant au peuple comorien, en toute impunité. Un chef ne sanctionnera jamais ses complices, et un second couteau qui se sait couvert par ses chefs ne reculera devant rien pour s'enrichir à titre personnel.
Aujourd'hui, alors que le sinistre Abou Achirafi Ali Bacar a été jeté en pâture à l'opinion publique, puisque les maîtres arabes du Président comorien ont commencé à perdre patience, il est nécessaire de rappeler que sa tête a été réclamée à plusieurs reprises. Par deux fois, le chef de l'État a signé le décret de nomination de Haïr El-Karim Hilali à la tête de la Sûreté nationale comorienne, et par deux fois, ce décret a été déchiré par la seule personne entrée dans «l'Histoire» des Comores pour sa propension à déchirer les décrets présidentiels qui ne lui plaisent pas. Bonjour les coups de poings et les tentatives de strangulation à la Présidence de la République comorienne, devant des témoins gênants et gênés. On voit ce que le maintien en place d'Abou Achirafi Ali Bacar – son avocat le dit innocent! – a donné comme résultats. Une catastrophe. Mais, le sinistre individu de Bandrani Mtsangani est un élément dans un vaste réseau, et qui dit réseau dit pluralité des acteurs. Au bas mot, le commerce parallèle des passeports comoriens (on avance le chiffre de 100.000 passeports vendus officiellement et officieusement) concerne 22 personnes.
Dans un document officiel en date du 28 octobre 2013, le Député Abdoulfatah Saïd Mohamed accuse personnellement Zoubert Ahmed Soufiane, quand il était Ambassadeur des Comores aux Émirats Arabes Unis, de s'être offert 12 milliards de francs comoriens sur le dos de l'État, à partir du commerce des passeports. D'où la question: est-ce qu'à ce rythme, il y a encore un État aux Comores?
De toute façon, alors que la «Justice» comorienne rime avec impunité et laxisme, on ne s'attend pas à des miracles sur le traitement «judiciaire» de ce dossier. Il y aura de la poudre aux yeux, sans plus. Aucun chef d'État ne prendra des mesures pour faire diligenter une enquête sur un dossier sale qui risque de l'éclabousser. Dans le régime politique actuel, c'est la seule façon de lutter contre la corruption.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 4 novembre 2013.