Frères ennemis devenus ennemis intimes. Escalade du ridicule, misère de la réflexion à la CRC et plainte chez le juge. Convention pou...
Frères ennemis devenus ennemis intimes.
Escalade du ridicule, misère de la réflexion à la CRC et plainte chez le juge.
Convention pour le Renouveau des Comores, ou Clan des Récidivistes en Crimes.
Comoriens, Comoriennes, à l'heure qu'il est, nous devons tous emprunter le chemin des mosquées, nous enfermer dans lesdites mosquées, et prier de la nuit jusqu'à l'aube pour que Dieu, dans Son immense sagesse et magnanimité, ramène la paix dans les esprits de ces gens de la CRC qui, chaque fois que le soleil se lève, s'enfoncent dans le ridicule et dans la misère de la réflexion. Cette escalade du ridicule et cette misère de réflexion sont d'autant plus réelles que depuis mercredi 18 septembre 2013, l'aile légitimiste et la fraction putschiste du parti ont saisi le juge des référés pour laver leur linge très sale dans les prétoires. Ce n'est même pas un triste spectacle que ces gens-là obligent les Comoriens à regarder, mais de la honte à l'état pur. C'est de la honte dans la mesure où un parti politique est régi par des Statuts et un Règlement intérieur, qui définissent toutes les conditions d'accès aux fonctions partisanes. Il y a donc des procédures et des délais à respecter, et si ceux-ci avaient fait l'objet d'un tel respect, nous n'en serions pas là. On ne change pas la direction d'un parti chaque fois que des excités le souhaitent
Le clan des guérilleros est conduit en sous-main par le Colonel Azali Assoumani, qui joue aux sous-marins, laissant le vaisseau amiral Hamidou Karihila conduire les petits navires. Le clan des guérilleros, rompu aux méthodes des putschistes les plus aguerris il a été à bonne école, n'est-ce pas Colonel? , demande la restitution par Houmed Msaïdié de tous les biens du parti encore en sa possession. Cela inclut des documents, le cachet, les finances, les locaux et tout ce qui relève de la propriété de ce mouvement politique en perdition. La junte demande également à ce qu'il soit interdit à Houmed Msaïdié de faire usage du nom de la CRC et de s'exprimer en tant que secrétaire général de ce parti, sous peine de s'exposer à une «astreinte comminatoire de 500.000 francs, chaque jour de retard». Si au moins on pouvait savoir pourquoi, certains dans les carcans qui tiennent lieu de partis politiques aux Comores aiment se lancer dans des divagations juridiques sans queue, ni tête, ni corps. Où vont-ils chercher tout ce charabia?
Même si on n'a pas envie de rire, compte tenu du caractère dramatique de la situation, on est quand même ému de savoir que les putschistes ont établi un procès-verbal mentionnant le vote de la destitution de Houmed Msaïdié, dont le mandat n'était pas encore arrivé à terme, et que, toujours selon les putschistes, «suite à ce vote, les secrétaires fédéraux et les doyens des conseillers nationaux ont été désignés par les participants pour désigner un secrétaire national par intérim jusqu'au prochain congrès. Après cette concertation, les secrétaires fédéraux et les doyens des conseillers nationaux ont proposé Docteur Hamidou Karihila, qui a été accepté à l'unanimité comme secrétaire national». Là, on se moque des Comoriens, et Houmed Msaïdié l'a bien compris, quand il déclare que la décision visant à le destituer est «nulle et non avenue car notre parti n'a pas de doyens des conseillers». Cela veut dire que la tentative de destitution de Houmed Msaïdié a été avalisée par un organe qui n'existe pas et qui fut créée en quelque minutes pour avaliser un coup d'État. En matière de putschisme, le brave et poétique Azali Assoumani vient d'innover, et sa découverte «politico-scientifique» devra être brevetée par la communauté scientifique et politique mondiale. Comment peut-on être nul à ce point? En tout état de cause, c'est ce qu'il en coûte quand on veut jouer avec le Droit sans recourir à l'expertise d'un bon juriste.
Foutaise pour foutaise, et comme réponse du berger à la bergère, ou plutôt comme réponse du boucher à la bouchère, Houmed Msaïdié demande au juge d'interdire à Hamidou Karihila l'usage du titre de secrétaire général de la CRC sous peine d'«astreinte comminatoire de 500.000 francs, chaque jour de retard». Dieu seul sait comment tout ceci va finir, mais on sait déjà que ça finira mal. Très mal. En même temps, dans sa démarche légitimiste, Houmed Msaïdié demande à Hamidou Karihila de se conformer aux articles 20 et 22 des statuts de la CRC, puisque ce sont ces derniers qui régissent les conditions de nomination du secrétaire général du parti, et non des manuvres souterraines.
Un fait majeur démontre que la stratégie putschiste d'Azali Assoumani est très mal conçue et très mal exécutée: la junte a commis la grande erreur consistant à ne pas inviter le secrétaire général et le Président du Conseil national de la CRC à la nuit des longs couteaux organisée contre Houmed Msaïdié. Du coup, les exécuteurs des basses uvres du putschiste de 1999 et de 2013 se sont placés dans un vice de procédure et de fond que même un lardon de 4 ans verrait grand comme l'Empire State Building. Dès lors, la question qui se pose est celle de savoir pourquoi Azali Assoumani (Hamidou Karihila n'intéresse personne, puisqu'il n'est qu'un simple prête-nom qu'on jettera aux orties, quand la besogne sera achevée) n'a pas essayé de donner à son crime politique un semblant de respect des formes exigées par le Droit et donc, par les statuts du parti. Est-ce qu'Azali Assoumani croit que la force qu'on emploie pour chasser du pouvoir un chef d'État par intérim en 1999 peut servir en 2013 à chasser de la direction d'un parti un secrétaire général élu pour une période donnée?
La manuvre d'Azali Assoumani pue d'autant plus la foutaise qu'il a commis une erreur juridique doublée d'une erreur politique d'envergure: il pouvait destituer Houmed Msaïdié pour faute grave, liée à ses obligations partisanes. Mais, dans un cas pareil, la présence de Houmed Msaïdié était requise car, il existe en Droit un principe général, celui du droit à la défense, qui veut qu'on ne peut jamais juger et condamner quelqu'un avant de l'avoir entendu exposer son argumentation. Or, même si Houmed Msaïdié était coupable de la plus grave des forfaitures, à partir du moment où il n'a pas été entendu par les instances du parti, toute la procédure de destitution engagée contre lui tombe à l'eau. En d'autres termes, la voie suivie par Azali Assoumani relève de la confiance excessive qu'il a l'habitude de faire à la force. Or, le Maréchal Louis Hubert Lyautey (1854-1934) nous apprend que «rien de durable ne se fonde sur la force».
Ce que dira le juge des référés va intéresser toute la communauté nationale comorienne. Mais, tout bon juriste sait que s'il donne raison à Azali Assoumani et à Hamidou Karihila, en disant se fonder sur le Droit, il devra changer de métier car ces gens-là ont un dossier vide et des arguments infantiles, uniquement fondés sur la force. S'il veut privilégier la force, libre à lui de le faire, mais dans un cas pareil, il doit bien préciser que toute sa stratégie est fondée sur la force et non sur le Droit. Sans même lire les Statuts de la CRC, on sait qu'Azali Assoumani et Hamidou Karihila n'avaient qu'une voie à suivre: attendre la fin du mandat de Houmed Msaïdié et empêcher sa réélection par le lobbying interne, en demandant à une majorité de militants encartés de ne pas voter pour lui. C'est tout. Point final.
Par ARM © lemohelien - Vendredi 20 septembre 2013.