INTERVIEW Saïd MZE DAFINE Né à Salimani Hambou le 08 octobre 1965, Saïd MZE DAFINE caractérise un vrai parcours dans la politique et ...
INTERVIEW Saïd MZE DAFINE
Né à Salimani Hambou le 08 octobre 1965, Saïd MZE DAFINE caractérise un vrai parcours dans la politique et dans les milieux associatifs. Ayant milité plusieurs fois dans les milieux sportifs et sociaux, et dans le Front Démocratique, Monsieur DAFINE commence à prendre des responsabilités politiques depuis 2003 en devenant Représentant à l'extérieur, puis Délégué du Gouvernement de Ngazidja sous Elbak dans la Région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA). En 2006 il fut nommé Directeur Général de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS). En 2007, il est nommé Ministre de la Coopération Décentralisée du Plan, des Transports du Tourisme, de la Communication des Postes et Télécommunications, Chargé de la Diaspora (Gouvernement de Ngazidja). En 2008 il devient Secrétaire Général du Gouvernement de l’ile Autonome de Ngazidja. Et enfin en 2010 il a assuré le poste stratégique de Commissaire à la Communication de la Commission Nationale Electorale Indépendante. Comorimpact s’est entretenu avec lui pour qu’il nous éclaircisse certains points dans le déroulement du processus électoral.
Comorimpact : Comment trouvez-vous l'initiative de Comorimpact, d'avoir créé un espace d'échange pour les jeunes comoriens qui sont à l'extérieur?
DAFINE : J’ai déjà eu l’occasion de saluer l’initiative, mais je ne vais pas me priver de renouveler mes encouragements et mon contentement que des jeunes comoriens puissent initier un relais de communication entre eux à travers les continents, autour d’un projet si évolutif comme Comorimpact.
Comorimpact : Vous êtes vous même propriétaire d'un blog (http://dafinemkomori.centerblog); pensez vous qu'il devrait avoir une amélioration pour les lignes d'informations comoriennes sur internet? Et dans quel sens?
DAFINE : Quelqu’un a bien voulu me dédier un blog, je le remercie et respecte aussi sa discrétion. Je ne suis pas moi-même directement gestionnaire, il y a une équipe de rédaction très dynamique que je salue son travail du moment que celui-ci s’attelle au maximum à la réalité. C’est d’ailleurs la ligne que je voudrai encourager les blogs de suivre. C’est une aubaine pour les communautés de pouvoir s’informer de ses mondanités et ses évènements par la toile internet et c’est quand même dommage si on ne l’utilise pas à bon escient. Rien ne sert de donner très rapidement une information incertaine ou incomplète. Cela discrédite tous les autres blogs et dénote toute autre information aussi vraie soit elle. Les Blogs peuvent traiter des sujets aussi divers et variés ou être focalisés sur un domaine précis, l’essentiel serait de donner la vraie information au bon moment. Ils continueraient à rendre un grand service aux lecteurs.
Comorimpact : Le processus électoral vient de finir, quel est le bilan en tant que Commissaire à la Communication de la CENI?
DAFINE : Je me félicite, mais aussi je félicite tous les membres de la CENI et dans une vue globale toute la communauté Comorienne pour avoir pu tenir en 2010, les élections harmonisées qui permettent la Tournante de Tourner sans beaucoup d’heurts.
Certes, cela n’a pas été facile ; plusieurs tensions sociopolitiques, beaucoup de difficultés et de préjugés ; mais l’essentiel est sauvé. Un Président mohélien est élu en 2010.
Il faut être à l’intérieur pour comprendre la complexité de la mission d’organiser des élections mais Dieu merci nous les avons organisées ces premières Elections Harmonisées des Comores avec l'aide de tous les partenaires que nous remercions d'ailleurs.
Comorimpact : Depuis le début du processus électoral l'opposition dénonce toujours des dysfonctionnements, la CENI est elle responsable des manquements constatés?
DAFINE : Etre organisateur d’élections est très laborieux. Tel un arbitre de match ; tu es pris entre les deux équipes et les spectateurs en bonus. Chacun d’eux tire de son côté avec beaucoup de véhémence. La CENI est responsable au premier plan de tout ce qu’on peut comptabiliser comme positif, elle ne peut pas se dérober si quelques aspects sont négatifs. Toutefois, les dysfonctionnements constatés au premier tour sont expliqués par le fait que tout était fait à la hâte. La CENI avait pratiquement un mois (du 8 Oct au 7 Nov) pour organiser la primaire et premier tour des Gouverneurs avec une révision de listes électorales parallèlement pendant cette même période. Au deuxième tour les choses se sont améliorées considérablement. Nous avons réalisé entre temps plusieurs formations voire même de militaires, nous avons mis en place plusieurs procédures et mesures pour sécuriser le scrutin. Je note quand même que les différentes équipes des candidats n'ont pas pu accompagner effectivement le plan de sécurisation établi.
Comorimpact : Vous avez représenté l'opposition au niveau de la CENI, quel a été votre rôle? Et pensez vous avoir bien rempli ce rôle?
DAFINE : En effet je suis issu du mouvement de l’opposition. Pour être nommé à la CENI, j’ai été proposé par le Président de l’Ile Autonome de Ngazidja, donc par une personnalité reconnue de l’opposition. Nous sommes 10 membres à la CENI, dont 3 seulement peuvent être considérés de l’Opposition. L’intérêt d’une telle présence même insignifiante, est à mon sens de veiller à la régularité et à l’équité des décisions et actes à poser. Même si la règle de la majorité ne nous a pas avantagés, Je pense avoir bien joué ce rôle. Il faut relever que l’esprit très partisan au sein de la CENI est néfaste et ne servirait qu’à rapetisser le sujet malgré lui. Nous avons pu pour certains et dans un esprit patriotique, garantir une certaine rigueur dans la préparation et la conduite des scrutins. Sachez par la suite que la CENI n’a pas vocation de juger les résultats électoraux. Nous n’avions qu’à compter avec l’aide d’une équipe de professionnels les plis issus des urnes. C’est à la Cour Constitutionnelle d’en apporter le jugement.
Comorimpact : Vous avez été un grand opposant du régime du président Sambi, allez vous rester dans la logique de l'opposition ou vous allez rejoindre le nouveau président qui d'ailleurs a tendu la main à tout le monde?
DAFINE : J’avais soutenu Sambi avec beaucoup de conviction, d’actions et de moyens, jusqu’à ce que je découvre sa vraie personnalité et sa vraie ligne politique. C’est vrai qu'à partir de ce moment là je m’y oppose frontalement.
Je regrette le fait qu’au pays on ne milite pas toujours autour d’idéaux ou de ligne politique mais plutôt autour de personnes. Cela dit, être opposant n’est pas une position figée ; puisqu’on s’oppose à une gestion de pouvoir malsaine et à des pratiques fallacieuses. Avec Sambi la situation est chaotique.
Si le Président Ikililou montre des signes d’orthodoxie dans la gestion du pouvoir, respecte les valeurs étatiques et les principes de bonne gouvernance, j’apporterai sans autres conditions ma contribution en ceux-là de près ou de loin. C’est du bien être du pays qu’il s’agit et nous sommes tous redevables.
Comorimpact : Quel message voudrez-vous passer à cette jeunesse comorienne éparpillée à l'étranger pour la recherche du savoir?
DAFINE : Le savoir ne finit jamais. La vie est une perpétuelle découverte. Le seul point de gravité que nous avons tous, c’est le pays ; les Comores. Ne restons pas bloqués sur ce que le pays n’a pas fait pour nous. Continuons de nous apprêter à faire bien de choses à notre cher pays. Pour l’instant ça patine mais viendra le temps que ça démarrera vers le développement. Continuer à préparer cette croisière avec, savoir et savoir faire comme armes et bagages. Le moment est presque venu. Relevons le défi. Il n'y a que les combats non livrés qui sont perdus d'avance!
Entretiens réalisé par ABDEREMANE Mohamed