Les larmes des Mohéliens pour leur «port» et leur «aéroport» de fortune. La régression de l'île de Mohéli à travers un «port» et un ...
Les larmes des Mohéliens pour leur «port» et leur «aéroport» de fortune.
La régression de l'île de Mohéli à travers un «port» et un «aéroport» de malheur.
Dans les années 1970, Hamadi Mlatamou, au volant d'une Jeep tout droit sortie de la Seconde Guerre mondiale faisait un tour de piste à l'«aéroport» de Mohéli pour chasser les animaux en divagation sur les lieux afin de permettre l'atterrissage de l'avion d'Air Comores. Par la suite, quelques mois avant la fin de la colonisation, les autorités avaient construit une clôture autour de l'«aéroport», et celui-ci en finissait avec les animaux accueillant l'avion à son atterrissage. Mais, comme on est à Mohéli, rapidement, la population a découpé tout le grillage de la clôture, et, comme Halima, Mohéli a retrouvé ses vieilles habitudes. C'est ainsi que mercredi 9 octobre 2013, un avion de la compagnie Inter-Îles a évité de justesse une bagarre avec les animaux sur la piste, et donc un accident qui aurait pu être mortel. On est d'ailleurs effaré d'apprendre que même le petit véhicule qui faisait la chasse aux cabris, chèvres, moutons, ânes, mules et serpents avant l'atterrissage de l'avion a été vendu à titre strictement symbolique à l'insu des responsables de l'«aéroport». Ils sont comme ça, les Mohéliens: ils sont les auteurs de leurs propres malheurs, qu'ils mettent toujours sur le compte des Grands-Comoriens et des Anjouanais. Il faut que cela cesse un jour. Ça doit cesser.
Toutes les tentatives destinées à construire un mur autour de l'aéroport sont vouées à un échec certain car les Anjouanais à qui Soilihi Mohamed, très influent Conseiller officieux d'Ikililou Dhoinine, a remis sans titre de propriété des terres autour de l'«aéroport» détruisent le mur chaque nuit, pour pouvoir continuer à construire leurs paillottes jusqu'au milieu de la piste. Un jour, ils fermeront l'«aéroport». Ils agissent ainsi parce qu'ils savent que Soilihi Mohamed fera tout pour les protéger pour des raisons électoralistes, au détriment des intérêts légitimes de toute une île. Naturellement, il ne trouve personne à Mohéli pour crier au scandale. Mohéli se complaît dans la médiocrité et freine son propre développement.
Les balises? Une vieille histoire. En 1976, sous Ali Soilihi, un membre du Commando Moissi avait tiré une balle par mégarde sur la cheville d'une femme de Fomboni. Il avait fallu évacuer la victime à Moroni en pleine nuit, à partir d'un «aéroport» sans balises, donc sans lumière nocturne. Comme l'événement se déroulait à Mohéli, on a eu recours aux moyens de bord: des lampes-tempêtes. On a éclairé la piste à la lampe-tempête, et Lebret avait évacué la blessée vers Moroni en pleine nuit, lui évitant une amputation qui se profilait à l'horizon. Et, la piste de l'«aéroport» avait été balisée par la suite, jusqu'au jour où une femme de Djoiezi a provoqué un incendie dans son jardin, incendie qui se propagea rapidement et brutalement sur les herbes de l'«aéroport», bousillant pour de bon les balises et d'autres installations. Aucune sanction ne fut envisagée. Les Mohéliens se jetèrent sur ce qui restait des balises avec un vandalisme à donner froid au dos, sur une île où personne ne veut comprendre l'utilité du civisme. Une fois de plus, on accusera les Grands-Comoriens et les Anjouanais, et on se figera sur la certitude selon laquelle un Mohélien n'est jamais fautif. Si, au moins, on pouvait expliquer aux gens l'usage domestique qu'on fait des balises
Et s'il n'y avait que cet «aéroport»! Car, il y a aussi le «port», que tout le monde appelle «la virgule de Nike». C'est une espèce de chose innommable. À la marée haute, le prétendu port disparaît sous les eaux. Complètement. On ne voit pas la fameuse «virgule» portuaire. Elle cesse toute existence. Et quand on a le cur fragile, il vaut mieux éviter de s'y rendre quand on a une voiture en transbordement. Il faut laisser faire le transbordement avant de s'y rendre car on a l'impression que le véhicule tombe à l'eau. C'est d'un ridicule Mais, ce n'est pas fini. En effet, quand un Mohélien arrive de France, on lui dit à Hahaya qu'il n'a pas le droit de transporter vers Mohéli les 35 ou 40 kilos qu'il a ramenés de France, mais 15 kilos. Les 20 ou 25 kilos restants doivent emprunter la voie maritime. Or, après une fouille de bagages à Hahaya, les vautours qui sévissent au «port» de Mohéli vandalisent les bagages en l'absence du propriétaire, y prennent ce qu'ils veulent, et exigent le paiement de «droits» pour eux-mêmes, pour le Gouvernorat de Mohéli, pour la Mairie de Fomboni et pour la SOCOPOTRAM. Dès qu'on paie, on voit les bandits en train de se partager le magot, sans même attendre que le payeur soit parti. Des bandits Des bandits qui se savent couverts d'une immunité de droit de cuissage sur les usagers.
Les autorités portuaires de Mohéli sont des pionniers. Voilà des gens tellement créatifs qu'ils ont inventé le principe du droit des douanes à l'intérieur des frontières nationales! Une première mondiale! Attoumane a acheté deux fenêtres à Anjouan, et on lui demande de payer des droits de douane au port de Mohéli. Comme c'est un Mohélien vivant en France, il ne comprenait rien à l'étrange demande de paiement qui lui était faite. Il est sorti de cette affaire douloureuse complètement ébranlé et mortifié.
Le racket organisé par les autorités de Mohéli est néfaste à toute l'activité commerciale et donc économique de l'île. En effet, les paysans mohéliens produisent un surplus agricole qui peut être revendu à Moroni, notamment. Dès lors, le souhait de tout paysan mohélien est de vendre ce surplus à Volo-Volo et ailleurs et avoir un petit «cash flow». Mais, le Gouvernorat de Mohéli rackette ces gens de telle sorte que personne n'a plus envie d'aller vendre son surplus agricole à Moroni. Pour fuir le vol organisé par les autorités mohéliennes, les paysans ont recours à des filières «clandestines» pour aller vers la Grande-Comore. D'où la question de savoir dans quel pays et dans quel univers vivent les Mohéliens? Les autorités sont tellement habituées à vivre du pillage de l'État qu'elles n'admettent pas le fait de voir les gens vivre honnêtement.
Cela fait des décennies que les Mohéliens réclament juste un port et un aéroport dignes de ce nom, sans prétentions excessives. Mais, toutes ces réclamations sont restées sans suite. Au moment où, enfin, le Président de la République décide de doter Mohéli d'un aéroport, Assane Bacar dit «Dany», Directeur national des Infrastructures, sabote le projet. Or, nous apprend un collaborateur très fiable ce dernier, «Dany» ne fait rien sans consulter le Président de la République. On nage donc dans la confusion. En attendant, les Mohéliens souffrent et ont honte car les premiers endroits que voit l'étranger arrivant sur leur île sont repoussants. Cet «aéroport» et cette «virgule» portuaire sont indignes de l'hospitalité mohélienne.
Par ARM
© www.lemohelien.com Vendredi 18 octobre 2013.