Un troisième homme a été lynché à mort par une foule jeudi sur l'île malgache de Nosy Be (nord), à la suite du meurtre d'un enfant...
Un troisième homme a été lynché à mort par une foule jeudi sur l'île
malgache de Nosy Be (nord), à la suite du meurtre d'un enfant, a
constaté une journaliste de l'AFP qui a vu la foule jeter le corps dans
un brasier. Il n'était pas possible de savoir si l'homme était encore
vivant lorsqu'il a été jeté au feu, à quelques kilomètres de la plage où
ont été également lynchés deux Européens - dont au moins un Français -
soupçonnés du meurtre de l'enfant dans la matinée. Par Europe1.fr
Un Suisse a assisté au lynchage de deux Européens, jeudi, sur une plage touristique. Ils étaient désignés comme les meurtriers d'un enfant. Un troisième homme a également été tué.
«Ce qui se passe ici est de la pure folie.» Sous le choc, Jean-Daniel Berney a du mal à trouver ses mots. Ce Lausannois est en vacances à Madagascar, à l'endroit précis où trois personnes, dont un Français, ont été lynchées. Deux Européens ont péri, après avoir été accusés par leurs assaillants d'avoir enlevé et tué un enfant de 8 ans, afin de lui voler ses organes.
Dans la soirée, et dans une atmosphère d'émeute, quelques hommes ont amené un Malgache dans une Renault 4, l'en ont sorti et ont jeté son corps dans un brasier devant quelque 300 personnes en délire, a constaté une journaliste. Il n'était pas possible de savoir si l'homme était encore vivant ou déjà mort lorsqu'il a été jeté au feu, dans un quartier périphérique de Hell-Ville. Selon le site de RFI, il s'agirait d'un ressortissant malgache.
«Une foule enragée s'est acharnée contre les deux hommes», explique Berney. Ils ont traîné les meurtriers présumés sur la plage de l'île de Nosy Be, sous les fenêtres de l'hôtel. C'est là qu'ils ont été brutalement mis à mort et leurs corps brûlés.«Dans l'hôtel, tout le monde criait», se rappelle le quinquagénaire, qui ne pourra jamais oublier ce qu'il a vu. Sous quelques planches, il y avait les cadavres carbonisés. Seules des jambes et une partie de bras étaient encore reconnaissable.
Vengeance
Presque tous les habitants du village s'étaient rassemblés sur la plage pour assister à la scène, ajoute Jean-Daniel Berney. La plupart étaient choqués. D'autres se montraient soulagés que le crime ait été «vengé». Le Lausannois avoue qu'il peut comprendre, jusqu'à un certain point, la rage qui s'est emparée de la foule. «Le gamin que les hommes auraient tué était si petit. S'ils ont vraiment fait cela, c'est incroyable.» Entre-temps, la police est arrivée sur la plage et a bouclé le périmètre. «Le directeur de l'hôtel nous a dit que nous ne devions plus aller sur la terrasse, parce qu'elle était considérée comme lieu du crime.»
Aveux sous la torture
Les deux Français ont avoué sous la torture s'être livrés au trafic d'organes, a indiqué la gendarmerie nationale.
«Les émeutiers ont procédé à une chasse à l'homme contre des 'vazahas' (les étrangers européens en langue malgache), ce qui a abouti à la mort de deux vazahas», a déclaré l'adjoint du commandant de la gendarmerie nationale, le général Guy Bobin Randriamaro. Selon une autre source, le commissaire de police Honoya Tilahizandry, «les deux Européens ont été tués et brûlés sur la plage d'Ambatolaoka».
Corps retrouvé «sans sexe ni langue»
Les émeutes ont commencé mercredi à la suite de la disparition d'un garçon de huit ans. Jeudi matin, «le corps sans vie du garçon a été retrouvé sans sexe ni langue», a affirmé l'adjoint du commandant de la gendarmerie. «Les émeutiers ont alors soupçonné deux vazahas d'être les auteurs de ce meurtre et de se livrer au trafic d'organes à Hell-Ville.»
Le consulat de France à Madagascar a fortement déconseillé à ses ressortissants tout déplacement à Nosy Be «jusqu'à nouvel ordre, tout particulièrement sur les plages». (hal/arg/ats)