Hors-norme. Tel est le qualificatif utilisé par l’Insee pour décrire la situation sociale de La Réunion. En s’appuyant sur une étude comp...
Hors-norme. Tel est le qualificatif utilisé par l’Insee pour décrire la situation sociale de La Réunion. En s’appuyant sur une étude comparative d’indicateurs sociaux, l’institut de la statistique met en lumière la position véritablement critique de notre département : 343 000 personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté, soit 42% de la population. Un niveau comparable à celui des Bouches du Rhône, département pourtant deux fois et demi plus peuplé.
En cause : l’absence d’emploi dans notre région. Seuls 43% des 15-65 ans travaillent. Un taux bien éloigné des 63% atteint par la métropole. À noter que les autres DOM connaissent une situation similaire, bien que La Réunion reste à la première place en terme minimas sociaux, tous département confondus : 150 000 foyers, soit 240 000 personnes, bénéficient de prestations, le RSA restant l’allocation la plus diffusée dans l’île avec 86 300 foyers bénéficiaires (15% des 15-65 ans).
Les personnes âgées plus pauvres et plus dépendantes
Ces minimas sociaux présentent l’avantage de baisser un peu le seuil de pauvreté. Sans eux, l’Insee évalue qu’il augmenterait de 4%. Au lieu de vivre avec moins de 690 euros, la moitié de la population devrait alors survivre avec 550 euros. Au premier rang des populations en détresse, les personnes âgées. Là encore, La Réunion connait une situation alarmante. En effet, quatre fois plus de de seniors d’au moins 65 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté : 42% contre 19% en métropole. Ainsi, 30% des 60 ou plus vivent avec le minimum vieillesse. C’est neuf fois plus que dans l’Hexagone. Cette faiblesse des revenus semble être proportionnelle au taux de dépendance des seniors réunionnais. Le taux d’incapacité des 50-59 ans à La Réunion est comparable à celui des 70-79 ans sur le territoire national.
Trois données positives
Dans cet océan de chiffres catastrophiques sur le contexte social actuel, quelques données positives émergent. Tout d’abord, et malgré la précarité des personnes âgées, il apparaît que ce public vit peu en établissement spécialisé : 4% des plus de 79 ans en 2009 contre 10% en métropole. Un fait que l’Insee explique une "solidarité familiale" encore très importante dans l’île. Chez les jeunes également, une petite pointe d’espoir : bien que 37% des mineurs vivent au sein d’une famille dont aucun des parents n’est en situation d’emploi, seuls 1,7% a été placé en famille d’accueil, un taux similaire à celui de la métropole.
Autre exemple d’équivalence : le nombre de bénéficiaires d’une aide liée au handicap est proche de la moyenne nationale, bien que les situations de handicaps soient plus "fréquentes" à La Réunion. "Malgré cette forte précarité, les problématiques de l’enfance en danger et du handicap se posent dans des termes proches de la situation métropolitaine, confirmant ainsi que la question monétaire n’explique pas tout", conclut le rapport. Reste néanmoins que la paupérisation de la société réunionnaise reste un enjeu majeur pour notre département.
A.M.clicanoo.re