Les éléphants blancs du Président à Djoiezi deviennent de la viande du cou. « Le Président Ikililou Dhoinine nous mène dans une voie telle...
Les éléphants blancs du Président à Djoiezi deviennent de la viande du cou.
«Le Président Ikililou Dhoinine nous mène dans une voie tellement incertaine que je vais devenir pirate en Somalie, où je pourrais gagner beaucoup d'argent ou être traduit devant un Tribunal pour piraterie maritime. Regardez tous ces projets dans lesquels il a investi des millions et qui n'ont rien apporté à Djoiezi, àMohéli, aux Comores.
C'est de la viande du cou, qu'on ne peut pas manger car elle est faite d'os, et qu'on ne peut pas jeter car ces os ont un peu de viande», soupire ce Djoiezien qui avait cru aux beaux discours d'Ikililou Dhoinineavant d'être gagné par le scepticisme. Comme tout chef d'État africain qui «se respecte», Ikililou Dhoinine a vu sa ville natale avant sa patrie, et les projets qu'il lance tournent en eau de boudin, se transformant en éléphants blancs, ces projets qui coûtent très cher, mais qui ne rapportent rien en termes de rentabilité économique et sociale.
C'est de la viande du cou, qu'on ne peut pas manger car elle est faite d'os, et qu'on ne peut pas jeter car ces os ont un peu de viande», soupire ce Djoiezien qui avait cru aux beaux discours d'Ikililou Dhoinineavant d'être gagné par le scepticisme. Comme tout chef d'État africain qui «se respecte», Ikililou Dhoinine a vu sa ville natale avant sa patrie, et les projets qu'il lance tournent en eau de boudin, se transformant en éléphants blancs, ces projets qui coûtent très cher, mais qui ne rapportent rien en termes de rentabilité économique et sociale.
Quels que soient le village, ville et île où le chef de l'État réalisera un projet économique et social, ce projet constitue un plus pour l'ensemble du pays, pour la collectivité nationale. Mais, à quoi serviraient aujourd'hui une centrale nucléaire à Jimlimé, une raffinerie de pétrole à Bandakou, dans la banlieue de Djoiezi, et une ligne de métro entre la campagne de Chiwé et celle de Massoungui? Donc, avant de réaliser un projet, il est nécessaire de s'interroger, d'une part, sur sa faisabilité, d'autre part, sur son utilité et sa rentabilité. Or, quand on pose sur la balance les projets djoieziens de notre Président bien-aimé, on n'en voit ni la faisabilité, ni la rentabilité. Pour s'en convaincre, il suffirait de raconter la triste histoire du Dispensaire de Djoiezi, fermé le jour même de son inauguration, faute de personnel et de matériel! Des déboires de ce type, il y en a par milliers dans les pays du Tiers-Monde, qui gaspillent un argent fou dans des projets sans finalité, ni objet.
On ne peut pas être de Djoiezi et ne pas applaudir un projet économique et social réalisé à Djoiezi. En même temps, le Djoiezien doit penser à l'habitant de Hagnamoida et Itsamia, qui ne peut accéder à un centre de santé qu'au prix d'un déplacement sur une route introuvable et impossible, avant d'arriver à Fomboni, au bout de trois heures, sur une distance de moins de 20 kilomètres. Or, le Djoiezien est à 5 minutes de Fomboni, où se trouve l'Hôpital de Mohéli. Pourquoi construire donc un dispensaire à 5 minutes d'un hôpital, alors qu'à deux heures de ce même hôpital, il n'y a rien qui ressemble à du sparadrap, du Doliprane, de la Nivaquine, de la Chloroquine ou du mercurochrome? En tout projet économique et social, un raisonnement par priorisation s'impose. En plus, il ne sert à strictement rien de construire un hôpital sans matériel. Pour le personnel, le problème peut se régler car les Comores en forment. Mais, pour le matériel, le problème se pose. La fermeture du dispensaire de Djoiezi le jour même de son inauguration est là pour nous le rappeler tristement.
Et puis, il y a l'affaire de la fameuse digue de Djoiezi. Celle-ci constitue un sujet d'une immense plaisanterie à Mohéli. Tout le monde en parle, mais uniquement pour dauber, comme on sait très bien le faire sur l'Île de la Reine Djoumbé Fatima. Replaçons l'affaire dans son contexte. Djoiezi est une petite ville côtière, qui grignote de plus en plus sur la campagne environnante. Et, comme aucune règle d'urbanisme n'existe à Mohéli, où on construit des huttes et des cases même à l'intérieur de l'«aéroport», à un centimètre de la route, dans les vérandas des mosquées et des écoles, certains édifient leurs maisons dans les eaux de l'océan Indien, dont le niveau monte de plus en plus sous l'effet du réchauffement climatique. Les langues de vipère, nombreuses à Djoiezi, se tordent de rire quand, prenant visiblement un plaisir sadique, elles racontent les mésaventures de ce proche du Président dont la maison a été emportée en partie par les eaux de l'océan Indien, et qui a eu pour maigre consolation de la part du chef de l'État un taureau pour son mariage, à un moment où il se demande douloureusement comment il va célébrer son mariage dans une maison à moitié enfouie dans les eaux de l'océan.
D'accord, cela est anecdotique. En même temps, il faut s'interroger et faire quelque chose. Or, quand finalement, le Président décida de construire une digue afin de protéger Djoiezi de l'océan, il refusa systématiquement que «son» projet soit précédé d'une étude de faisabilité.
En d'autres termes, l'État va dépenser des millions de francs comoriens appartenant au contribuable comorien pour une digue qui va être emportée par les eaux au bout d'un mois et 12 jours. Ne perdons pas de vue un fait très parlant, qui va dans le même sens: la France avait construit un «pont» sur la rivière Gnombéni, au Sud Djoiezi, rivière qui, en cas de crue, coupait Mohéli en deux. Le fameux «pont» n'était pas construit au-dessus des eaux, mais sous les eaux, et ne servait donc à strictement rien du tout. Rien du tout. Imaginez un pont sous les eaux. Imaginez la mousse glissante qu'il avait et qui a provoqué des accidents en série, se soldant par moult jambes brisées, des bras plâtrés. Voilà le sort qui attend la digue de Djoiezi, le sort d'un éléphant blanc. Attention! La construction d'une digue est un travail technique qui exige beaucoup de maîtrise et de savoir-faire. Jeter des pavés devant Djoiezi ne protégera pas la ville des débordements des eaux de l'océan. Qu'on se le dise. Qu'on se le dise aujourd'hui.
Et puis, il y a le Foyer des Jeunes de Djoiezi. Un immense gâchis! Certes, à Djoiezi, on pourra organiser les cérémonies de mariage sans craindre les pluies et les cyclones. Mais, ce projet a supposément coûté la modique somme de 200 millions de francs comoriens, de quoi pouvoir équiper l'Hôpital de Fomboni d'une échographie, qui lui manque cruellement. Tous ceux qui voient le Foyer des Jeunes en question et qui entendent parler de la bagatelle de 200 millions de francs font un sourire qui ressemble à un hennissement d'hyène. Forcément, il y a eu surfacturation. Forcément. Ce n'est pas un projet ayant coûté 200 millions de francs comoriens. Impossible. Si cet argent avait servi à la construction d'un ensemble scolaire à Djoiezi, personne ne piperait mot; mais, 200 millions de francs pour ce projet, dans une ville qui manque de tout, sur une île qui manque de tout, dans un pays qui manque de tout, ça fait désordre. Un vrai désordre.
Les Mohéliens se souviennent avec tristesse de la route qui relie Fomboni à Miringoni, une route qui n'a toujours pas été inaugurée, 32 ans après son ouverture à la circulation, tout cela parce que sa construction n'a pas été faite selon les modalités définies dans les cahiers de charges. Cette route n'avait pas tenu longtemps car elle avait été construite au petit bonheur la chance… Un vrai éléphant blanc, qui n'a rien appris aux autorités mohéliennes.
Notre bon Djoiezien qui envisage une brillante carrière de pirate en Somalie en a toujours gros sur le cœur, estimant que, face au chômage qui affecte de nombreux jeunes de Djoiezi, le Président aurait été mieux inspiré de penser à la vie quotidienne de ces jeunes qu'à des amusements des mois de juillet et août. On ne peut pas faire du développement économique et social sans procéder par priorisation. On définit les priorités et on priorise les priorités, et n'importe quoi ne peut pas être prioritaire.
En attendant, de nombreux Mohéliens fulminent, estimant qu'après avoir nommé les siens à certains postes, parfois pour ne rien faire, le Président ne voit pas plus loin que Djoiezi, dès qu'il s'agit de réaliser même de mauvais projets. Mohéliens, si vous saviez… En réalité, les Mohéliens ne s'intéressent pas à la viabilité des projets, mais à leur existence. Ceux-ci, bien que mauvais, existent et cela suffit à faire dire aux Mohéliens: «Tout pour Djoiezi, rien pour les autres villages et villes de Mohéli».
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 25 octobre 2013