Lors d'un entretien d'embauche, même si cela peut paraître iconoclaste, le candidat a tout intérêt à prendre la main lors de l...
Lors d'un entretien d'embauche, même si cela peut paraître iconoclaste, le candidat a tout intérêt à prendre la main lors de l'échange, plutôt que de strictement répondre aux questions du recruteur. Les conseils et la méthode de Frédéric Fougerat, enseignant à l'ISCPA (Institut supérieur des médias Paris) et directeur de la communication du groupe Altran. Entretien.
Vous assurez que le candidat peut prendre le pouvoir face à un recruteur. Cela ne va-t-il à l'encontre des conseils habituels ?
Si sans doute, mais les postulants sont trop sages. Ils ont la plupart du temps une position de soumission en pensant : 'J'accepte l'orientation que prend la conversation, ce que dit mon interlocuteur, ses questions, sa démonstration et je réponds bien à tout, point par point, avec des illustrations reprises dans mon passé, parce qu'ainsi il pensera que je suis bon et je serai embauché'. Or c'est la pire façon de se faire recruter. Et si ça fonctionne, cela risque d'être un recrutement par défaut, non basé sur des qualités, une prestation, une personnalité, une impression positive. De surcroît, il n'est pas sûr que cela dure. Dès lors il s'agit de changer d'état d'esprit, de prendre l'initiative dans l'échange. Sinon l'autre se jouera de vous, vous laissera sans voix et vous fera paniquer. Si vous êtes là, c'est que vous répondez aux critères. Il faut aller au-delà, devenir un candidat fort.
Est-ce à dire que le candidat doit engager un combat ?
Loin de là ! L'entretien doit se dérouler à égalité. Il faut avoir en tête que pour le recruteur, choisir la bonne personne est tout aussi compliqué que de décrocher un job pour le candidat. Toutefois au fil du dialogue, il y en a toujours un qui prend le dessus sur l'autre. Autant que ce soit vous. L'idée n'est pas d'écraser le recruteur, ni de le provoquer, mais de l'épater. J'ai reçu une fois un jeune cadre à qui j'ai demandé classiquement de se présenter. Plutôt que de résumer son parcours, comme le fait la majorité des gens, il a répondu : 'Je ne vais pas relire mon CV, vous l'avez devant vous. Je vais vous dire pourquoi le poste m'intéresse, ce qui m'a plu et déplu dans mes expériences, ce que j'aimerais faire avec vous.' Il a déclenché chez moi et mon adjointe un effet 'Waouh !'. C'est lui qui a dirigé l'entretien. Il a pris le pouvoir en nous faisant découvrir des choses. Nous l'avons suivi… et embauché.
Comment parvient-on à un tel retournement ? Il faut être sûr de soi.
Il faut travailler, se préparer. Ces conseils sont archi-connus ! Pourtant maints candidats arrivent en touristes, sans même avoir regardé le site internet de l'entreprise. Ils doivent auparavant se renseigner et prévoir des questions pertinentes sur le job, le contexte : pourquoi le poste est-il ouvert ? Qu'est devenu son titulaire ? Dans quel type d'équipe va-t-on évoluer ? etc. À mon sens, le plus fort des deux protagonistes est celui qui a le plus d'informations. Et l'idée, c'est d'en récolter beaucoup en se mettant déjà en situation de travail au cours de l'entretien, en étant curieux, réactif, collaboratif. Quitte à poser des questions dont vous connaissez déjà les réponses. Vous animerez le débat, donnerez le tempo. En outre, vous permettrez au recruteur de s'exprimer. Il aura le sentiment de passer un bon moment. Faites des propositions, indiquez de quelle façon vous comptez habiter le poste, le construire, le faire évoluer. Mieux vous serez préparé, mieux vous pourrez vous abstraire de la pression du résultat et mieux vous serez engagé ici et maintenant dans l'entreprise qui vous reçoit.
Et au point de vue de la gestuelle, quelle est la bonne posture ?
Il faut agir comme si on était déjà dans la place, avec naturel. Installez-vous confortablement sur le siège. Si vous avez écrit vos questions à l'avance, posez le bloc-notes sur le bureau du recruteur ainsi que vos documents. Dites-vous que vous participez à une réunion de travail ordinaire. Il sentira des ondes positives, repérera un comportement professionnel, coopératif. Prenez des notes. Soyez détendu, à l'aise. Il le sera en retour.
Peut-on garder l'ascendant une fois l'entretien terminé ?
Oui, et c'est capital. Une fois rentré chez soi, il faut effectuer un bilan 'à chaud' de l'entretien et rédiger un projet de mail – à relire le lendemain – à destination du recruteur afin de faire une relance intelligente. Prétextez que vous souhaitez apporter des éléments nouveaux et utiles, omis lors du rendez-vous. Construisez votre message en quatre étapes : 1. Rappelez l'offre d'emploi ; 2. Dites ce que vous avez appris durant l'échange ; 3. Ajoutez ce que vous avez oublié de communiquer, une compétence, une expérience… ; 4. Rappelez votre motivation. Vous montrez, là encore, que vous n'êtes pas passif et que vous restez dans le mouvement du recrutement.
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