Après la lune de miel, la lune de fiel: la détestation s'installe. Être de tout cœur avec Ahmed Sambi sans vocation à devenir sam...
Après la lune de miel, la lune de fiel: la détestation s'installe.
Être de tout cœur avec Ahmed Sambi sans vocation à devenir sambiste!
Sans être sambiste, je désapprouve totalement les injustices faites à Ahmed Sambi.
Sur ce site, j'ai déjà exprimé mon agacement sur l'occupation, somme toute démocratique et légale, de l'espace médiatique et politique par Ahmed Sambi qui, aujourd'hui, s'est érigé en parangon de la vertu politique, du civisme et donc de l'espoir aux Comores. Mais, depuis dimanche 18 août 2013, cet agacement n'a pas de raison d'être car il y a plus grave.
Comme tout citoyen de ce pays qu'on appelle les Comores, Ahmed Sambi a le droit de se constituer et reconstituer une situation de rente politique, et aucune loi au monde ne saurait lui interdire la confiance que de nombreux Comoriens, par calcul politique, roublardise, sincérité ou hypocrisie placent en lui. Malgré l'agacement déjà exprimé, aujourd'hui est venu le temps d'examiner la décision très grave, très brutale, voire brute, prise par Ikililou Dhoinine et ses hommes pour interdire le grand meeting populaire que l'ancien Président s'apprêtait à organiser à Bambao Mtsanga, sur l'île d'Anjouan.
Dans un article publié récemment, j'avais mis en garde Ikililou Dhoinine contre toute tentative d'interdiction de cette rencontre citoyenne. Aucune des raisons que le régime politique en place évoquera pour tenter de justifier cette mesure inopportune et stupide n'aura grâce aux yeux de nombreux Comoriens qui, face à la crise morale, socioéconomique, politique et de confiance que traverse le pays, disent: «Nous savons ce que valent les promesses d'Ahmed Sambi, mais lui au moins, nous parle, parle à nos curs meurtris, nous fait espérer, nous fait rêver. On le connaît, mais on aime l'écouter». Tous les principes d'intelligence politique, de courtoisie, d'humanité et de reconnaissance devaient obliger Ikililou Dhoinine à ne pas interdire la réunion publique d'Ahmed Sambi. Aujourd'hui, il ne mesure pas la gravité et l'inopportunité de cette mesure d'interdiction, mais demain, il payera très cher cette énormité.
Quand on connaît l'entêtement du chef de l'État, quand on connaît sa structure mentale, on sait que c'est un homme qui n'a besoin de personne dans son mauvais entourage pour le pousser à des extrémités regrettables. Il profite de la réputation déplorable de cet entourage pour agir, mais en réalité, personne ne peut faire admettre à Ikililou Dhoinine une idée qui ne lui convient pas. Il y a en lui du Robert G. Mugabe, du Moussa Dadis Camara et du Jean-Bedel Bokassa, c'est-à-dire une irresponsabilité méprisante fièrement assumée, jusqu'à la catastrophe.
Quand on cherche à comprendre ce qui a conduit à cette extrémité un homme qui a été Vice-président durant 5 ans, qui a fréquenté des hommes d'État pendant 5 ans et qui continue à le faire depuis qu'il est chef d'État, on est sidéré. Ça ne se fait pas de se comporter de la sorte. Or, on m'explique doctement qu'il a appliqué à Ahmed Sambi une loi qui aurait été adoptée sous la présidence de ce dernier et qui interdirait les réunions politiques publiques dans les espaces non couverts en dehors des périodes électorales. Si cette loi existe, elle est frappée d'inconstitutionnalité car la Constitution comorienne, la «Magna Carta» du pays, la norme suprême aux Comores, garantit la liberté de réunion, de pensée et d'expression. De fait, si cette loi est existe, la Cour constitutionnelle a l'obligation morale de la retirer immédiatement de l'ordonnancement juridique du pays. Immédiatement.
En même temps, le plus stupide des Mohéliens que je suis a envie de dire à ces gens qui sont les plus intelligents des Mohéliens que sont le Président et son entourage mohélien qu'il est temps pour eux de s'inspirer et de se réclamer d'exemples et antécédents positifs et heureux, de ne pas faire de la haine leur source d'inspiration, de retirer du mépris toute la confiance qu'ils ont placée en lui. Ces gens ont déjà prouvé leur manque total de tolérance et de sens d'État, préférant se conduire en soudards, en arrivistes et en parvenus.
En voulant humilier Ahmed Sambi, le Président Ikililou Dhoinine humilie l'État et la République. Même au fin fond de la Terre, voire au Pôle Nord et au Pôle Sud, tout Comorien sait que c'est Ahmed Sambi qui a politiquement fabriqué Ikililou Dhoinine. Aucune école de la vie n'encourage un homme à remercier son bienfaiteur de la sorte. Ikililou Dhoinine n'est pas obligé de s'entendre avec Ahmed Sambi sur le plan politique, mais en tant qu'être humain, il n'a pas à multiplier les avanies envers cet homme, qui n'est pas ma référence politique, mais qui a droit au respect. C'est un homme qui avait été élu démocratiquement par les Comoriens, plus démocratiquement que ne l'avait été Ikililou Dhoinine, dont il a lui-même favorisé l'élection, de manière très contestable, du point de vue de l'éthique.
En tant que Comorien, je suis meurtri. En tant que Mohélien, j'ai honte. Si je pouvais réparer cette grave erreur en demandant pardon à la place des gens de Beït-Salam, je l'aurais fait, et je souhaiterais signaler que tous les Mohéliens ne se conduisent pas aussi mal, avec autant de mépris, avec autant d'ingratitude.
Doué d'un talent oratoire que tout le monde connaît, Ahmed Sambi est un metteur en scène et un scénariste hors-pair, un acteur qui sait se mettre en vedette, le champion de la fonction tribunitienne, l'as du micro et de la caméra. Or, lors de la rencontre qu'il a organisée chez lui dimanche 18 août 2013, il y avait dans sa voix, les stigmates d'un homme blessé, trahi, qui voit ses efforts non reconnus.
Vendredi 16 août 2013, un frère de Grande-Comore me demandait si Ahmed Sambi avait toujours droit au titre de «Monsieur le Président». Naturellement, oui. À vie. Ce qui veut dire que les traitements indignes qu'on lui fait subir aux aéroports, la coupe du «roaming» ou «itinérance» de ses téléphones portables quand il est à l'étranger sont des actes inadaptés.
Dans son discours du 18 août 2013, Ahmed Sambi a revêtu sa tenue de combat politique. De quoi celui-ci sera fait? D'engagement politique, de ralliement de nombreux politiciens, dont celui fort stratégique du Gouverneur Anissi Chamsidine d'Anjouan, qui signifie la fin de sa lune de miel avec Ikililou Dhoinine. Est-ce que les Comores ont besoin de ça? Non.
Je ne suis pas sambiste. Je n'ai pas vocation à devenir sambiste. Mais, je suis républicain et démocrate. Aujourd'hui, je partage la douleur, la déception et la colère d'Ahmed Sambi. Je ne comprendrais aucune mesure tendant à empêcher un Comorien à prendre la parole à un endroit donné, parce que non couvert, du territoire de l'Union des Comores. Et si Ahmed Sambi, fort du soutien du Gouverneur Anissi Chamsidine, avait décidé, nolens volens, d'organiser le meeting, les militaires d'Ikililou Dhoinine l'auraient-ils fusillé?
Il va sans dire qu'aujourd'hui, c'est Ikililou Dhoinine, par manque total de stratégie et de tactique, en se laissant aveugler par des sentiments négatifs, est devenu le meilleur agent de la stratégie de communication par laquelle Ahmed Sambi organise sa reprise de la situation politique en main. Ahmed Sambi a des partisans. Les Comoriens aiment l'écouter et ont tendance à boire ses paroles. Demain, il pourrait récolter le pouvoir comme un fruit mûr.
Attention! Ahmed Sambi a le verbe facile. On l'a surnommé «Ayatollah» en référence à l'Iran, où sévissait un certain Rouhollah Khomeiny. Or, justement, le Comte Alexandre de Marenches (1921-1995), ancien patron du Service de Documentation extérieure et de Contre-espionnage (SDECE) de France, a dit de Khomeiny: «Le discours de Khomeiny est porteur. Il est prononcé dans un style et un langage que nous ne connaissons plus: celui des analphabètes. Il parle pour des gens qui ne savent pas lire mais seulement écouter».
Par ARM
© lemohelien Lundi 19 août 2013