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Manuel Valls s'offre une rentrée tonitruante. Invité, lundi, à livrer sa vision des défis majeurs qui attendent la France d'ici à 2025, le ministre de l'Intérieur a, semble-t-il, choqué certains de ses collègues du gouvernement en abordant la question migratoire. Selon Le Parisien et Libération, Manuel Valls a notamment évoqué une possible remise en cause du système du regroupement familial, qui permet à des étrangers résidant légalement en France d'être rejoints par leur famille proche. Une proposition qui est loin de faire l'unanimité au sein du gouvernement, réuni pour ce séminaire de rentrée. «Il a franchi un cap hallucinant», réagit un ministre sous le couvert de l'anonymat dans les colonnes de Libération.
Interrogé mardi matin sur BFM-TV, Manuel Valls, qui doit présenter un projet de loi sur l'immigration avant la fin de l'année, n'a pas démenti avoir tenu ces propos. Alors que le continent africain devrait compter 2 milliards d'habitants en 2050, le ministre de l'Intérieur a estimé qu'il fallait «rebâtir un partenariat avec l'Afrique sur la question migratoire. (...) L'ensemble de nos politiques migratoires devront être questionnées. Parmi elles, la question du regroupement familial pourra être posée, ça n'est pas nouveau.»
Pas nouveau dans le débat politique, certes. Mais la volonté de durcir les règles du regroupement familial vient traditionnellement de la droite. Nicolas Sarkozy en avait d'ailleurs fait l'un de ses thèmes de campagne lors de la dernière présidentielle, en proposant de réduire à moins de 15.000 le nombre d'étrangers venant en France au titre du regroupement familial. Ce à quoi François Hollande avait répondu, lors d'une émission télévisée: «On va empêcher un Français ou une Française de vivre avec son conjoint? Qui peut le penser?»
Touraine se désolidarise de Valls
Interrogés mardi matin sur la proposition de Manuel Valls, les ministres cachaient mal leur gêne. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a prétendu sur i-Télé ne pas avoir «entendu» Manuel Valls évoquer la question du regroupement familial lors du séminaire. Sur France 2, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a pris toutes les précautions d'usage, précisant que chaque membre du gouvernement avait «présenté des orientations en fonction de son propre champ de compétences». Ce qui ne l'empêche pas de se désolidariser de la position du ministre de l'Intérieur: «Pour ma part, je ne crois pas que la mise en cause du regroupement familial soit une manière de faire vivre notre cadre républicain», assure-t-elle.Le porte-parole du PS, le sénateur David Assouline, a également pris ses distances avec la proposition du ministre de l'Intérieur. «Je ne pense pas qu'il faille poser la question d'une remise en cause du regroupement familial, qui est un acquis», a-t-il assuré sur RMC.
Manuel Valls, lui, est furieux contre ses collègues du gouvernement qui ont fait «fuiter» ses propos à la presse. «Je suis très respectueux du secret des discussions. (…) Ce qui est gênant, ce sont ces propos déformés qui sortent du Conseil des ministres et qui ne cherchent qu'à nuire.» La bonne humeur des retrouvailles gouvernementales n'aura été que de courte durée.
Sur l'islam, Valls déforme les propos de Hollande
Lors du séminaire de rentrée, Manuel Valls a également évoqué la question de l'islam. A Libération, le ministre explique s'être «appuyé» sur les déclarations de François Hollande à Tunis pour affirmer que la France allait, dans les années à venir, «faire la démonstration que l'islam est compatible avec la démocratie». Or dans son fameux discours, le chef de l'État avait été plus catégorique: «La France sait que l'islam et la démocratie sont compatibles.»Jim Jarrassé
Journaliste au Figaro.fr - Politique. Mon compte Twitter : @jimjarrasse